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"Pour l'épauler, elle s'est également entourée au fil du temps de quelques intimes triés sur le volet qui lui ont juré fidélité. Des conseillers pour la plupart inconnus, d'horizons divers, pas tous des proches historiques de son mari, mais en qui elle a confiance. Pour affronter la complexité de l'entreprise, elle veut des gens comme elle : simples, loyaux, fidèles et de bon sens. Pas nécessairement des experts, mais des "amis" comme elle le dit. Une garde rapprochée qui fait sourire dans le microcosme des affaires à Paris où personne ne la prend au sérieux.
Il y a bien sûr Vincent Labrune, sur qui elle se repose pour tout ce qui concerne l'OM. Mais surtout Igor Levin, un petit homme rond et jovial, qu'elle consulte sur à peu près tout. Cet avocat américain d'origine russe a travaillé épisodiquement pour Robert par le passé. Son allure un peu décalée surprend parfois ses interlocuteurs habitués aux très chic avocats d'affaires parisiens. Ceux-là le regardent d'ailleurs de haut, car il travaille en solitaire, même s'il a fait ses classes chez Dewey Ballantine, un très respectable établissement new-yorkais. Surtout, son caractère procédurier et entêté agace prodigieusement ses confrères. "Il est là pour créer des problèmes de non-stop. Il raconte n'importe quoi juridiquement, mais il va toujours dans le sens de Margarita", persifle un de ses concurrents. Et comme toujours, ses origines russes alimentent le fantasme.
La rapidité avec laquelle il est entré dans le premier cercle de ses conseillers reste une énigme. L'avocat venait parfois à Zurich du vivant de Robert, mais Margarita le connaissait à peine, et ne savait même pas qu'il était russe. Pourtant, dès l'été 2009, il est là, avec elle, quel que soit le sujet. Il assiste à toutes les réunions, l'épaule dans l'affaire du fonds UIS, travaille sur les contrats, la fondation, écrit toutes les lettres... "Igor est un type débrouillard capable d'évoluer dans toutes les situations, dit un des conseils de Margarita. Il n'est peut-être pas le juriste le plus pointu de la place, mais elle a confiance en lui, et c'est comme ça qu'elle fonctionne. Quand il faut être technique, il y a d'autres avocats.
Comme tous les avocats, Igor Levin flatte un peu sa paranoïa, en rajoute même, en pointant les dangers qu'elle n'aurait pas identifiés. Surtout, il lui consacre l'essentiel de son temps, au point qu'on ne lui connaît pas d'autre client. Des témoins l'ont même vu sortir son chien en réunion. Il lui voue une admiration sans bornes. Quant à elle, elle apprécie sa fidélité. "Robert m'a toujours dit que la loyauté ne s'achetait pas, dit-elle. Le conseil, par contre, on peut toujours le payer." Margarita est clanique, elle a besoin que son entourage lui montre que c'est elle, la propriétaire, et qu'il lui soit entièrement dévoué. C'est pour elle le signe de l'allégeance. Elle est capable d'envoyer des dizaines de mails ou de sms écrits dans des langues différentes, plusieurs fois dans la journée, parfois même la nuit, et peut appeler cinq fois de suite pour obtenir une réponse immédiate à la question qu'elle se pose. "Elle a le syndrome Louis XIV, il faut tout le temps la rassurer pour avoir la paix", siffle un de ses ennemis.
