Beinsport, le Qatar ivre du ballon rondLancées ce 1er juin, Bein 1 et 2 se veulent plus qu'une chaîne de sport, un symbole de l'offensive menée depuis des années par le Qatar dans le monde du foot. Récit.
« Il est plus important d’être au Comité international olympique qu’à l’Onu » proclame depuis toujours l'émir du Qatar. Le plus grand dôme sportif du monde a été érigé à Doha pour les Jeux asiatiques en 2006. Une gigantesque clinique du sport, où les joueurs du PSG partent se faire soigner, a été construite au Qatar. Les dix déclinaisons sportives Al Jazira, 500 millions de dollars de pertes par an, arrosent déjà une partie de la planète.
Au Qatar où l’Emir est très affaibli, le foot est devenu un formidable enjeu politique. Le prince héritier, Tamin ben Hamad Al Thani, un éclectique apparemment en charge du sport, de la Défense de son pays et de la sécurité alimentaire mondiale, doit trouver, et vite, une légitimité dans la guerre de succession qui s’est engagée face au Premier ministre qatari, Hamad bin Jassim al-Thani, le vrai numéro deux du régime et une puissance financière gigantesque.
Le PSG à prix d'ami
La coupe du monde de foot pour 2022 devrait être le couronnement ultime de dette « diplomatie sportive », pour reprendre l’expression du chercheur Pascal Boniface, défenseur infatigable du Qatar.
Seulement voilà, le petit Emirat ne possède pas d’équipe nationale qui tienne la route. Qu’à cela ne tienne, les dirigeants qataris ont vite compris que, pour exister en 2002, il fallait dix à quinze ans d’entrainement et l’adossement à un club performant. La meilleur équipe est le FC Barcelone? Oui, mais il n’est pas à vendre Qu’importe, le Qatar achète un espace publicitaire sur les maillots du club catalan pour 65 millions d’euros et gagne ainsi un accès illimité aux centres de formation du club.
Deuxième étape, des clubs performants sont nécessaires pour faire vivre les championnats et pour que les téléspectateurs acceptent de s’abonner aux chaines chryptées, qu’il s’agisse de Canal Plus ou de BeinSport. Cette logique économique a poussé le Qatar à se porter acquéreur du PSG.
Encore a-t-il du s’y reprendre à deux fois. En 2006, la tentative de rachat du club avait échoué. C’est l’époque où Bertrand Delanoe avait eu ce mot malheureux : « Je surveillerai la provenance des fonds exotiques ». Cette fois, Canal dut vendre vite. Une belle opportunité pour le fonds d’investissement Capital Colony, qui peut acheter le PSG, en trois temps, à un prix amical de 25 millions d’euros.
En raison des difficultés de Carrefour dont le fonds est l’actionnaire de référence et de la crise dans l’immobilier, le patron de Colony Capital, Sébastien Bazin, cherche à vendre un petit tiers des parts qu’il détient dans le PSG pour 30 millions d’euros.
Hélas pour lui, le Qatar veut être maitre chez lui. Or il se trouve que Bazin est un grand ami de l'ancien Président de la République. L'amitié entre Sarkozy et Bazin s'est nouée lors de la prise d'otages en mai 1993 de la maternelle de Neuilly par Human Bomb, alias Erick Schmitt.
Parmi les otages figurait un enfant de Bazin. Leur relation est demeurée si étroite que, lorsque Nicolas Sarkozy a eu un malaise au cours d'un jogging dans le parc de Versailles en juillet 2009, la seule personne qui lui ait rendu visite dans l'après midi à la Lanterne, en dehors de la mère de Carla Bruni, fut Sébastien Bazin. Il interrompit même une réunion pour se rendre au chevet du chef de l'Etat.
Il a suffi d’un coup de fil de Nicolas Sarkozy à son ami Bazin, et le Qatar a pu, par miracle, devenir l’actionnaire majoritaire à 70% pour un prix amical (autour de 45 millions d’euros). Un joli renvoi d’ascenseur de l’Elysée qui n’a pas fait plaisir à tout le monde. La puissance de feu financière du Qatar bouleverse les règles du jeu traditionnelles du mercato . « Le rachat du PSG, explique dans le Monde, Nicolas de Tavernost, le patron de M6 et des Girondins de Bordeaux, est une mauvaise affaire pour les grands clubs français parce qu’il leur enlève toute rationalité économique ».
Troisième étape de la conquête du foot, le Qatar a acheté massivement les droits TV en mettant près d'un milliard d'euro. Leur future chaine de sport en France a acquis les droits pour 8 matchs par journée de la Ligue 1. Soit 150 millions par saison et 600 millions pour la période 2012-2016.
D’autre part, Doha arrache la part du lion pour la diffusion des plus beaux moments de la Ligue des champions : 133 matchs par saison pour 61 millions d’euros…Soit près de 180 millions pour les années 2012 à 2015.
Canal s’est rabattu sur 13 matchs « de premier choix » que la chaine crypté a du payer à l’unité nettement plus cher qu’autrefois. Autant dire que les dirigeants de la chaine cryptée, qui craignent avec raison des départs vers Bein de leur abonnés et de leurs journaliste, ne portent guère les qataris dans leur cœur !
N’ont-ils pas débauché déjà à prix d’or comme directeur général l’ancien du PSG et de la Juventus, Jean Claude Blanc,« qui est un des quatre ou cinq plus grands professionnels du foot », selon une huile du ballon rond français.
«Les dirigeants de Canal Plus sont traumatisés, glisse un administrateur maison. Et ils pensent que le coup d'après, lors de la reconduction des droits des grands championnats (Premier league notamment), dans trois ans, ils seront balayés»
Une certitude, les qataris ont bouleversé les règles du jeu des grands diffuseurs du foot. Et ce n’est qu’un début. « Les Qataris réalisent, nous indique-t-on de bonne source, que le PSG seul ne pourra pas animer les championnats de la Ligue 1 et de la Ligue des champions. Ils envisagent sérieusement de favoriser la reprise de l’OM par une nouvelle équipe et ont pris contact avec l’ancien patron du PSG, Christian Villeneuve et l’ex responsable de l’OM, Pape Diouf».
Autre projet caressé par le Qatar, le rachat du Stade de France loin d’être amorti est une hypothèse plausible, même si le Qatar sport investment et la mairie de Paris ont publiquement démenti la rumeur dans un bel unanimisme. Autant de projets pharaoniques qui annoncent de belles montées d’adrénaline chez nos grands patrons de l’audiovisuel et du foot.
http://www.bakchich.info/sport/2012/05/ ... 74.twitter
Chelsea a remporté la LDC avec sa moins bonne équipe depuis 8 ans. Vas-tu dire qu'ils avaient le niveau cette année (puisqu'ils l'ont gagnée) et pas quand ils perdent deux fois aux TAB en demi et en finale, ou quand ils se font enfiler par l'arbitrage contre l'Inter ou contre le Barça ? 
