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LE CLASSEMENT LES INFRASTRUCTURES, LE FONCTIONNEMENT LES PASSERELLES LE RECRUTEMENT; Lyon, leader sans partage L'OM progresse, l'OL évolue Garcia et Genesio maîtres du jeu Éviter la fuite des meilleurs jeunes
Dans le dernier classement des centres de formation publié par la FFF, l'OM n'occupe que la 17e place, sur 36. C'est mieux qu'il y a un an (20e), mais l'écart avec le trio de tête (Lyon, Paris, Monaco) est toujours énorme. Encore largué sur le nombre de contrats professionnels issus du centre (13e), à la traîne en ce qui concerne le nombre de matches disputés par les joueurs formés au club (25e) et sur l'ancienneté des éducateurs (29e), à un rang indigne pour ce qui est du nombre de rencontres en sélection nationale par les mêmes joueurs (12e), l'OM a toutefois un motif de satisfaction : les excellents résultats au niveau des études, le club occupant désormais la première place !
Dans ce domaine, l'OL occupe une surprenante 30e position, quand bien même Jean-François Vulliez, directeur de l'Academy OL, souligne que "les valeurs humaines et éducatives sont très importantes à Lyon". "C'est un triple projet, détaille-t-il, un projet éducatif fort, un projet sportif et un projet citoyen".
Premier centre de formation en France depuis 6 ans, Lyon est désormais le 2e meilleur club formateur des cinq grands championnats européens (Allemagne, Angleterre, Espagne, France, Italie), juste derrière le Real Madrid, d'après le dernier classement publié par l'Observatoire du football CIES.
"Le classement, c'est valorisant, mais il ne faut pas s'arrêter à cela, précise Vulliez. Il faut surtout penser à être encore meilleur."
La SASP de l'Olympique de Marseille a gonflé le budget du centre de formation, qui se situe aujourd'hui entre 7 et 8 M€. Celui de Lyon est évalué à... 22M€, soit trois fois plus. "Mais un chiffre brut, comme ça, ne signifie pas grand-chose, souligne Vulliez. Par exemple, le club est propriétaire de ses installations." Et le nouveau centre d'entraînement de l'OL est tout simplement impressionnant : sept terrains à onze, dont un entièrement couvert, et un huitième pour évoluer à huit contre huit.
Les infrastructures marseillaises, elles, ont longtemps été jugées insuffisantes par la direction olympienne. Et ce n'est pas un hasard si le stade Paul-Le Cesne, rebaptisé "OM Campus", a été rénové afin d'accueillir toutes les équipes de jeunes, et les féminines. Mais dans le fonctionnement pur, l'OM paye encore les mauvais choix du passé. "La saison passée, c'était l'année 1 d'Andoni Zubizarreta. On savait qu'on n'allait pas tout changer en un an", nous confiait cet été une huile de la pouponnière olympienne.
Les responsables marseillais ont donc misé sur une certaine stabilité et tous les éducateurs en fin de contrat ont été reconduits après avoir été longtemps dans le flou. Quelques modifications ont toutefois été apportées : Patrick Léonetti, en provenance de l'AC Ajaccio, a pris en charge les U19 Nationaux alors qu'Olivier Jannuzzi a basculé aux U17, en binôme avec "Pancho" Abardonado. Jean-Luc Cassini, lui, officie toujours à la tête du centre, en étroite collaboration avec Zubizarreta.
À Lyon, c'est Jean-Michel Aulas himself qui a récemment réalisé un audit, tout en s'appuyant sur Bernard Lacombe, son fidèle lieutenant, et Gérard Houllier, son conseiller extérieur. L'objectif ? Continuer à être premier.
Ainsi, un groupe "Pro2" a vu le jour, "c'est-à-dire un groupe réserve élite", dixit Jean-François Vulliez. "Il y a un staff élargi, avec des horaires aménagés qui permettent aux joueurs de suivre un programme sportif assez exigeant et de poursuivre leurs études, ou des modules de formation, pour réussir dans leur futur métier".
Le deuxième axe de développement vise à recruter des joueurs en post-formation, "de 17-18 ans, avec un fort potentiel", explique Vulliez. Une politique qui n'empêche pas certains jeunes talentueux de quitter le navire : l'été dernier, Willem Geubbels a ainsi rejoint Monaco pour signer son premier contrat pro.
Comme quoi, cela n'arrive pas qu'à l'OM.
Cela peut paraître logique, mais c'est une petite nouveauté à l'OM : les pensionnaires du centre de formation olympien sont régulièrement surclassés sous l'impulsion de David Le Frapper. Alexandre Phliponeau et Nassim Ahmed en sont les meilleurs exemples.
Si Andoni Zubizarreta a donné la marche à suivre au niveau de la politique générale - "le développement individuel des joueurs avant les résultats" - Rudi Garcia n'est évidemment pas étranger à l'éclosion progressive des jeunes formés au club. Le meilleur exemple reste le quart de finale de Ligue Europa, face à Leipzig, la saison passée, pour lequel Kamara et Lopez avaient été titularisés.
À Lyon, "Christian Bassila (le coach de la réserve, ndlr) et Bruno Genesio ont une grande proximité et se voient tous les matins. Cette proximité est forcément très intéressante. Bruno (Genesio) n'hésite pas à piocher dans le groupe Pro2 lors des trêves internationales." Ce que fait également Garcia à l'OM.
Au-delà de la promotion de ses espoirs, l'OM s'est attaché, aussi, à soigner son image depuis plusieurs mois : les partenariats "OM Next Generation" vont en ce sens, même si le club numéro un chez les jeunes à Marseille, le SC Air Bel, n'en fait pas partie. Et c'est assurément l'un des plus gros points faibles de l'OM : la détection des futurs talents.
Conscients de ces lacunes, les responsables marseillais ont mis en place une cellule de recrutement spécifique au centre de formation en septembre 2017. Dirigée par Sébastien Pérez, elle est constituée de Didier Samoun et Miloud Kadi Bouchakour, et a pour mission de sillonner les terrains provençaux. Trois hommes pour un si vaste territoire, c'est peu, forcément, "mais on se repose aussi sur les scouts du secteur pro", assure-t-on en interne. En comparaison, la cellule de recrutement de Lyon compte 14 membres, dont 10 scouts (8 sur le plan local et régional, 1 sur la région PACA et 1 en Bretagne).
Selon quelques indiscrétions, les dernières recrues olympiennes seraient plutôt prometteuses. "On a beaucoup d'échanges avec nos clubs partenaires, on arrive à dialoguer et ça se passe très bien", se réjouit Jean-Luc Cassini.
Quelques joueurs continuent néanmoins de venir des régions parisienne et lyonnaise. Par le passé, cela n'a pas toujours été une réussite (Pépé Cécé, Salimou Touré, Brahima Doukansy...) alors que les meilleurs minots du cru, eux, se tournent toujours vers Montpellier, Nice ou Monaco. Le club de La Principauté, qui ne lésine pas sur les moyens, a même engagé récemment un éducateur du SC Air Bel en tant qu'observateur...
"On savait qu'on n'allait pas tout changer en un an, reconnaît-on encore en interne, mais le projet est sur de très bonnes bases. Maintenant, il faut être régulier. On a envie de donner une image plus sérieuse, plus rigoureuse." Pour cela, il faudra du temps, et des résulats.
L'OL, lui, s'appuie sur des partenariats depuis de longues années et mise sur la proximité. En somme, ce que tente de faire l'OM depuis un an et demi. "C'est un travail de fond, au quotidien, pour rester au contact des clubs, pour les aider, pour que les jeunes s'identifient à l'OL et rêvent de porter un jour le maillot de l'OL, argumente Jean-François Vulliez. Après, on n'est jamais à l'abri qu'un jeune aille dans un autre centre de formation car à la fin, ce sont quand même les parents qui décident où leur enfant ira jouer s'il a l'occasion d'intégrer un centre de formation."
Sur ce point-là, L'OM et l'OL sont logés à la même enseigne.
La Provence