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L’OM organisait une journée portes ouvertes, mercredi, pour faire découvrir à ses licenciés le Centre de formation sur lequel le club compte grandement s’appuyer dans les années à venir. Explications avec Henri Stambouli et Robert Nazaretian.
Le nouveau bâtiment du Centre de formation, qui surplombe les terrains d’entraînement de La Commanderie, sent encore le neuf deux ans après son inauguration.
Longtemps considéré comme le parent pauvre du foot français dans ce domaine, l’OM possède désormais un outil digne des plus grands clubs européens.
Henri Stambouli, le Directeur du Centre, et Robert Nazaretian, vice-Président de l’association OM, donne les contours de la nouvelle orientation du club olympien.
Rafidine Abdullah est en passe de devenir l’étendard de la nouvelle formation “à la marseillaise”…
Henri Stambouli : Oui, c’est la meilleure publicité qu’on puisse espérer pour notre Centre de formation. Il est né à Marseille, issu des quartiers… Avant, des joueurs comme André Ayew étaient obligés de partir pour se révéler. À Lorient, puis à Arles-Avignon. Maintenant, les joueurs vont pouvoir se révéler directement chez nous…
Robert Nazaretian : Il y a aussi le petit Aloé, au club depuis l’âge de 9 ans, le petit Azouni, qui sont en train d’éclore…
Henri Stambouli, au restaurant du Centre de formation…
L’image du club a-t-elle changé à ce niveau-là auprès des clubs amateurs de la région ?
HS : Oui, on le sent depuis deux saisons. C’est un vrai renouveau. Des gens viennent spontanément nous proposer leurs meilleurs joueurs. C’est aussi parce qu’ils sont venus voir les installations, les éducateurs, l’école mise en place… Ils voient qu’il y a du changement et des débouchés désormais.
Pourquoi n’y a-t-il pas de partenariat solide avec des clubs comme Istres ou Martigues, afin de pouvoir prêter des joueurs ?
HS : Parce que souvent, les présidents changent, les entraîneurs changent… Il faudrait une structure qui t’appartienne en partie, pour avoir le choix. Lille l’a fait avec un club belge voisin (Mouscron, ndlr), mais ils ont des parts dedans. Ils ont donc un pouvoir de décision par rapport aux joueurs qu’ils placent. Dans le cas contraire, c’est un peu au bon gré de l’entraîneur…
L’idéal, c’est le modèle espagnol ?
HS : Oui, ils n’ont pas ce problème. Ils n’ont pas ce souci puisqu’ils ont des filiales qui évoluent en D2. Et en plus, l’identité de jeu est la même. Là, tu prêtes un joueur à Istres : et si l’entraîneur décide de jouer un football différent…
RN : Et puis, si le club joue le maintien ou la montée à quelques journées de la fin, il ne mettra pas ton joueur. Il sait qu’il va le perdre pour la saison d’après…
Est-ce que votre travail a changé depuis qu’Élie Baup est arrivé ?
HS : (Silence) Disons que le “dernier passage” est facilité. Mais l’année dernière, on n’avait pas une génération qui était forcément prête. La “génération Rafi” (les joueurs nés en 1994) était encore jeune, pas encore apte à intégrer l’équipe professionnelle. Avec une année de plus de maturation, les stages, le fait d’avoir réduit l’effectif pro… Le coach a pris le risque de les mettre. Il y a la volonté du club et celle du coach. Cela s’est fait mécaniquement.
RN : Moi je vais reprendre la phrase de José Anigo : “On avait de bons joueurs, mais il fallait simplement les regarder”… Il a tout résumé quand il a dit ça.
Certains auraient pu avoir plus de temps de jeu ?
HS : Les objectifs du club n’étaient pas les mêmes. Quand on te demande d’être Champion, c’est plus difficile de lancer des gamins. Si on te demande de finir dans les cinq premiers, c’est différent. Tu peux prendre un peu plus de risques…
RN : Moi je pense que si tu lances un ou deux jeunes au milieu d’une équipe expérimentée, ça ne craint pas. Regardez à la grande époque de l’OM, il y en avait toujours un ou deux qui sortaient par saison : Meyrieu, Eyraud, Boghossian…
Combien gagne un jeune sous contrat à 17 ans ?
HS : Un peu plus de 400€… Puis à 18 ans, ça passe à 600… Un jeune comme Rafidine gagne environ 2 000€ à bientôt 19 ans. On se réfère à la grille de salaire établie par la LFP et la Convention collective de la FFF… On s’appuie là-dessus. Rien n’empêche de leur donner plus. Mais après, tu as des soucis.
Rafidine est toujours stagiaire, n’y a-t-il pas un risque de se le faire piquer ?
HS : Pour passer pro, il doit encore jouer et gagner des matches (sourire)… On va dire qu’il y a un “gentlemen agreement” en France. On ne touche pas tant que le joueur n’est pas professionnel. Le risque, ce serait les clubs étrangers…
Le jeu des agents commence très tôt…
RN : Malheureusement oui. Mais on a fixé des limites et on s’y tient. On ne rentre pas dans la surenchère. On a établi un barème. S’ils sont en dehors des barèmes, eh bien ils s’en vont. On va se tromper une fois, mais neuf fois on aura raison. On ne veut pas entrer dans cette logique parce qu’on sait qu’on va avoir des soucis. Et ça peut gangréner un groupe…
HS : Si on détecte un phénomène à 14 ans, que le gamin commence à entrer dans des discussions, avec les parents, l’agent… Tu l’as déjà perdu. Il y a neuf chances sur dix que tu le perdes tôt ou tard. Parce qu’après, s’il est déjà dans cette logique, il va te demander toujours plus. Alors que nous, on veut une logique de joueurs de club, qui s’identifient à cette région…
Quel est le budget de fonctionnement du Centre de formation ?
RN : 5,2 M€ dont 700 000€ de subventions par an de la part des institutions locales : 400 000€ de la Ville de Marseille et 300 000€ de la Région…
Et la CFA 2 dans tout ça ?
HS : Envoyer un gamin de 17 ans à ce niveau, ce n’est pas évident. Elle n’est pas montée la saison dernière, mais elle a joué son rôle de maturation. Il ne faut pas se focaliser sur ce Championnat. La priorité, c’est d’envoyer les joueurs en équipe pro. Il ne faut pas se tromper d’objectif. Maintenant, si on peut monter, on ne va pas s’en priver…