Une soirée en enferAprès la Saint-Patrick, la
Saint-Vincent. Rarement
un président de l’OM
aura été à ce point chahuté par
les supporters olympiens dans
la tumultueuse histoire du club
marseillais. Et l’un n’allant pas
sans l’autre, jamais un dirigeant
n’aura été aussi détesté. Mais là
aussi, rarement un bilan prési-
dentiel n’aura été si affligeant.
Avant la rencontre, la direction
de l’OM craignait une ambiance
électrique. Elle a été servie. Car
c’est dans une ambiance hostile
et délétère que s’est déroulé ce
match, qui symbolise la cassure
nette entre le club et sa base.
Un mouvement de grève avait
été annoncé pour "un quart
d’heure d’absence et de silence"
parles groupes, tout en se désoli-
darisant d’éventuels déborde-
ments à l ’extérieur d e
l’enceinte. Avec trois buts encais-
sés en moins de 15 minutes de
jeu, le scénario du match a forcé-
ment amplifié le mécontente-
ment. Certains ont alors tenté
de pénétrer surla pelouse, impli-
quant le déploiement des gen-
darmes mobiles au pied des vira-
ges pour calmer les esprits.
Labrune insulté
Le bus de l’OM dérouté
Il suffisait de lire les messages
de protestation des groupes de fi-
dèles pour mesurer leur exaspé-
ration. Au Nord, les banderoles
ne laissaient aucune place au
doute. Pêle-mêle : "MLD: tu as
détruit nos rêves/VLB: tu as ven-
du notre passion/Vous avez tué
l’OM / Cassez-vous", "Un constat
ne suffit pas/ Tirons en des leçons
/ Labrune démission", "Michel
fuera", "Trop de pression au Vel’ /
Vous avez un quart d’heure pour
jouer libéré", "MLD ça suffit /
VLB y’en a assez", "Joueurs: boî-
te, chicha ou entraînement / On
voit bien où est votre priorité",
"Michel... Le Real t’attend !",
"Nous avons un passé glorieux /
Un présent minable / Mais quel
avenir ?", "Joueurs-entraîneurs /
Président- actionnaire / Tous cou-
pables!". Ambiance... Au Sud, le
son de cloche était le même :
"Marre de vos belles paroles et de
vos mensonges / Dreyfus-Labru-
ne cassez-vous!", "Dirigeants in-
compétent, joueurs fantômes,
coach arrogant... Vous nous dé-
goûtez tous !" ou "Dégoutés /
L’OM c’est nous!", pouvait-on li-
re du côté du CU 84 de la Vieille
Garde.
Des messages dont la portée a
été alourdie par le cortège de sif-
flets, de chants et d’insultes
ayant accompagné les Olym-
piens. Et des broncas monumen-
tales. À l’échauffement, déjà,
Mandanda et sa bande ont été
davantage conspués que les Ren-
nais.
Et si le capitaine de l’OM (qui
a eu droit à une banderole à la
pause : "Steve, capitaine exem-
plaire / Merci pour ta loyauté et
ton respect du maillot") ainsi
que Lassana Diarra ont échappé
à la vindicte populaire quand
leurs noms ont été égrénés, Mi-
chel a battu tous les records
d’animosité. Mandanda-Diarra,
ce sont les seuls patronymes qui
ont été scandés alors qu’Abou
Diaby, pour son entrée, a eu
droit à des applaudissements
nourris. Même le prodige Ous-
mane Dembélé a reçu une salve
d’encouragements !
Tout le contraire de Vincent
Labrune. Depuis sa loge prési-
dentielle, VLB, arrivé au stade
bien plus tôt qu’à l’accoutumée
et à toute bringue, a dû avoir les
oreilles qui sifflaient. Les "Labru-
ne démission" n’ont pas cessé de
dévaler des virages, sans parler
des insultes que la décence nous
empêche de reproduire ici.
La tension était déjà palpable
en fin de journée. Une centaine
de supporters s’était réunie près
de l’allée Ray-Grassi pour ac-
cueillir le bus des joueurs de
l’OM, patientant à grand renfort
de chants anti-Labrune et MLD.
Mais pour éviter tout désagré-
ment, le club avait décidé de lui
faire emprunter un itinéraire
bis.
Ce qui, outre résonner com-
me un aveu de faiblesse, a tendu
un peu plus l’atmosphère.
Quand ils l’ont aperçu, au loin,
plusieurs fumigènes ont été allu-
més et quelques pétards en-
voyés. Des incidents légers ont
ensuite éclaté avec les représen-
tants de l’ordre. Trois personnes
ont été interpellées.
Déjà, on en entendait certains
se donner rendez-vous à l’issue
du match pour retenir les
joueurs, le staff et la direction à
l’intérieur du Vel’. Ce qui s’est
produit, entraînant des échauf-
fourées avec les forces de l’ordre
pendant plus d’une heure, pen-
dant que les joueurs quittaient
le stade en catimini. C’était vrai-
ment une soirée en enfer.
Jean-Claude LEBLOIS
jcleblois@laprovence-presse.fr