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L'Olympique Lyonnais est sur le point de mettre en place un partenariat de deux ans avec le SC Air-Bel, l'un des meilleurs clubs formateurs de la région.
Le match OM-OL est décidément le principal feuilleton de cette intersaison. Après avoir bataillé pendant dix mois pour le titre, puis pour une place sur le podium, les deux Olympiques sont aujourd'hui au premier rang de l'actualité sur le marché des transferts. Fort de sa qualification en Ligue des Champions, le club de "JMA" semble se faire un plaisir de lancer des OPA sur son concurrent. Après avoir capturé Jérémy Morel dans ses filets, l'OL se concentre désormais sur André-Pierre Gignac et Nicolas Nkoulou, et lorgne même sur Claudio Beauvue, une piste pour les dirigeants marseillais. Réel intérêt ou intox ? Peu importe, le match est lancé et les supporters sont sur les dents.
Mais la soudaine passion lyonnaise pour tout ce qui est marseillais ne s'arrête pas là. Ce vendredi, La Provence évoque un partenariat avec le club amateur d'Air Bel, une cité du 10e arrondissement, très performant dans les championnats de jeunes depuis une dizaine d'années, après les grandes périodes de l'AS Mazargues ou du SO Caillols. Des dizaines de gamins formés au club squattent désormais les centres de formations des grands clubs français et même européens. Installé au stade de La Pomme, le SC Air Bel n'est pourtant qu'à deux kilomètres de la Commanderie, alors pourquoi Lyon et pas l'OM ? Le Phocéen en a longuement discuté avec son président, Chaïb Draoui. Interview :
- Chaïb, vous êtes à deux pas de la Commanderie et vous allez signer un partenariat avec l'OL, c'est sérieux ?
"Bien sûr. J'ai été reçu par le président Aulas il y a à peu près un mois. J'avais déjà rencontré le responsable du centre de formation Lyonnais qui souhaitait travailler avec nous, et les contacts se sont officialisés là-bas. J'ai été reçu par Florian Maurice et les dirigeants, puis j'ai déjeuné avec le président Aulas. Il m'a fait une proposition par rapport aux équipementiers du club et sur une aide financière que je suis en train d'étudier".
- D'autres clubs souhaitent travailler avec vous ?
"Oui. j'ai une proposition de Laurent Nicollin de Montpellier, de L'OGC Nice et même de clubs européens. J'ai un petit qui vient de revenir de Chelsea pour un test concluant, et d'autres clubs anglais discutent avec nous".
- Et l'OM ?
"Nous, on est Marseillais et on aime notre club, mais on n'arrive pas à discuter. Cela fait des années que j'essaye de travailler avec l'OM. On nous dit toujours que l'on va travailler ensemble et, au dernier moment, on fait marche arrière. Après tous ces échecs, on a décidé de nous orienter vers d'autres clubs français, vu qu'ici ça ne les intéresse pas".
- Pourtant vos jeunes sont au top depuis des années ?
"Ecoutez, sur notre stade de La Pomme, on voit tout le temps des gens de l'OL, de Nice, de Montpellier, Monaco et tous les grands clubs européens comme la Roma, City, Chelsea, Aston Villa. Le seul club qui ne veut pas discuter, c'est l'OM".
- Ce n'est pas nouveau. Dans les années 70-80, les meilleurs joueurs de Mazargues ou des Caillols partaient à St-Etienne, Lyon, Nantes...
"Bien sûr. D'ailleurs, quand je suis monté à Lyon, j'étais avec Jean Tigana, un ancien des Caillols. C'est avec lui que j'ai rencontré Jean-Michel Aulas".
- Mais qu'est-ce que l'OL vous propose de plus ?
"Ecoutez, chaque année, on a entre sept et dix gamins qui signent dans des clubs pros, on en a dans les équipes de France de jeunes, on est une vitrine du football marseillais. Mais à l'OM, chacun dit tout et n'importe quoi et on arrive pas à travailler avec eux. Les gens ne sont pas à leur place, alors que le club a besoin de gens compétents. Ceux-là n'ont rien à voir avec le football et ils se permettent de se positionner. Ils ne sont bon qu'à saboter ce club"
- C'est à dire ?
"Regardez le petit Albert à Nice (Rafetraniaina, défenseur). Il a signé son contrat pro à 17 ans et il est titulaire et international. Quand il avait quatorze ans, Roland Gransart devait le faire signer et au dernier moment ils ont fait marche arrière, on ne sait pas pourquoi. Pareil pour un autre qui joue à Lyon. On ne sait pas qui décide".
- Qu'est ce que vous demandez à l'OM ?
"On ne demande pas d'argent, on n'est pas des agents. L'OM travaille avec Adidas depuis des années, qu'est ce que ça leur coûte de nous équiper sur deux ou trois ans ? Pour eux, c'est une goutte d'eau dans la mer. Si ils me proposent d'équiper mes minots, je signe tout de suite, mais même pas ça !".
- Mais les clubs amateurs touchent une indemnité de formation lorsque leurs jeunes partent dans un club pro, non ?
"Oui, mais avant, on la touchait lorsque les gamins signaient un contrat aspirant. Aujourd'hui, les clubs pros ont fait changer la loi pour ne payer qu'au contrat stagiaire. Ça ne les dérangent pas de payer dix millions pour des joueurs bidons, mais pas de payer le football amateur. Avec la baisse régulière des subventions locales, les clubs amateurs s'appauvrissent chaque année un peu plus".
- Quelle est votre prochaine pépite ?
"On a un U13 surclassé en U15, Naoui Ahamada, un milieu défensif. Chelsea et tous les clubs européens le veulent, Lyon aussi. Florian Maurice m'a dit qu'il était le meilleur joueur français de sa catégorie, il a le profil de Yaya Touré. Il vient de faire une semaine avec Chelsea, avec qui il a battu les jeunes d'Arsenal qui étaient invaincus et il a été parmi les meilleurs".
- L'OM ne l'a pas approché ?
"Si, mais au lieu de venir nous rencontrer comme l'ont fait Chelsea et Lyon, ils sont directement allé voir les parents dans notre dos. C'est inadmissible de se comporter comme ça, alors qu'on leur a donné beaucoup de gamins".
- Pour finir, que doit faire l'OM ?
"Il y a un président, c'est Vincent Labrune. C'est à lui de mettre les cartes sur la table avec les clubs amateurs, comme le font Aulas ou Nicollin. S'il voit qu'il n'y pas de résultats à la formation de l'OM, qu'il vienne discuter avec nous, au lieu d'aller acheter des jeunes ailleurs. Des talents, il y en a ici !"