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Le rendez-vous était pris avant la gifle niçoise. Et le président de l'OM la honoré, hier en fin de journée, malgré la tempête qui secoue actuellement le club. Point d'escorte pour arriver jusqu'au bureau présidentiel, ni de cerbère ou de dictaphone pour enregistrer la substantifique moelle du discours de Vincent Labrune.
Une petite surprise dans cette période verrouillée à double tour, où La Commanderie ressemble davantage à Fort Knox, ce camp militaire américain du Kentucky, qu'à un centre d'entraînement où l'on taquine le ballon rond. Car, désormais, les journalistes ont l'obligation de montrer patte blanche (enfin, un laissez-passer) pour accéder au saint des saints olympien.
Abattu par les résultats, mais détendu, Vincent Labrune a donc reçu La Provence pour faire le point sur la situation sportive calamiteuse de l'équipe première, châtiée sur l'échiquier continental et éjectée des coupes nationales.
Contre Nice, mardi, l'OM a encaissé cinq buts au stade Vélodrome. Cela nétait pas arrivé depuis 34 ans... Qu'avez-vous dit aux joueurs ?
Vincent Labrune : Je suis président, mais je suis aussi supporter. Perdre quand on marque quatre buts, il fallait l'inventer. Cétait un mauvais film de science-fiction. En rentrant dans le vestiaire à la fin du match, je me suis effectivement demandé depuis combien de temps l'OM navait pas encaissé cinq buts à domicile. Cest inadmissible. Je me suis permis de dire aux joueurs que cette fois, cétait trop, que cétait de l'amateurisme. Je ne peux pas leur en vouloir sur l'envie offensive, mais il y a des fautes de concentration indignes d'un club de Ligue 1. C'est simple, c'est la dernière fois. On a raté notre première partie de saison, on a fait un parcours catastrophique en Ligue des champions, on s'est fait éliminer en coupe de la Ligue. OK. Mais la coupe de France était importante pour nous. J'étais frustré, énervé par le comportement de certains, par l'image véhiculée.
Vous avez parlé avec José Anigo à l'issue de la rencontre ?
V.L. : Bien sûr. Pour lui, cest une grosse déception de voir à quel point les consignes, notamment défensives, n'ont pas été respectées. Je ne l'ai pas du tout sermonné. Je l'ai plutôt remobilisé sur l'objectif du championnat, dès dimanche à Monaco, et sur les raisons pour lesquelles, de mon point de vue, on a encore les moyens de jouer le podium. On regarde devant, il reste 18 matches. Le premier est compliqué, mais derrière, il y en a trois à domicile (VA, Toulouse et Bastia). On a beaucoup de choses à se faire pardonner.
Vous lui avez confié les rênes de l'équipe pour son caractère de meneur dhommes. L'état d'esprit nétait pourtant pas au rendez-vous à Lyon et face à Nice... Comment l'expliquez-vous ?
V.L. : On va remettre les choses dans l'ordre. On a considéré, en termes détat desprit, que léquipe ny était plus du tout fin novembre. On n'a malheureusement pas pu continuer avec Élie. Il était important que José ramène un peu d'autorité et remette les choses à leur place en mettant certains face à leurs responsabilités. Jusqu'au quart de finale de coupe de la Ligue contre Lyon, on a enchaîné une série de cinq matches sans défaite. Il y avait un vrai mieux. Après, ces deux matches de coupe ont été très loin de répondre à nos attentes. Mais j'espère que dimanche, les joueurs seront capables de montrer autre chose. Depuis qu'on a changé d'entraîneur, on n'a pas été battu en championnat.
Peut-on imaginer que vous décidiez de lui retirer la gestion de l'équipe avant la fin de saison si la débandade continue ?
V.L. : Non, c'est impossible. J'ai une très bonne relation avec lui. Il a pris cette responsabilité à coeur. Ça a été très bien perçu par le groupe, on ira jusqu'à la fin de saison comme cela. Ça n'aurait pas de sens de mettre trois entraîneurs sur le banc durant la même saison. Notre ambition n'a pas changé sur le moyen terme. Ce n'est pas en prenant un entraîneur dans la précipitation quon gère un club. On est sur des profils de technicien assez élevés, qui ne sont pas disponibles tout de suite. Et quand bien même ils le seraient, ce ne serait pas les mettre dans les meilleures dispositions que darriver à l'OM en février ou en mars. José va continuer jusquà la fin et je len remercie. C'est à nos joueurs de montrer que nous ne nous sommes pas trompés sur eux en prenant la décision, pour certains, de les conserver.
En revanche, ne serait-ce pas mettre José Anigo dans de mauvaises dispositions pour son avenir à l'OM, si la deuxième partie de saison était mauvaise ?
V.L. : Non. Tout est transparent. On a dit qu'il prenait l'équipe pour quatre matches jusqu'à Noël, puis on a considéré, lui comme moi, qu'il y avait un mieux et qu'il était plus intéressant qu'il poursuive. Ne serait-ce que pour qu'on s'ouvre des perspectives plus larges dans la recherche de l'entraîneur idoine.
Je ne remercierai jamais assez José d'avoir accepté de poursuivre sa mission puisque le champ des possibles qui souvre à l'heure où on se parle, est sans commune mesure avec celui quon avait il y a trois semaines. Aujourd'hui, des opportunités sont en train de se créer.
Notre boulot, cest danticiper la suite. Notre ambition n'a pas bougé dun iota. Il vaut mieux prendre le temps de trouver la bonne personne pour mener à bien notre projet en tant qu'entraîneur. Aujourdhui, personne ne connaît mieux nos joueurs que José.
Est-il lié à l'OM à vie ?
V.L. : Vous lui demanderez. Il y a eu six ou sept présidents en quinze ans. Moi-même, je ne suis pas président à vie. Ce qui est certain, cest que José a un contrat à durée indéterminée. Nous travaillons bien avec lui, nous sommes contents de lui. Il n'y a pas de discussion quant à son avenir au sein du club.
De l'extérieur, on a l'impression que rien n'a changé depuis le départ d'Élie Baup. Regrettez-vous votre choix de vous être séparé de lui ?
V.L. : Non. Je suis proche de lui, cest un ami. J'ai souhaité quil soit l'homme capable de porter le projet sur deux ou trois ans. Il était the right man at the right place (la bonne personne au bon endroit, ndlr) quand on l'a pris à l'été 2012. Mais je suis arrivé à la certitude que ce n'était pas lui qui nous ferait avancer collectivement jusqu'où on veut aller à moyen terme. Donc, non, je ne regrette pas.
Après, que rien n'ait changé, la défaite de mardi soir vous donne raison. Mais ça reste un match de coupe, qu'on le veuille ou non. Même si je l'ai très très mal vécu, et je ne vous le cache pas. J'ai eu le même sentiment au fond de moi que le jour où on a perdu contre Quevilly (le 20 mars 2012, 3-2 a.p., ndlr). Toutefois, on ne peut pas dire que rien n'a changé. Il y a malgré tout une rigueur et un état d'esprit qui me semblent meilleurs. Mais maintenant, il faut le montrer