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Qui tire les ficelles à l'OM ? (Mathieu Grégoire)
Petites phrases, livres au vitriol, batailles au tribunal et même le bus des joueurs bloqués par des supporteurs dimanche dernier au pied du Vélodrome. L'environnement de l'OM est particulièrement étouffant depuis plusieurs semaines.
- Margarita Louis-Dreyfus, 50 ans
Selon Vincent Labrune, la propriétaire de l'OM est arrivée au Parc des Princes, mercredi 27 février, avec un petit papier et quelques phrases écrites de sa main en anglais. Traduites, cela a donné "la dénonciation des faux amis de l'OM, qui se servent du club pour servir leur image". Diouf et Tapie sont visés. Guère sensible aux intrigues de palais, la patronne reste d'abord et surtout vigilante sur le plan financier. Entourée d'une brochette de conseillers, elle est ravie de ne pas être forcée de remettre d'argent dans le club en 2013 et même de voir certains prêts remboursés. Margarita Louis-Dreyfus délègue entièrement l'opérationnel et le sportif à Labrune.
- Vincent Labrune, 41 ans
Le président de l'OM peste contre cette "campagne de déstabilisation". "Les résultats sportifs sont bons, les comptes à l'équilibre. On gagnera même un peu d'argent si on se classe 5es en mai. Alors, vous imaginez si on se qualifie pour la Ligue des champions ?" Labrune reste à la place qu'il affectionne, dans l'ombre. Il commente les perquisitions et les affres d'Anigo par communiqué. "Margarita est constamment associée à nos réactions", explique-t-il. Les réactions des anciens dirigeants l'agacent, il voit aussi la griffe de Jean-Pierre Bernès, le représentant de Deschamps, dans les évènements récents. Les supporteurs, ou plutôt "les fauteurs de troubles qui bloquent le bus des joueurs", l'inquiètent beaucoup + : "Là, on touche au coeur de l'OM, on essaie de mettre le coach et son groupe en vrille. Comme si on souhaitait la défaite du club."
- José Anigo, 51 ans
Il a été mis sur écoute par la PJ de Marseille en mai 2011, dans le cadre d'un vaste dossier d'extorsion de fonds, qui mêle le grand banditisme corse et le milieu du football. "La présomption d'innocence existe, et il n'est pas question de me séparer de José", assure le président qui a acté les départs de Diouf, Dassier ou Didier Deschamps. "Anigo est sa caution marseillaise", "son paravent", notent certains détracteurs. Le directeur sportif a changé de numéro de téléphone et se dit déterminé à affronter "un acte de démolition gratuit". "Tu ne sais jamais qui gagne ou qui perd dans ce genre de situation", assure-t-il. Il a ressuscité à maintes reprises par le passé. Mais à cette époque, les supporters ne le nommaient pas dans leurs banderoles.
- Les supporters
Une petite centaine de fans se sont réunis à proximité du Stade-Vélodrome dimanche dernier pour critiquer la direction olympienne et sa gestion. "Anigo, démission!", "La blonde, Labrune et le truand" ont notamment servi de slogans à des supporteurs. Parmi les contestataires, de nombreux indépendants ainsi que quelques proches du groupe des Ultras (virage sud). Ils souhaitent remettre le couvert pour la venue d'Ajaccio, le 15 mars. Les dirigeants de Marseille peinent à cerner les organisateurs d'un mouvement en marge des associations de supporteurs. Ces dernières n'en pensent pas forcément moins mais les intérêts économiques en commun avec le club (abonnements, aides aux déplacements) limitent leur niveau de protestation. L'OM a porté plainte hier pour "provocations publiques" et "entrave à la circulation".
- Bernard Tapie, 70 ans
Propriétaire du journal "La Provence" depuis 2 mois, Bernard Tapie, n'est jamais intervenu dans les choix éditoriaux du service des sport. Au contraire de Diouf, il ne porte ni Labrune ni Anigo dans son coeur. Ecarté par l'homme d'affaires lors de sa 1ere expérience de coach à l'OM, en 2001, Anigo a d'ailleurs souvent été présenté comme "l'homme qui a dit non à Tapie." Fin novembre 2012, Stéphane Tapie, fils de, a donné le numéro de téléphone de Labrune sur les ondes de France Bleu Provence. Le père a rapidement désamorcé la théorie du complot en appelant Labrune pour expliquer qu'il ne cautionnait pas ce dérapage. Leur dernier échange, jeudi, a été moins cordial : Tapie a voulu savoir pourquoi Margarita Louis-Dreyfus l'avait attaqué sans le nommer après PSG-OM.
- Pape Diouf, 61 ans
Dans sa biographie, "C'est bien plus qu'un jeu", sortie hier, l'ancien président de Marseille (2005-2009) a des mots très durs envers Vincent Labrune, "le manipulateur", mais s'étend davantage sur les qualités réelles et supposées du directeur sportif José Anigo. Diouf considère que ce dernier l'a trahi en juin 2009 en restant à l'OM pour un salaire doublé (de 25 000 € à 60 000 € par mois). Il a aussi reçu des écoutes téléphoniques où Anigo met en doute ses pratiques de transfert (Nasri en 2008). Il est bien décidé à malmener son ennemi jusqu'à ce que celui-ci quitte l'OM.