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Vincent Labrune, un boxeur à l'OM
L'intime des Louis-Dreyfus a désormais le club en main.
Il fait tout pour intriguer : une coupe de cheveux incongrue dans le business (mi-long dans le cou, à la manière de Frédéric Lefebvre ou de Vincent Vega, le tueur joué par Travolta dans « Pulp Fiction »), parfois un long manteau sombre, et puis cette tendance à toujours se tenir juste derrière Margarita Louis-Dreyfus et lui chuchoter à l'oreille. Vincent Labrune, 40 ans, est un homme de l'ombre. C'est aussi un conseiller puissant, devenu l'éminence de la veuve de Robert Louis-Dreyfus et, depuis quelques jours, le président de l'Olympique de Marseille, dont l'actionnaire est Margarita Louis-Dreyfus.
Pour y parvenir, il a d'abord éjecté du poste Jean-Claude Dassier, un vieux routier des médias de vingt ans son aîné. Labrune l'a fait à sa manière, en tranchant dans le vif mais sans coup fourré.« Vincent considérait Dassier comme un simple salarié de Margarita, un point c'est tout. Sa ligne de conduite ne s'est pas écartée de la direction fixée par l'actionnaire », observe un acteur éminent du monde du foot. Dassier s'entendait mal avec l'entraîneur, Didier Deschamps, ce qui mettait en danger le renouvellement du contrat du capitaine des Bleus de 1998. Labrune devait donc faire place nette.
En se montrant loyal et méthodique, Vincent Labrune a gagné la confiance de Margarita Louis-Dreyfus parce qu'il est la mémoire de Robert, feu le patron du groupe d'import-export. Les deux hommes se rencontrent par la boxe, leur passion commune.
Petit frère.
Entre les deux, c'est presque un coup de foudre. RLD apprécie la truculence et la ferveur de Labrune, féru de football, de rugby mais aussi de chevaux.« J'ai déjà vu Vincent parler foot avec son voisin de zinc à l'heure du café. C'est un passionné qui ne débranche jamais », témoigne Matthias Gurtler, présentateur de l'émission « Telle est ma télé », produite par Labrune. Plus qu'une collaboration, une amitié naît entre RLD et Labrune. Louis-Dreyfus, qui l'engage comme conseiller en communication, l'adopte presque comme son petit frère. Il l'embarque dans son avion privé pour assister aux grands matchs de la Ligue des champions. Labrune ne quitte pas son patron d'une semelle. Lorque Louis-Dreyfus est empêtré, en 2008, dans l'affaire des transferts douteux de l'OM, il l'aide à traverser l'épreuve. Pendant tout le procès, les deux hommes se retrouvent chaque soir à dîner. Labrune remonte le moral de son patron, refait le match des débats judiciaires. RLD, pourtant de nature solitaire, a besoin de ce Jiminy Cricket. Labrune sera aussi à ses côtés pendant sa maladie, jusqu'au bout.« La fidélité est l'un des traits de caractère principaux de Vincent », assure Matthias Gurtler. A son anniversaire, il y a quelques mois, Labrune a convié tous ses amis d'enfance. En revanche, il n'a pas profité de son copieux carnet d'adresses pour épater la galerie - ni Jean-Luc Delarue, ni Etienne Mougeotte ou Patrick Le Lay, qui ont apprécié ses services de conseiller en communication à TF1, n'étaient de la partie. Seule Margarita Louis-Dreyfus est passée...
A la mort de Robert Louis-Dreyfus, en 2009, Labrune aide sa veuve à naviguer au milieu des chausse-trapes du business. Il la guide dans le labyrinthe du groupe, qui étend ses activités dans le monde entier. Le fils de famille bourgeoise d'Orléans, titulaire d'un DEA d'économie, devient un intime de la famille. Même les enfants comptent pour lui. Pour son anniversaire, Kyril Louis-Dreyfus, l'un des jumeaux du couple, rêvait d'un maillot dédicacé de l'attaquant de l'OM André Ayew. Vincent Labrune le lui obtient. C'est bien le moins quand on sait les sommes faramineuses englouties par RLD dans le club. Cette année encore, Margarita va investir 20 millions d'euros pour préparer la prochaine saison de l'OM.
Labrune devient donc responsable de l'un des clubs les plus médiatisés de France. Mais il a pris ses précautions. Avant d'en prendre la présidence, il a modifié la gouvernance du club afin de pouvoir, là encore, rester en retrait. Dans l'ombre, si possible.