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Lille, le malaise interne
Le champion de France connaît un climat pesant en coulisse. Et le possible transfert de Gervinho annonce un été mouvementé.
LA NOUVELLE n’a pas fait les gros titres. La semaine dernière, Thierry Bonalair (*), recruteur pour le LOSC depuis 2004, a remis sa démission. « Pour raisons personnelles et familiales », selon le club. En fait, pour divergences majeures avec certains dirigeants. L’ancien joueur de Nantes, Auxerre et Lille est fortement pressenti du côté de Bordeaux. Ce départ met au grand jour le malaise qui règne au sein de la cellule recrutement du club champion de France depuis quelque temps.
Les relations entre Jean-Luc Buisine, le directeur de cette cellule, et Frédéric Paquet, le directeur général adjoint lillois, sont très fraîches. Et Buisine, convoité par Monaco, Bordeaux ou le PSG, a été reçu récemment par le président, Michel Seydoux. Vendredi dernier, une vive altercation a éclaté au domaine de Luchin. Selon plusieurs témoins présents au centre d’entraînement ce jour-là, Paquet a crié plusieurs fois le mot « trahison » à l’encontre de son collaborateur, excédé qu’il ait rencontré Seydoux sans lui avoir fait connaître ses griefs auparavant. Il aurait terminé la conversation par un : « Si tu n’es pas content, tu peux te barrer à Monaco ! » Joint hier, Paquet admet que le ton est monté, mais nie catégoriquement les termes employés : « Je lui ai juste demandé s’il partait là-bas. Il m’a répondu qu’il ne l’envisageait pas. »
Le directeur général adjoint, en place depuis 2009, cristallise certaines inimitiés. Même si le transfert de Benoît Pedretti (contrat de trois ans), choix de l’entraîneur Rudi Garcia, sur lequel la cellule recrutement avait freiné des quatre fers, a aussi été assez mal perçu. En interne, certains reprochent à Paquet sa mainmise sur tous les dossiers, et une certaine maladresse due à une méconnaissance des codes du milieu du football. Le numéro 2 du LOSC se défend pourtant de la jouer perso. « Je ne dis pas que je partirai en vacances avec certains, mais on travaille ensemble, poursuit-il. C’est tout sauf la dictature. Personne ne détient la vérité. Surtout pas moi. Il y a un échange collégial avant les décisions importantes. Et c’est le président qui valide. Après, certains sont d’accord, d’autres non, c’est la vie d’un club. »
Certains attendent maintenant que Michel Seydoux tranche dans ce conflit comme il l’avait fait en juin dernier, au détriment de Jérôme Lestir, ex-directeur général adjoint. Dans ce climat pesant, des négociations vont être entamées avec Arsenal dans les prochains jours pour le transfert de Gervinho.
Hazard s’interroge
Rudi Garcia, rentré de ses vacances au Brésil, aurait aimé conserver tout son effectif. Mais l’Ivoirien de vingt-quatre ans rêve de poursuivre sa carrière chez les Gunners. Difficile de s’y opposer à un an de la fin de son contrat. À moins de faire une croix sur son indemnité de transfert. Lille peut-il prendre ce risque ? Certains, au club, affirment que oui.
Car après Yohan Cabaye (remplacé par Benoît Pedretti), Adil Rami (remplacé bientôt par Marko Basa), ce serait le troisième élément majeur qui quitterait les champions de France. Au point de faire douter Eden Hazard. Les représentants de l’international belge ne nient pas qu’il s’interroge. Ils affirment toutefois que sa décision, bientôt communiquée aux dirigeants, ne sera pas influencée par celle des autres cadres du LOSC. Selon le club, aucune offre n’est arrivée pour le milieu offensif de vingt ans, sous contrat jusqu’en 2015. Mais s’il choisit de partir cet été, il se verra opposer un refus catégorique. « Eden sera là la saison prochaine », martèle Frédéric Paquet. Le sujet est sensible. Le 2 juin sur Canal +, dans l’émission Les Spécialistes, Rudi Garcia avait prévenu : « Si Gervinho et Hazard partent, le président le sait, ce sera sans moi ! » L’été lillois peut réserver quelques surprises.