par Angus » 10 Jan 2012, 01:09
On ne le refera pas le Daniel...
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"Beckham n'était pas meilleur choix pour le PSG"
Selon Arrigo Sacchi, mentor dans le métier d’entraîneur, Carlo Ancelotti a eu raison de s’opposer à la venue du Spice Boy à Paris.
Il a été l’un des premiers averti que Carlo Ancelotti allait signer PSG. "Il m’a téléphoné une semaine avant Noël. Pas tant pour me demander conseil que pour échanger", confie Arrigo Sacchi, 65 ans. Le nouvel entraîneur parisien a été un joueur essentiel du grand Milan AC de Sacchi à la fin des années 1980, puis son adjoint à la tête de l’équipe d’Italie (1992-1994) avant de s’émanciper et de tout gagner avec la Juventus, Milan et Chelsea. Le "mage de Fusignano", désormais en charge des sélections de jeunes à la Fédération italienne, est convaincu de la réussite en France de son "élève".
On présente Carlo Ancelotti comme votre disciple. C’est le cas?
Oui, il y a longtemps… J’étais le professeur et lui l’élève. Je suis d’ailleurs fier que plusieurs de mes joueurs soient devenus entraîneurs : Rijkaard, Donadoni, Van Basten, Ancelotti… Notre longue histoire commune au Milan les a marqués pour toujours. Si l’équipe a eu tellement de succès (notamment C1 1989 et 1990), c’est que les joueurs ont partagé la plupart de mes idées. Plus tard, j’ai pris Carlo comme adjoint en sélection et lui ai appris d’autres choses. C’est quelqu’un de formidable, un gros travailleur. Il a beaucoup de caractère mais parfois, il ne s’affirme pas assez. À l’inverse de nombreux entraîneurs célèbres, il est très flexible. Presque trop gentil. D’un autre côté, il dégage une autorité naturelle et n’a pas besoin d’élever la voix pour être écouté.
A-t-il changé depuis votre expérience commune avec la Squadra?
C’est obligatoire tant le football évolue vite. Carlo va découvrir en France un jeu différent du Calcio et de la Premier League, peut-être moins tactique mais plus physique. Mais je le crois capable de s’adapter à tout car il tient compte de son environnement.
Va-t-il faire la révolution à Paris?
Moi, j’ai toujours fait de nombreux changements lorsque j’arrivais dans un nouveau club. Carlo n’est pas comme ça. Il est prudent et fera ses changements en douceur. Les joueurs vont le suivre car il est très humain, charismatique, presque solaire. C’est un type qui vient de la campagne, avec des valeurs simples.
Il est connu pour sa tactique en "arbre de Noël" (4-2-3-1). Peut-il en changer?
Ses principes de jeu n’iront pas à l’encontre des qualités de ses joueurs. Il va observer rapidement, écrire le script puis laisser les joueurs qu’il jugera prêts l’interpréter. Il va s’appuyer sur ceux qui partagent ses idées mais, encore une fois, il est très souple.
À Milan et Chelsea, il a gagné avec de grands joueurs. Peut-il faire aussi bien avec des éléments de niveau inférieur?
Il n’est pas seulement l’entraîneur des stars. Évidemment qu’il sait faire progresser des joueurs qui ne sont pas parmi les plus forts. Lorsqu’il a remporté la Serie B avec son premier club, la Reggiana (en 1995), il avait des joueurs moyens. Ensuite, à Parme (1996-1998), il avait quelques éléments de premier plan mais l’ensemble n’était pas supérieur à celui qu’il aura ces six prochains mois à Paris.
Des joueurs ont parfois manifesté leur mauvaise humeur sous la direction de Kombouaré. Cela passera-t-il avec Ancelotti?
Il faut être pédagogue pour éviter les comportements néfastes au collectif. Même si tu as des footballeurs talentueux, tu n’arrives à rien s’ils font la gueule. Heureusement, Carlo est très patient. Comme l’écrivait Hermann Hesse (prix Nobel de littérature en 1946) : "L’intelligence c’est bien, la patience c’est mieux." Carlo communie avec les joueurs mais en échange, son exigence est permanente.
Pato ou Kaka, deux joueurs désirés par Ancelotti, peuvent-ils transformer le PSG?
Il est rare qu’un joueur seul porte son équipe vers les sommets. Regardez Messi, Rooney, Cristiano Ronaldo ou Ribéry : à la Coupe du monde 2010, aucun de ces grands joueurs n’a eu assez d’influence pour cela. Dans un collectif qui ne tourne pas, une star ne fait pas de miracles. Le succès, c’est une idée, un collectif cohérent et onze joueurs disponibles. Aujourd’hui, la tâche principale de Carlo est de bâtir un style qui mettra en valeur les qualités de chacun. Mais s’il est bien servi, Pato peut être excellent. Et Kaka reste l’un des meilleurs actuels et un professionnel exemplaire qui ferait du bien au PSG.
Ancelotti a-t-il eu raison de refuser David Beckham?
Carlo l’estime beaucoup mais il a sûrement pensé qu’on ne démarre pas un nouveau projet avec un joueur en fin de carrière. J’aime beaucoup David, que j’ai côtoyé au Real Madrid (Sacchi en était le directeur technique en 2005), mais je pense moi aussi qu’à 36 ans, il n’était pas le meilleur choix.
Combien de temps faudra-t-il au PSG pour atteindre le top-niveau européen?
Difficile à dire. Lorsque je suis arrivé à Milan, Berlusconi m’a dit : "Je te donne trois ans" et j’ai répondu : "C’est trop". Parce qu’en fait les gens ne vous donnent jamais beaucoup de temps pour réussir dans ce milieu… Le Milan de l’époque avait de l’avance sur le PSG d’aujourd’hui. On attend de Carlo un succès rapide, il n’a pas d’alternative. Avec Leonardo, un expert, ils vont faire du bon boulot. Devenir le meilleur club français peut aller vite. Mais le nouveau propriétaire vise les sommets européens et, pour cela, il leur reste beaucoup à faire.
Le JDD du 08/1/12
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"A la base, j'ai la chance d'être intelligent. Je peux reprendre mes études après ma carrière pour, pourquoi pas, me lancer en politique" @ M'Bia