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Ancelotti
donne le ton
Hier, à Doha, le nouveau coach du PSG a dirigé ses premières
séances. L’Italien a prévenu ses joueurs : il sera très exigeant.
DOHA –
de notre envoyé spécial
CE N’ÉTAIT PAS une invitation à s’entraîner. Mais lorsque le muezzin a lancé son appel à la prière, à l’heure où un soleil couchant panachait le ciel de teintes orange et rose, les Parisiens marchaient vers les terrains du complexe Aspire dans le sillage d’un nouveau guide à l’accent italien. À Doha, hier, le PSG a brassé les cultures de sa nouvelle ère : à la mi-journée, sous les regards de Leonardo, en costume décontracté, et de Nasser al-Khelaïfi, le président du club, vêtu d’une longue dishdasha blanche, les joueurs de la capitale ont entamé leur conversion à l’« Ancelottisme ».
L’après-Kombouaré s’est ouvert, en fin de matinée, dans un salon du Torch Hotel, une tour haute de 300 mètres, au luxe dernier cri, dessinée par… un Italien. Nommé architecte du grand PSG de demain, Carlo Ancelotti n’a encore rien érigé d’aussi vertigineux. Mais, au cours de sa première causerie, il a posé quelques fondations qui sont souvent celles des entraîneurs qui prennent une équipe en cours de saison.
S’il lui était difficile d’exiger des leaders de la Ligue 1 un redressement urgent des résultats, l’ancien manager de Chelsea leur a demandé de monter de plusieurs crans dans l’implication et les attitudes. « J’attends de vous un comportement irréprochable, a insisté Ancelotti en s’adressant aux vingt-quatre joueurs convoqués (1). Je serai très strict par rapport à tout retard à l’entraînement, à votre investissement pendant les séances, à votre état d’esprit. » Face au vestiaire, le double vainqueur de la Ligue des champions sur le banc de l’AC Milan (2003, 2007) n’a pas livré de détails tactiques sur son projet de jeu, lui dont la mission majeure sera d’élever l’équilibre et la puissance du collectif parisien. Pas un mot, non plus, sur le mercato qui vient d’ouvrir ses portes.
Pastore sourit à nouveau
Effet de l’arrivée d’Ancelotti ? Ou effet de l’éviction de Kombouaré ? Javier Pastore est apparu souriant à l’entraînement. Mais l’Argentin a pu le mesurer : « Carletto » a beau venir du pays de la dolce vita, il laissera probablement une place réduite aux éclats de rire pendant les sessions de travail. Encore confronté à la barrière de la langue, lui-même a peu fait entendre sa voix, hier, sur ce site d’Aspire où des stades futuristes voisinent avec des aires d’entraînement impeccablement ciselées et un immense centre commercial, le Villaggio Mall, propriété de… Qatar Sports Investments, l’actionnaire majoritaire du PSG.
Le matin, assis sur une chaise blanche, Ancelotti est resté en discussions avec Nasser al-Khelaïfi et Leonardo, laissant Giovanni Mauri, son préparateur physique (voir par ailleurs), diriger le réveil musculaire après le long voyage de douze heures, la veille, entre Paris et Doha, via Dubaï. L’après-midi, entouré de ses nouveaux adjoints, Claude Makelele et Angelo Castellazzi, l’entraîneur a pris les clés d’une séance tournée vers la technique.
Au programme, notamment, une opposition à neuf contre huit sur terrain réduit, avec deux touches de balle au maximum et deux mots sortis de la bouche du « Mister » – « 1-0 », en français – quand Mevlut Erding ouvrit le score. Pour observer cette véritable entrée en scène du nouvel entraîneur du PSG, une quinzaine de journalistes français. Et, sur la petite colline qui surplombe le terrain, quatre femmes drapées dans des abayas noires (2), intriguées par ces footballeurs venus de Paris.
Ancelotti a fait comme elles : il a observé les joueurs. Il affinera ses premières impressions, aujourd’hui, lors d’un nouvel entraînement, puis demain, à Dubaï, où le PSG affrontera l’AC Milan en amical. D’une certaine façon, sa rigueur à l’italienne aura commencé par les mots de sa causerie et ses regards aiguisés pendant l’opposition.
Hier, en fin de journée, quand ses joueurs sont repartis vers l’immense silhouette scintillante de leur hôtel, l’appel du muezzin s’est à nouveau fait entendre. On ignore si Ancelotti a alors eu envie de prier. Redevenu entraîneur après six mois d’inactivité et son départ de Chelsea, le PSG lui donne au moins matière à méditer à nouveau. – J. T.
(1) S’ils ont pris part à la courte séance physique du matin, Chantôme, Gameiro, Matuidi et Ménez sont restés en soins l’après-midi. À noter que le professeur Gérard Saillant, qui épaule parfois le docteur Éric Rolland, le médecin du club, est présent au Qatar avec le PSG.
(2) Tenue traditionnelle du Moyen-Orient, l’abaya recouvre entièrement le corps des femmes, à l’exception du visage.