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C’est un coup énorme qui est en passe de se concrétiser : sauf renversement de dernière minute, Leonardo va devenir un dirigeant majeur du club parisien. Au Qatar le week-end dernier, l’entraîneur de l’Inter Milan a donné aux autorités locales son accord sur les grandes lignes d’un contrat de longue durée. Hier soir, d’ultimes détails restaient à régler. Mais « Leo » s’est laissé convaincre de devenir le chef d’orchestre du (très) grand PSG qu’entendent bâtir les Qatariens. Son arrivée pourrait précéder celle de Lucas, un grand espoir brésilien.
DOHA EST BIEN DEVENU le nouveau centre de gravité du PSG. Hier soir, Robin Leproux s’est envolé en direction de la capitale du Qatar, où son entraîneur, Antoine Kombouaré, avait passé la journée de dimanche. Si les deux hommes devraient encore figurer dans l’organigramme du PSG 2011-2012, leurs prérogatives devraient être rétrécies, notamment en matière de recrutement. Et la marge d’erreur de l’entraîneur s’annonce assez faible, dès le début du Championnat, le 6 août prochain.
Leproux et Kombouaré doivent désormais s’apprêter à travailler aux côtés d’un homme qui, lui, a passé à Doha une journée capitale, samedi dernier, sous les ors du palais princier : Leonardo. Signe d’un basculement du pôle de décisions, hier, en milieu de journée, le PSG affirmait que « personne, au club, n’est au courant de l’arrivée imminente de Leonardo » . Ce devait être un peu moins le cas en début de soirée, la probabilité d’un retour du Brésilien n’ayant cessé d’enfler au fil des heures. Hier soir, l’ancien milieu offensif du PSG n’attendait plus que la confirmation par écrit du contrat pour lequel il a d’ores et déjà donné un accord verbal à Tamim bin Hamad Al-Thani, le prince héritier du Qatar.
Sa venue
éloignerait
Wenger du PSG
Il y a six semaines, au moment où ils ont su qu’ils allaient acquérir le PSG, les Qatariens ont fait de Leonardo leur cible prioritaire. Caractère ambitieux, expérience des grands clubs, élégance, maîtrise de plusieurs langues (portugais, français, italien, espagnol, anglais), ouverture sur tous les continents (il a notamment évolué au Japon avant de signer à Paris, en 1996) : âgé de 41 ans, le Brésilien a vite été identifié comme celui qui pourrait être à la fois l’homme de confiance et la figure charismatique du nouveau PSG.
Rentré dimanche soir au Brésil, Leonardo se repose en famille à Rio, en attendant le dénouement d’une opération dont les grandes lignes ont filtré. Selon des sources proches du dossier à Doha, l’actuel entraîneur de l’Inter Milan a été sollicité sur un projet d’une durée supérieure à cinq ans. Une donnée qui montre à quel point c’est sur « Leo » que les nouveaux propriétaires misent pour redonner un rayonnement international au PSG. En coulisses, on parle même déjà de lui comme du nouveau « boss » du club, ce qui, au passage, éloignerait la perspective de voir arriver Arsène Wenger à court terme à Paris.
Dès vendredi, Leonardo a averti Massimo Moratti, le président de l’Inter Milan, du rendez-vous qu’il s’apprêtait à honorer à Doha. Le soir même, il était aperçu à l’aéroport de Milan en compagnie de Franck Henouda, un agent très influent dans les dossiers qui touchent au football brésilien. Sur place, les discussions ont évidemment porté sur le rôle de Leonardo, ainsi que sur les moyens mis à sa disposition. Au sujet de l’épaisseur de l’enveloppe de recrutement, les nouveaux actionnaires majoritaires du PSG (70%) ont confirmé à « Leo » que l’argent ne manquerait pas, mais qu’ils n’entendaient pas verser dans une démesure à la Manchester City.
Injoignables hier, Leonardo et Henouda n’ont pas encore confirmé la teneur des négociations. Mais des proches du dossier l’affirment : la fonction qui lui a été proposée est celle d’un directeur général ayant autorité sur tous les dossiers majeurs. Après avoir œuvré à l’AC Milan (2009-10) et à l’Inter (depuis le 25 décembre 2010), le Brésilien ne veut plus s’asseoir sur un banc, un métier qui ne l’a jamais transcendé. Il aurait néanmoins un poids prépondérant dans la politique sportive, en particulier le recrutement, domaine géré jusque-là par Kombouaré et Leproux, avec le concours d’Alain Roche, le responsable de la cellule recrutement, dont l’avenir au club est incertain. A priori, Leonardo serait beaucoup plus qu’un directeur technique, poste qu’il occupa à l’AC Milan après en avoir été un ambassadeur-recruteur. Son rôle se rapprocherait plus de celui d’Adriano Galliani, le vice-président des Rossoneri, relais permanent de Silvio Berlusconi au sein du club. Sur son seul nom, Leonardo a déjà attiré des joueurs importants, en particulier de grands espoirs brésiliens. En 2003, alors à Milan, il avait soufflé Kaka… au PSG. Huit ans plus tard, il entendrait marquer sa probable arrivée à Paris par la signature d’une nouvelle étoile montante. Ganso et Neymar, les deux prodiges de Santos, sont sur ses tablettes. Mais, au Brésil, un dossier prioritaire émerge déjà dans l’esprit de Leonardo : Lucas Rodrigues Moura da Silva, dit Lucas (18 ans), le milieu offensif du Sao Paulo FC, retenu parmi les 22 joueurs qui participeront à la Copa America (du 1er au 24 juillet, en Argentine), dont la Seleçao est double tenante du titre.
Avant de passer à l’action sur ce dossier, les Qatariens doivent déjà boucler l’arrivée de Leonardo. Dans un premier temps, le Brésilien devrait retourner à Milan pour résilier un contrat d’entraîneur qui court jusqu’au 30 juin 2012. Après quelques jours de vacances, il viendrait ensuite à Paris inaugurer ses nouvelles fonctions. En 2008, Sébastien Bazin, alors actionnaire majoritaire du PSG, avait déjà tenté de l’attirer à Paris. « Leo » avait préféré rester à Milan. Mais son rêve de revenir un jour au PSG était resté intact. En faisant signer l’ancien international brésilien, c’est tout Paris que les Qatariens s’apprêtent à faire rêver.
JÉRÔME TOUBOUL