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KEVIN GAMEIRO, l’ex-attaquant lorientais devenu hier la deuxième recrue du PSG après Nicolas Douchez, vise
le sommet de la L 1
dès la saison prochaine.
Il était aux alentours de 14 h 30, hier, quand Kevin Gameiro a signé le contrat de quatre ans qui l’attendait sur le bureau de Robin Leproux, le président du PSG, au Parc des Princes. Autour de la table, Alain Roche, le responsable de la cellule de recrutement du club, Thierry Gras, l’agent du joueur (qui est aussi celui de Guillaume Hoarau), et Nina, la compagne du désormais ex-Lorientais (22 buts en 36 matches de Championnat cette saison). Avant de s’envoler pour des vacances à Saint-Barthélemy, l’attaquant de l’équipe de France (24 ans ; 5 sélections, 1 but) s’est confié, en exclusivité pour L’Équipe, sur les raisons qui l’ont poussé vers le PSG plutôt qu’à Valence, dont il était si proche.
« POURQUOI PARIS ?
– J’ai toujours adoré le PSG et le Parc des Princes. C’est le club de ma région (1), celui qui me faisait vibrer quand j’étais petit. Après, bien sûr, il y a d’autres paramètres qui sont intervenus (il sourit).
– Quels paramètres ?
– Les dirigeants du PSG m’ont convaincu de signer ici. Ils ont vraiment fait le forcing pour m’avoir et ça m’a plu. Il y a aussi le fait que ma famille vit dans la région. Et puis, il y a eu les déclarations de Laurent Blanc, vendredi dernier, qui conseillait aux jeunes joueurs de passer encore une étape dans un gros club français avant de s’expatrier, un jour, dans de meilleures conditions.
– Le sélectionneur vous aurait recommandé en tête-à-tête de ne pas risquer de fragiliser votre temps de jeu à l’étranger…
– C’est sûr que ce sont des discussions qui comptent. C’est d’autant plus important que mon objectif est de disputer l’Euro 2012. Alors, oui, disons que ce que m’a dit le sélectionneur était un argument de plus pour signer à Paris.
– À quel moment avez-vous été certain de rejoindre Paris et non plus Valence ?
– Seulement vendredi dernier. J’ai évité de trop penser à ça pendant que j’étais avec l’équipe de France (durant la tournée en Europe de l’Est), d’autant que j’avais une carte à jouer en sélection.
– Comment avez-vous annoncé à Valence que vous ne signeriez pas là-bas ?
– Il fallait faire un choix, j’ai choisi Paris. Le foot est comme ça. Il faut respecter ma décision. On verra à l’avenir si j’ai fait un bon choix ou pas (il sourit).
– Vous étiez aussi ciblé par Lille. Pourquoi le champion de France n’a-t-il pas retenu votre attention ?
– Lille est un très gros club, que je respecte beaucoup. Mais Paris, c’est aussi un choix du cœur, j’en ai toujours rêvé et c’est peut-être pour ça que je vibrais plus à l’idée de venir au PSG plutôt qu’à Lille. Je savais aussi qu’à Lille, il y a un système de jeu et un attaquant vraiment en place (Moussa Sow, qui vient de terminer meilleur buteur de la L 1 avec 25 réalisations).
– Dans quelle mesure l’arrivée d’un fonds du Qatar dans l’actionnariat du PSG a pesé dans votre réflexion ?
– J’ai bien compris qu’un nouveau projet se mettait en place et que les Qatariens voulaient bâtir une grosse équipe. Ils visent une place en Ligue des champions dès la saison prochaine. C’est une ambition qui m’a attiré. J’ai vraiment l’impression qu’ils veulent bâtir le plus gros club de France. Je viens avec l’espoir d’accomplir de grandes choses. Être champion avec Paris serait une aventure exceptionnelle à vivre…
– Le PSG visera-t-il le titre dès la saison prochaine ?
– J’espère ! On verra l’équipe qu’on aura à la fin du mercato. Mais Paris avait déjà une très bonne équipe la saison dernière. Il lui a manqué un peu de profondeur d’effectif pour pouvoir accrocher le podium. En ajoutant de nouveaux joueurs, ça devrait faire monter les ambitions d’un cran. Paris va pouvoir viser plus haut. Pourquoi pas le titre de champion ?
– Et pour vous, un titre de meilleur buteur de la L 1 ?
– C’est toujours un objectif. Je viens d’inscrire 22 buts. Ce sera très difficile de faire mieux mais je vais tout faire pour dépasser ce total. Depuis quatre saisons, je suis assez régulier. Mais je ne dois ni me relâcher ni m’enflammer. Je jouerai mon football, sans me mettre la pression.
– La pression est souvent un concept qu’on associe au PSG. Comment l’appréhendez-vous ?
– C’est sûr qu’il y en aura plus qu’à Lorient ! Mais je vois ça comme une pression positive. J’aime cette pression qui me pousse à aller plus haut. J’ai envie de connaître ces sensations.
– Qui était votre idole lorsque vous étiez un jeune supporter du PSG ?
– Marco Simone (2). Il avait vraiment un style à lui. C’était la star de l’époque. Récemment, dans leur maison, mes parents ont refait la chambre où j’ai grandi. Il y avait encore son poster sur un mur !
– Et votre référence dans le football actuel ?
– Celui que j’aime beaucoup et qui est un peu dans mon style, c’est David Villa. C’est un attaquant qui peut marquer beaucoup de buts, mais qui sait aussi donner le ballon quand la passe s’impose.
– Comment Guillaume Hoarau vous a-t-il parlé du PSG lors de votre récent séjour commun en équipe de France ?
– Lui et Mamadou Sakho, ils m’ont un peu “piqué” pour que je vienne à Paris. C’était marrant. Il vaut toujours mieux connaître des joueurs en place lorsqu’on débarque dans un nouveau club. Je m’entends très bien avec eux. Ça devrait faciliter mon intégration.
– Votre profil semble complémentaire de celui d’Hoarau.
– On est deux buteurs qui peuvent vraiment être complémentaires. Il a plutôt un jeu de décrochages, de déviations. Moi, j’aime prendre la profondeur, faire des appels.
– Et quel a été le discours d’Antoine Kombouaré, l’entraîneur ?
– Il m’a dit que j’étais sa priorité pour aider l’équipe à grandir. Je le connaissais un peu depuis Strasbourg. Quand il entraînait les pros (de juin 2003 à octobre 2004), j’étais venu participer à une ou deux séances alors que j’étais encore au centre de formation. J’aime le beau jeu qu’il prône, l’idée que Paris est une équipe tournée vers l’attaque. C’est important parce que je ne vois pas le foot comme un exercice strictement défensif. Je sais qu’il faut un minimum de travail défensif, mais pas trop non plus. Sinon, on n’a plus de jus dans le dernier geste ou pour aller vers l’avant.
– Quel bilan tirez-vous de votre dernier passage chez les Bleus ?
– Très positif. J’ai eu du temps de jeu (3) et j’ai réussi à marquer, ce qui est primordial pour un attaquant. C’est de bon augure pour la suite et pour la confiance que le sélectionneur peut m’accorder. On progresse toujours au contact des Bleus.
– Quelle marge vous sépare aujourd’hui de Karim Benzema ?
– Il faut le demander à Laurent Blanc. Quand je suis sur le terrain, je me donne à 100 %. Pour l’instant, dans la hiérarchie, je ne sais pas si je suis deuxième, troisième ou quatrième. À moi de prouver sur le terrain que je peux devenir titulaire. Mais chaque chose en son temps. Je suis quelqu’un d’assez patient.
– Quel numéro porterez-vous à Paris ?
– Je ne sais pas encore. Il y a un numéro que j’aime bien (le 9), mais je vais le laisser à Guillaume (Hoarau) ! (Il rit) »
JÉRÔME TOUBOUL
(1) Gameiro est né à Senlis (Oise), le 9 mai 1987, puis a grandi en Île-de-France, à Marly-la-Ville (Val-d’Oise).
(2) L’attaquant italien a joué au PSG entre 1997 et 1999.
(3) Il était titulaire et a marqué contre l’Ukraine, 4-1, le 6 juin, et a remplacé Hoarau à la 78e minute contre la Pologne, 1-0.