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Paris, deux recrues,
deux questions
Les arrivées imminentes
de Mohamed Sissoko
et de Salvatore Sirigu vont porter à sept le nombre de renforts du PSG. Et bousculent
certaines hiérarchies.
IL FUT UN TEMPS, en Angleterre, où il y avait Chelsea et les autres. Aujourd’hui, en France, il y a le PSG et les autres. Au cœur d’un marché des transferts sans souffle ni passion, le club de la capitale en est devenu l’attraction unique. Entré dans le giron de Qatar Sports Investments, détenteur de 70 % des actions depuis le 30 juin, le PSG aura bientôt investi 40,2 M€ (hors bonus éventuels) pour se renforcer cet été. Dernières dépenses prévues, celles liées aux arrivées de Mohamed Sissoko (7 M€ et 1 M€ de bonus), le milieu défensif de la Juventus Turin, et de Salvatore Sirigu (3,5 M€), le gardien de Palerme. Ces deux signatures imminentes indiquent que le PSG aspire à entamer le Championnat, le 6 août, contre Lorient, avec un effectif le plus complet possible. En filigrane, quelques interrogations se font jour, notamment sur la hiérarchie des postes concernés.
QUE VAUT SISSOKO ?
Du côté des Qatariens, c’est un autre Sissoko, Moussa (21 ans, Toulouse), qui figurait sur les tablettes le mois dernier. L’arrivée de Leonardo et son expertise du marché italien ont tourné les regards du PSG vers « Momo » Sissoko (26 ans), qui n’a jamais joué en Ligue 1. Formé à Auxerre comme meneur de jeu, il avait quitté la réserve de l’AJA en 2003, à dix-huit ans, pour s’engager avec Valence. En Espagne, il se mettra en valeur pendant deux saisons, au point de séduire Liverpool. Chez les Reds, il disputera une première saison consistante en 2005-2006 (26 matches de Premier League, 10 en Ligue des champions), avant de subir une concurrence forte de joueurs comme Steven Gerrard et Xabi Alonso. En janvier 2008, il partira à la Juve, où il ne s’imposera jamais vraiment, entre les blessures et les choix d’entraîneurs.
Cette saison, son horizon turinois ne semblait pas parti pour s’éclaircir, ce qui laisse planer un point d’interrogation sur son envergure actuelle, autant que le peu de sollicitations concrètes qu’il a reçues cet été, en dehors de Stoke City et de la Real Sociedad. La Juve, où il était sous contrat jusqu’en 2013, semblait même disposée à le prêter pour s’alléger d’un salaire annuel de 2,7 M€ nets d’impôts. Des émoluments qui, à Paris, en feront le joueur le mieux payé du vestiaire.
Leonardo suivait déjà Sissoko quand il entraînait l’Inter Milan, entre janvier et mai. Quand il est en forme, ce puissant milieu axial, capable également d’évoluer à droite, affiche un impact énorme dans les duels, au sol comme dans les airs. Et sa capacité à se projeter vers l’avant dessine un autre atout. C’est en pariant sur ce potentiel que le directeur sportif a convaincu le joueur, dimanche dernier, de rejoindre Paris, où il doit signer pour trois ans.
Présent, hier, dans la capitale, Sissoko s’est entretenu avec Antoine Kombouaré, l’entraîneur parisien. A priori, le Malien vient pour former un ticket avec Blaise Matuidi, associé à Clément Chantôme, avant-hier, à Innsbruck, lors des matches d’une mi-temps disputés face au FC Wacker (1-0) et à l’AS Rome (3-0). Joueur le plus en vue du PSG la saison dernière, avec Mamadou Sakho et Nene, Chantôme pourrait être une victime de l’arrivée de Sissoko. Même si, dans un passé récent, il a déjà surmonté la concurrence.
SIRIGU FRAGILISE-T-IL DOUCHEZ ?
Tout en parlant avec Palerme du milieu offensif argentin Javier Pastore (22 ans, sous contrat jusqu’en 2015), en balance entre Paris et Chelsea, Leonardo a visiblement avancé sur le dossier du gardien. Un dossier dont l’urgence a enflé avec l’entorse à la cheville droite contractée par Nicolas Douchez, désormais incertain pour la reprise de la L 1. Titulaire dans le but du club sicilien ces deux dernières saisons (69 matches de Serie A), Salvatore Sirigu (24 ans, lié à Palerme jusqu’en 2014) est aujourd’hui sur le point de signer un contrat de quatre ans à Paris.
« Leo » a creusé cette piste après le refus de la Juve de lui céder Marco Storari (33 ans), la doublure de Gianluigi Buffon. Très athlétique (1,92 m, 80 kg), Sirigu n’apparaît pas, sur le papier, comme une simple doublure de Douchez, fraîchement arrivé de Rennes. Son statut de troisième gardien de l’équipe d’Italie – où il compte déjà deux sélections – nourrit l’idée que Sirigu va difficilement s’engager avec Paris pour s’y asseoir régulièrement sur le banc.
Sur les matches de préparation qu’il a disputés, Douchez s’est montré solide. Mais le statut de numéro 1 ne lui est pas offert sur un plateau. Les cartes semblent même redistribuées au poste de gardien. Une fois Douchez revenu de blessure, Kombouaré devra clarifier la hiérarchie. Quant à Leonardo, il vient de recruter cinq joueurs en quelques jours (avec dèjà Matuidi, Ménez et Bivesac). En Roumanie, on évoque désormais son intérêt pour Gabriel Torje (21 ans), le prometteur attaquant international du Dinamo Bucarest. Assurément, c’est sur l’arrivée d’un jeune élément de classe mondiale – comme le Brésilien Ganso (21 ans, sous contrat à Santos jusqu’en 2015) ou Pastore – que les Qatariens vont désormais scruter l’impact de Leo sur le dynamique marché parisien.
JÉRÔME TOUBOUL
et DAMIEN DEGORRE