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FOOTBALL Paris va-t-il tout casser ?
Guetté par la morosité, le marché des transferts de la L 1 devrait dépendre de l’activité du PSG et de son propriétaire qatarien.
PERSONNE ne connaît encore le montant exact de son enveloppe. Pour une simple et bonne raison : il n’est pas sûr qu’une limite soit réellement fixée à la manne que le PSG s’apprête à investir sur le marché des transferts qui s’est ouvert à minuit et qui refermera ses portes, le 31 août, à 23 h 59. Depuis l’officialisation, le 31 mai, de l’arrivée des Qatariens au PSG, dont ils ont acquis 70 % du capital, les fuites sont rares sur les intentions des nouveaux actionnaires. Mais elles vont toutes dans le même sens, parmi les proches du dossier : le nouveau propriétaire du club de la capitale s’apprête à frapper fort, très fort même, sur le marché des transferts. Ce ne serait pas une première dans l’histoire du club : en 2000, Paris avait lâché près de 75 M€…
Au moins 50 M€ pourraient être dépensés cet été pour renforcer une équipe que le nouvel actionnaire entend qualifier directement pour la Ligue des champions 2012-2013, avant d’envisager de lui donner les moyens de jouer un rôle majeur sur la scène européenne… Une liste de cibles prioritaires est en cours de finalisation, mais apparemment plus dans un palais de Doha qu’au siège du PSG. Il en filtre peu d’éléments, ce qui ouvre la voie à tous les fantasmes du moment, dont seuls Messi, Ronaldo et Rooney sont exclus. Mais il en ressort une ligne directrice qui pourrait se heurter à la fois aux attentes d’Antoine Kombouaré –dont le casting se focalise sur la L1– ainsi qu’à celles des autres clubs français, qui espèrent que ce « Manchester City » parisien dépense sa fortune nouvelle sur le marché hexagonal.
Le PSG version Qatar voudra a priori axer son recrutement sur des joueurs de dimension internationale. Parce qu’il y voit un moyen plus sûr de faire franchir un cap sportif au PSG. Et parce que sa stratégie globale l’exige : à travers Al-Jazeera Sport, le Qatar diffusera la L1 dans le monde entier à partir de 2012, avec le PSG en tête de gondole. Dans cette logique, une future clientèle de téléspectateurs et de fans étrangers va être peu à peu visée. C’est pourquoi le nouvel actionnaire réfléchirait notamment à la venue d’une star japonaise, qui pourrait être Shinji Kagawa (22 ans), le milieu offensif de Dortmund, ou Keisuke Honda (25 ans), milieu offensif du CSKA Moscou. Si elle se confirmait, la venue de Guillermo Ochoa (25 ans), le gardien international mexicain, s’inscrirait aussi dans cette logique autant qu’elle jetterait un trouble sur la situation de Nicolas Douchez, un dossier bouclé avant la vente.
Le reste de la L1
jure de faire
preuve de mesure
« Les nouveaux actionnaires du PSG pourraient aussi décider d’assécher le marché français comme le faisait Lyon avant, quitte à " surpayer " des joueurs, estime l’agent de joueurs Bruno Satin. Il y a aussi d’excellents joueurs de L1 comme Yann M’vila (20 ans) qui sont devenus accessible pour Paris, alors qu’ils ne l’étaient pas avant…» Franck Belhassen, un autre agent, confirme : « Si le PSG investit son argent en France, le marché peut être très animé. Si c’est sur l’étranger, la donne sera très différente. »
La donne risque même d’être morose. Elle dépendra en partie du résultat de l’appel d’offres sur les droits TV de la L1 qui doit être connu le 20 juin. Si la LFP parvient à maintenir le niveau des droits actuels (668 M€ par an), le marché trouvera une certaine dynamique, même si la L1, dont les comptes sont à nouveaux plongés dans le rouge, jure qu’elle fera preuve, cette fois, de plus de mesure. C’est une tendance qu’on retrouve notamment à Marseille et à Lyon, où les dirigeants espèrent réduire la voilure, laissant présager un contraste avec l’appétit fastueux du PSG.
La morosité globale de la L1 pourrait d’ailleurs dessiner un obstacle sur l’été parisien. « Il y a un déficit d’image pour attirer des grands joueurs étrangers en France, observe l’agent Jeannot Werth. C’est un Championnat peu médiatisé en Europe et parfois perçu comme peu glamour par les étrangers. C’est ce qui est entré récemment dans la réflexion d’un joueur comme Miroslav Klose, qui penche plus pour l’Italie. Et puis, le PSG ne jouera pas la Ligue des champions la saison prochaine…» Au-delà des inconnues financières, c’est un argument qui pèserait aussi dans l’esprit d’un joueur comme Samuel Eto’o (Inter Milan), qui ne s’imagine pas passer une saison sans disputer la plus grande des compétitions de clubs