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José Anigo, sa vie sans son fils Adrien
Dans une longue interview publiée aujourd'hui dans Paris Match, l'ancien directeur sportif de l'OM, José Anigo, raconte ses relations avec son fils Adrien, assassiné le 5 septembre 2013. L'actuel recruteur du club, chargé du continent africain, attribue l'attrait de son fils pour la délinquance à son divorce : "Quand je me suis séparé de sa mère, Adrien a voulu vivre avec moi, j'en ai eu la garde (...) J'ai demandé de l'aide à ma mère. Elle habitait toujours à Consolat, où j'ai grandi, une zone sensible dans les quartiers Nord. Adrien a été scolarisé au collège Jules-Ferry, c'est là qu'il a rencontré les mauvaises personnes. Les cités sont des centres de formations pour la délinquance. Il a trouvé dans la rue ce qu'il n'avait pas à la maison. Je pense que sa mère lui manquait, je ne pouvais pas jouer les deux rôles."
Selon José Anigo, Adrien avait pris conscience de ses actes en prison, d'où il est sorti en février 2010, et envisageait de suivre son père au Maroc afin de fuir Marseille : "A Marseille, il y a toujours quelqu'un du passé qui vous rattrape. Impossible de s'extirper des griffes du Milieu, sauf en fuyant. En abandonnant la ville. Adrien voulait le faire, emmener sa famille loin d'ici, nous suivre au Maroc. Et recommencer une autre vie. C'était prévu en 2014. Mais il nous a manqué six mois pour le sauver..."
Aujourd'hui, José Anigo attend beaucoup de l'enquête. "Je veux mettre un visage aux mains qui l'ont assassiné. Je ne trouverai pas la paix sans réponses à ces questions." Et confesse avoir envisagé le pire : "Lors d'un déplacement à Naples avec l'OM, en octobre dernier, j'ai songé à rejoindre Adrien. Nous étions sur la terrasse d'un grand hôtel et je regardais en bas, en pensant que c'était le bon endroit pour partir. J'ai senti ma vie tenir à un fil. Puis j'ai réalisé que je ne pouvais pas abandonner ma famille."
Installé désormais loin de Marseille, il n'envisage pas y revivre sa vie : "Je reviendrai pour y être enterré à côté de mon fils, car j'aime passionnément ma ville. Mais aujourd'hui je ne peux vivre avec elle. Tout me rappelle Adrien. Et puis à l'OM, les Marseillais, les supporteurs, les médias ne me supportent plus. A cause des mauvais résultats de l'équipe, des histoires. Mais aussi, comme en politique, au bout de vingt-cinq ans, on en a marre de voir les mêmes tronches."