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« Nous ne sommes pas
des enfants »
TD
JOSÉ ANIGO, le directeur sportif de l’OM, se dit prêt à normaliser ses relations, aujourd’hui inexistantes, avec Didier Deschamps, l’entraîneur.
Le directeur sportif de l’OM revient de quelques jours de vacances au Sénégal. En cette fin d’après-midi, José Anigo, teint halé, a accepté de recevoir L’Équipe dans les locaux du club. Posé, il n’a éludé aucune question, pesant chacun de ses mots. Il est revenu sur ses relations avec Didier Deschamps, l’entraîneur marseillais, avec Vincent Labrune, son président. Et sur son rôle au sein du club.
« VOUS N’ÉTIEZ PAS présent en début de semaine à Peralada, en Catalogne, pour la reprise de l’OM. Il y a longtemps que vous n’aviez pas raté un stage du groupe professionnel…
– C’est vrai. J’étais moins aux matches (de l’OM) aussi, ces derniers temps. J’en vois beaucoup. C’est ma feuille de route. Celle d’un directeur sportif classique qui se concentre plus sur le recrutement d’aujourd’hui et de demain.
– On ne peut pas s’empêcher de penser que ce recul est lié à votre échange houleux avec Didier Deschamps (1).
– C’est une des conséquences. Par la force des choses, j’ai retrouvé la base de mon métier. Mais je vous rassure, les matches de l’OM, je peux y aller si j’en ai envie. Je vais d’ailleurs y retourner. Certains m’intéressent. Je continue à parler aux joueurs de manière normale. J’en ai eu beaucoup au téléphone avant et pendant les fêtes. Et puis mes rapports avec le président, l’actionnaire et l’ensemble des salariés du club sont les mêmes qu’avant. Aussi bons.
– Vincent Labrune a quand même annoncé que vous aviez écopé d’une amende…
– Le but, ce n’était pas de placer le président dans une situation inconfortable. Pour le club, la situation la plus confortable, c’était que j’assume les conséquences de mes déclarations. Cela ne m’a posé aucun problème, vu mes très bons rapports avec le président. Je souhaite à tous les directeurs sportifs d’avoir les mêmes avec le leur. Maintenant, ce genre de situation permet d’apprendre.
– Avez-vous des regrets ?
– J’aurais peut-être dû le dire ou le faire différemment. Peut-être. Pour moi, c’est loin. C’est du passé. Je ne changerai pas. La langue de bois, ce n’est pas mon truc. Derrière, j’assume toujours.
– Le mercato a commencé. Vous êtes censé être en relation avec l’entraîneur. Comment fonctionnez-vous ?
– Cela n’a pas changé. Je sais quels sont les besoins de l’entraîneur. Il parle avec le président. J’ai des relations avec mon président.
– Vincent Labrune fait donc l’intermédiaire.
– J’ai Vincent plusieurs fois par jour. Didier, de son côté, aussi. Mon président me dit “on cherche ça” et je cherche. Ça me va très bien. C’était comme ça avant, d’ailleurs. Pour ceux qui le découvrent, le club vient de gagner cinq titres avec ce fonctionnement (2). Avec Jean-Claude Dassier (le président entre 2009 et 2011), déjà, les informations, je ne les tenais jamais de l’entraîneur. Comme ce clash a été médiatisé, tout le monde a pensé que l’on ne pourrait plus travailler ensemble.
– Cela peut-il durer ?
– À un moment, il faudra bien qu’on se pose et qu’on travaille en se parlant. Nous ne sommes pas des enfants. Même si on ne sera jamais les meilleurs amis du monde, rien ne nous empêche de nous parler.
– En seriez-vous capable ?
– Moi ? oui, sans aucun problème. Même sans revenir sur le passé. Tout le monde avait besoin de digérer. Moi compris. On repart sur une deuxième partie de Championnat où l’on sera amenés à se mettre autour d’une table pour discuter. Je n’ai aucun souci.
– Franchement, êtes-vous vraiment heureux de votre situation actuelle ?
– Ne pas aller voir les matches, par moments, ça me manque. Accompagner ton équipe quand il faut mettre de l’huile dans les rouages, c’est bien. Mais ce n’est pas forcément mon rôle premier. J’ai redécouvert ce que je faisais avant. Aller chercher du talent, c’est mon vrai boulot. Et je pense que je me défends assez bien. Ces dernières années, comme on a eu un peu plus d’argent, je l’ai un peu perdu de vue. L’OM, c’est pourtant une machine à fabriquer des vedettes.
– Qui est appelée à rivaliser contre une machine composée de vedettes aguerries, le PSG.
– Peut-être. Mais on n’a pas d’autres choix. Notre actionnaire a investi énormément d’argent. Mais en face, il y a une machine à dépenser du fric. Pourtant, je ne suis pas certain que le PSG avec tout son argent soit champion demain ou après-demain. En face, il y a Lille, Lyon ou Marseille. Notre ambition demeure, même si ce sera plus dur.
– Quels sont vos objectifs pour le mercato de janvier ?
– Se séparer d’un ou deux joueurs. Après, en trouver un qui peut apporter quelque chose. Devant, la blessure de Gignac complique la donne pendant la CAN (21 janvier-12 février). Avec les frères Ayew, on a trois joueurs sur le carreau. Je comprends que l’entraîneur trouve cela pénalisant.
– C’est compliqué.
– Didier et moi, nous savons que le club n’a pas les moyens de faire quelque chose de très haut sur le plan financier. Après, il y a toujours des solutions. Il y a des matches importants en Championnat à partir du 15 janvier (contre Lille). Il faudrait un renfort avant. Mais faire vite et n’importe quoi, ce n’est pas la solution. Sachant qu’on ne prendra pas un gros salaire sans avoir vendu au préalable. Enfin, ces décisions appartiennent à l’actionnaire.
– Plusieurs noms ont été cités. Borriello, mais aussi Kakuta…
– Borriello, on n’avait pas les moyens (il a été prêté à la Juventus par l’AS Rome). Ça me fait sourire, comme quand je vois que l’on est en concurrence avec Dijon pour Kakuta. Patrice Carteron (l’entraîneur de Dijon) parle sans savoir. On n’a jamais contacté Kakuta. Je cherche un avant-centre. Si je m’étais mis sur les rangs, sans faire offense à Dijon, je pense que le joueur aurait préféré faire une Ligue des champions.
– Travaillez-vous au départ de Lucho ?
– Non. Son cas est très particulier. Humainement, c’est un garçon exceptionnel. Ça reste un bon joueur, hyper connu en Europe. Il ne peut pas aller n’importe où. Il a un standing de bon joueur européen. On n’a pas parlé de départ pour janvier, avec lui en tout cas.
– Et Gignac ?
– Gignac, ç’aurait été plus facile de trouver un prêt s’il n’était pas blessé. Cela ne ferme pas la porte à une possibilité. Lui comme nous, on écoutera attentivement s’il y a une proposition.
– De Fulham ?
– Martin Jol apprécie le joueur. Tout va dépendre de la manière dont il va se retaper. Avant la fin du mercato, rien n’est fermé.
– Revenons à vous. Dans votre fonctionnement, privilégiez-vous certains agents ?
– Je suis prêt à travailler avec tous les agents du monde qui nous apportent un bon joueur. Ceux avec qui je bosse travaillent avec plein de clubs. Ce sont des gens sérieux.
– Ce qui est souvent sous-entendu, c’est que vous êtes rétribué sur les transferts…
– On peut tout dire sur moi sauf ça. Mon mauvais caractère, tout ce que l’on veut, mais pas ça. Je n’ai jamais mis le doigt là-dedans. Je gagne bien ma vie, je suis un privilégié. Je n’ai pas besoin de faire ça. Pape Diouf, Jean-Claude Dassier et Vincent Labrune désormais voient bien comment et avec qui on travaille.
– On sent pourtant que le sujet vous énerve.
– Oui, car ce qui est colporté me gonfle. Un lobbying médiatique malsain a été fait autour de moi… J’ai retrouvé beaucoup de paix et de calme mais il faut que je m’élève contre ça. Si je ne le fais pas, les gens finiront pas penser que c’est vrai.
– La réalité…
– La réalité, c’est que je n’ai pas la signature des contrats. Je n’interviens pas dans les discussions financières. Mon boulot commence à la prospection et s’arrête au moment où j’ai emmené l’agent dans le bureau du directeur financier et du président. Je connais les exigences du joueur et de son club. Je les transmets à mes dirigeants. Après, ce sont eux qui font le deal. Dire autre chose, c’est méconnaître le système du club.
– Quel est le transfert dont vous êtes le plus fier ?
– C’est Valbuena. En l’enrôlant, j’ai payé mon salaire pour les dix années suivantes. Ce gamin nous a coûté 80 000 euros. Je suis fier d’être allé chercher Mandanda en L 2, Kaboré, Taiwo que personne ne connaissait. Je suis fier d’avoir cassé les pieds à tout le monde pour prendre Amalfitano. André Ayew, je suis allé voir Pape quand il avait seize ans pour le faire signer. Rémy, ce n’était pas forcément le joueur que l’on voulait quand je suis allé le chercher. D’ailleurs, il devait partir à Hoffenheim. Un avion privé l’attendait. On a bouclé son transfert en moins de quarante-huit heures. Personne ne le regrette.
– Nkoulou est la vraie bonne pioche de l’été dernier.
– Je suis proche de Maxime Nana, son agent. On était à la bagarre avec Lyon, une garantie de sérieux. Il a fallu ruser. Bernard (Lacombe) voulait à tout prix le faire.
– Vous l’avez piégé ?
– (Sourire.) Il a fallu être malin. En gros, Bernard était persuadé qu’on avait bouclé le transfert alors que ce n’était pas le cas. Vu ce qu’il fait chez nous, cela aurait été dommage. C’est un joueur assez énorme. »
(1) Le 21 octobre, Didier Deschamps avait d’abord sous-entendu le rôle néfaste de certains dans le club, visant implicitement José Anigo. Le lendemain, au soir de la victoire sur Ajaccio (2-0), ce dernier avait répliqué : « Ça suffit de dire que c’est la faute à Untel ou à Untel (…), de se prendre toujours pour Caliméro. Dans la situation actuelle de notre équipe, c’est de l’irresponsabilité. De la connerie. »
(2) Le titre de champion 2010, les Coupes de la Ligue 2010 et 2011, les Trophées des champions 2010 et 2011.
Ça me fait sourire, comme quand je vois que l’on est en concurrence avec Dijon pour Kakuta. Patrice Carteron (l’entraîneur de Dijon) parle sans savoir. On n’a jamais contacté Kakuta. Je cherche un avant-centre. Si je m’étais mis sur les rangs, sans faire offense à Dijon, je pense que le joueur aurait préféré faire une Ligue des champions.
Le 7 juillet 2011, il devient le nouveau directeur sportif du Real Madrid.
Motivé par un besoin d'« apprendre ce qui [lui] a fait défaut [lorsqu'il était] plus jeune et de pouvoir demain apporter à [son] sport », il s'est inscrit à la rentrée 2011 à la formation de manageur général de club sportif dispensée par le Centre de droit et d'économie du sport de Limoges.
Il devient également en 2011 directeur sportif du New York Cosmos, club américain dont la réintégration en Major League Soccer est prévue pour 2013.
marcassin a écrit:"je sais ce que l'entraineur veut parce que le président me le dit et je dit au président ceux qu'on me propose comme joueur ,qui le propose à l'entraineur"
Non mais imaginez le cinéma à chaque fois
Flys a écrit:Un truc qui m'a fait marrer
trouvez l'intrus :
http://s.om.net/om/image/wallpaper/fr/g/2/293.jpg
(En même temps on est sur le topic J. A.)
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