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Lundi, au moment même où il martelait sur les ondes de RMC sa détermination à assumer ses responsabilités jusqu'au terme de la saison, José Anigo donnait de la voix sur le terrain du centre d'entraînement Robert Louis-Dreyfus. "Ne faites pas n'importe quoi !", lançait-il à ses joueurs au cours d'un exercice d'échauffement.
Ce tour de passe-passe rendu possible par la magie de la technique n'a donc pas permis aux Olympiens d'entendre le discours de leur entraîneur/directeur sportif, dans la droite lignée de celui distillé à la sortie du calamiteux OM-Rennes (0-1). Depuis samedi soir, celui-ci n'a pas varié d'un iota : "Les joueurs sont les acteurs et ils doivent aussi assumer leur part", a relevé Anigo, refusant cependant de reconnaître avoir "lâché" son effectif.
La vie olympienne
La direction olympienne, dans son ensemble, a pourtant bien réalisé un virage à 180° dans sa stratégie de communication. Quand Élie Baup - sacrifié pour ne pas avoir su mettre son groupe au pas - n'avait de cesse de protéger son effectif, le tandem Labrune/Anigo n'hésite plus à fustiger publiquement le comportement des joueurs. Le Haut-Garonnais avait pourtant tiré la sonnette d'alarme en interne. Il n'a pas été entendu. "C'est en mettant les pieds dedans que José s'est réellement rendu compte de la situation", explique un proche du club.
Vincent Labrune pensait que son directeur sportif aurait la poigne et l'aura suffisantes pour recadrer son petit monde. Ce n'est pas le cas. Depuis son intronisation, le 7 décembre, Anigo doit composer avec une multitude de petits tracas quotidiens qui polluent le collectif et ont peu à peu raison de sa motivation. "Il n'en peut plus, dévoile-t-on dans son entourage. Surtout, après ce qui lui est arrivé (l'assassinat de son fils Adrien, ndlr), il n'a plus trop la tête à gérer ce genre de conneries."
Du côté de La Commanderie, il n'est ainsi pas rare d'entendre l'entraîneur olympien se plaindre de la production de ses troupes au gré des "ils me rendent fou", ou d'ajouter des séances d'entraînement. Et même de faire le tour des chambres au coeur de la nuit, lors des mises au vert, pour mettre un terme à d'interminables parties de Perudo, jeu de dés qui fait fureur dans le vestiaire. Lequel ressemble davantage à une joyeuse colonie qu'à une véritable équipe de pros...
Pas encore pros...
Thauvin, Imbula, Mendy, Lemina... Ces noms ont animé le marché estival de l'OM 2013, donnant corps au fameux "projet Dortmund". Depuis, ils rongent leur frein sur le banc. "Dans notre situation difficile, j'ai voulu les protéger", explique Anigo. Mais la mise à l'écart de la classe biberon n'est sans doute pas due qu'à cette seule explication. Depuis plusieurs mois, son comportement fait jaser ; éclats de voix déplacés, porte cassée dans les vestiaires, retards répétés à l'entraînement - certains ayant même des amendes s'élevant à près de 20 000 euros ! - ou escapades en fin de semaine dans les hauts lieux des nuits lyonnaises ou parisiennes, tout cela commence sérieusement à faire désordre. "Ce ne sont pas des pros", pestent même quelques voix.
Le lourd investissement consenti l'été dernier interdit cependant à l'OM de faire machine arrière. Le club va donc devoir prendre son mal en patience et composer avec eux pour la saison prochaine. Et sans doute essayer de les relancer dans cette fin de saison sans enjeu réel. "Je vais peut-être devoir les envoyer un peu au feu", dévoilait ainsi Anigo hier, déçu par le comportement de ses cadres.
Des cadres à bout
Des cadres, justement, qui se sont avérés incapables de permettre à l'OM d'accrocher le wagon qui lutte pour le podium. Le club avait pourtant décidé de conserver son ossature vaille que vaille l'été dernier, en dépit notamment des offres de Monaco. Mais pour beaucoup, cette saison prend des allures de celle de trop à Marseille. Le ressort de la revanche, utilisé à merveille par Baup l'an dernier, est définitivement cassé.
Aujourd'hui, la sérénité de Nkoulou n'est plus qu'un lointain souvenir, l'assurance de Cheyrou s'est évaporée, Mandanda traîne son spleen et il faut regarder les matches des Bleus pour retrouver trace du génie de Valbuena. Quant à Souleymane Diawara, voix qui compte dans le vestiaire, il semble avoir intégré l'idée de ne plus postuler pour une place de titulaire. La surprenante déclaration du directeur sportif le mois dernier, qui annonçait un profond renouvellement de l'effectif, n'est peut-être pas étrangère à tout cela. "Il y aura peut-être plus de départs que ce que l'on croit", a-t-il insisté lundi, regrettant aussi un manque de "leader". "Il est possible que certains regardent les autres jouer car on ne peut pas continuer comme ça."
Des cas épineux
D'autres épines sont plantées dans les pieds des Olympiens. Arrivé en janvier d'Évian Thonon Gaillard, Brice Dja Djédjé a disparu des radars depuis sa titularisation à Saint-Étienne, où il estimait pourtant "avoir marqué des points". Depuis, le latéral droit ne comprend pas son absence totale de temps de jeu, guère en adéquation avec les discours tenus avant son arrivée. Cadre parmi les cadres, le discret Alaixys Romao attend, de son côté, des nouvelles du club concernant une renégociation salariale. Une promesse qui lui a été faite l'année dernière, avant qu'il ne devienne un titulaire indiscutable du onze olympien. Mais le Togolais, un des plus petits salaires de l'effectif, ne ferait plus partie du projet olympien pour le futur proche...
Reste le cas Khalifa. Le non-départ du Tunisien l'hiver dernier pour le Qatar n'a toujours pas été digéré par l'état-major olympien. D'autant que de blessures sans réel fondement médical à des allers-retours non autorisés en Tunisie, Saber Khalifa s'est totalement isolé du reste du club. Une erreur de casting parmi d'autres dont le club devra tirer les conséquences.