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Son nom a disparu de la rubrique "mercato". Pourtant, son salaire, le plus important de l'effectif, devrait le propulser en tête daffiche de celle-ci, à l'heure où la principale obsession des hautes sphères du club reste la réduction significative des dépenses. Mais aujourd'hui, André-Pierre Gignac est plus que jamais parti pour rester. Et pas seulement car sa valeur marchande a dégringolé.
Il y a seulement deux mois, plus personne ne croyait en son avenir à l'OM. Ses plus farouches sympathisants, même dans son entourage proche, lui conseillaient de mettre un terme à son aventure marseillaise. Sur un constat d'échec. Mais l'homme est têtu. Borné même, refusant systématiquement de s'ouvrir sur l'extérieur en cultivant un silence qui dessert davantage ses intérêts quil ne lui rend service. Tant pis, il est comme ça, APG.
"Il n'est pas méchant, cest au contraire un brave garçon", assure-t-on au club. L'enfant de Fos na qu'un désir : réussir à l'OM, ce club qu'il chérit tant, et s'y inscrire dans la tradition des grands buteurs qui ont forgé sa légende. Alors, il a serré les dents. Sa saison 2011-12, pourrie par les blessures et des rapports conflictuels avec Didier Deschamps, aurait dû avoir raison de sa foi. Elle n'a fait que la renforcer. Il y a deux semaines, il avouait sur le site officiel du club qu'il avait "énormément" souffert de cette situation, mais qu'il en ressortait "plus fort mentalement".
"Il a mûri", reconnaît d'ailleurs Élie Baup, qui retrouve APG cinq ans après l'avoir quitté, à Toulouse. "Il s'est complètement métamorphosé", s'enthousiasme même un membre du staff, en comparaison avec le Gignac de la saison dernière. "Dans son comportement au quotidien, dans son état d'esprit, ce n'est plus le même homme. Le départ de Deschamps semble l'avoir libéré dun poids énorme..."
Sur le terrain de Divonne-les-Bains, où l'OM est en stage depuis dimanche dernier, Gignac est un élève attentif aux consignes d'Élie Baup et Franck Passi, impliqué dans tous les exercices. Le premier aussi à chambrer ses coéquipiers. Conquis, le staff lui a octroyé le numéro 9 pour la saison prochaine. Un signe fort de la confiance qu'il lui témoigne. Un numéro quil a étrenné mercredi soir, à Carouge, contre le FC Thoune (3-3). S'il n'a pas marqué, comme ce fut le cas face à Nîmes, le meilleur buteur de Ligue1 2008-09 s'est procuré plusieurs occasions et a également su se rendre disponible pour le collectif.
Il est d'ailleurs à l'origine de légalisation olympienne, décrochant pour aspirer son défenseur et laisser le champ libre à Amalfitano, après un relais avec Valbuena. Va-t-on découvrir un APG tout neuf cette saison ? Si l'ancien Martégal semble sur la bonne route, celle-ci semble encore longue et semée d'embûches. Nerveux face à Nîmes, il n'a pas su non plus se maîtriser contre Thoune, balançant un coup de pied vengeur dans les tibias d'un défenseur suisse quelques minutes après que Valbuena sest fait secouer.
APG, à la fois chahuteur du vestiaire et incorrigible sanguin. Mardi, à l'entraînement, le ton était d'ailleurs monté avec Charles Kaboré, auteur d'un tacle appuyé. "Tu ne t'excuses pas ?", lançait-il au Burkinabé, lequel se replaçait en silence. Une insulte fuse alors. Les deux hommes s'expliquent, la tension monte sous le regard attentif de Stéphane Mbia. L'incident n'ira pas plus loin mais prouve que l'équilibre reste fragile. Dautant qu'APG est attendu au tournant par les supporters olympiens. Parfois applaudi, souvent conspué, il sait qu'il ne bénéficiera daucun délai pour les convaincre. Et prouver qu'il a eu raison de s'accrocher. Envers et contre tous.