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Anigo a repris le pouvoir
Mis à l’écart de l’équipe première pendant huit mois, le directeur sportif de l’OM est redevenu décisionnaire depuis le départ de Didier Deschamps, remplacé par Élie Baup.
MARSEILLE –
de notre envoyé spécial
C’ÉTAIT LE 5 JUILLET, à Crans Montana. Dans cette station suisse, perchée à 1 500 mètres d’altitude, José Anigo a rompu le silence auquel il était tenu depuis des mois. De retour dans la délégation marseillaise pour ce stage de préparation, le directeur sportif olympien a retrouvé de la voix. À l’occasion de la première conférence de presse de l’OM de la saison, il est même monté sur l’estrade, au côté de son président, Vincent Labrune, pour présenter Élie Baup, le nouvel entraîneur. La présence du dirigeant au crâne rasé n’était pas anecdotique. Âgé de cinquante et un ans, Anigo est bien redevenu un personnage central à l’OM, un homme qui compte et qui décide.
Labrune : « Il y a
une meilleure alchimie
entre José et Élie »
Fin de la pénitence donc et d’une mise à l’écart de l’équipe première longue de huit mois, en raison de ses rapports distants, devenus ensuite inexistants, avec Didier Deschamps, le précédent entraîneur. Le 22 octobre dernier, après un succès face à l’AC Ajaccio (2-0), les relations entre les deux hommes avaient définitivement basculé quand Anigo avait affublé Deschamps du surnom de « Calimero ». Le premier reprochait alors, en substance, au second sa manie de toujours chercher des coupables pour mieux se dédouaner. Point culminant d’une inimitié à peine dissimulée depuis l’arrivée de « DD », à l’été 2009, et d’une méfiance née des rapports électriques entre Anigo et Jean-Pierre Bernès, l’agent du champion du monde 1998.
Mais le directeur sportif a dû accepter la sanction et s’éloigner du quotidien de l’équipe première, sans pour autant déménager du bâtiment des pros vers celui des administratifs, au centre d’entraînement de l’OM, comme l’avait pourtant réclamé Deschamps. « José a été sanctionné pour ses propos, tient à préciser le président, Vincent Labrune. Il a été écarté pendant un temps. Il a compris qu’il avait commis une erreur. » Il lui a alors été demandé d’assurer le lien avec les groupes de supporteurs, devenus au fil des semaines et des défaites hostiles à Deschamps.
Cantonné à un rôle de superviseur pendant de longs mois, Anigo a avalé les kilomètres pour confirmer des pistes ou enclencher des contacts. Il était ainsi en Algérie, du côté de Blida, le 15 juin, pour assister au match éliminatoire de la CAN 2013 entre les Fennecs et la Gambie (4-1). Il était venu observer quelques joueurs, comme l’attaquant Rafik Djebbour et le milieu offensif Ryad Boudebouz. Il en a profité pour rencontrer ce dernier, qui n’a jamais caché son intérêt pour l’OM, et son agent, Karim Aklil, qui travaille également avec Souleymane Diawara. Une entrevue qui n’a pas (encore ?) débouché sur une offre pour l’international algérien (22 ans), sous contrat jusqu’en 2014 à Sochaux.
Manouvrier et Spinosi,
le retour des bannis
Il faut dire qu’Anigo a dû gérer l’urgence depuis l’officialisation de la séparation de Deschamps avec l’OM, dans la nuit du 1er au 2 juillet. Et donc trouver un nouvel entraîneur alors que l’entraînement avait repris... S’il avait un penchant initial pour l’ancien Marseillais Fabrizio Ravanelli, il s’est ensuite rangé derrière Élie Baup, le choix de la raison, au regard de son expérience et de son savoir-faire en matière de formation notamment.
Il s’est d’ailleurs chargé d’initier les premiers contacts avec le technicien. Depuis, Anigo, qui n’a pas souhaité s’exprimer sur sa nouvelle situation, multiplie les réunions sur le recrutement et les prochaines échéances, avec lui. Les deux hommes gèrent notamment le dossier Alou Diarra (voir par ailleurs) conjointement. Labrune reconnaît : « Aujourd’hui, il y a une meilleure alchimie entre José et Élie, que précédemment entre José et Didier. »
C’est un euphémisme et ce, même si Deschamps et Anigo ont collaboré pendant près de deux ans et demi, notamment la saison du titre de champion, en 2010. Mais, pour la première fois de sa vie de dirigeant, Anigo a vu son avis pris en compte dans le choix de l’entraîneur de l’OM, ce qui n’avait pas été le cas concernant Éric Gerets ou Deschamps. Il avait alors été, au mieux, consulté.
Cette soudaine réapparition n’est donc pas accessoire. Il est appelé à revenir en première ligne, autant dans une volonté de renouer les liens en interne que dans un souci d’apaisement avec le public. Plusieurs détails attestent de ce changement. Comme la réapparition des bannis : Christophe Manouvrier et Laurent Spinosi. Écartés progressivement sous l’ère Deschamps, le préparateur physique et l’entraîneur des gardiens ont réintégré le staff cet été. Ces deux fidèles d’Anigo travailleront donc avec Baup, qui doit composer avec les hommes en place. Dans le sens inverse, les proches de Deschamps sont partis (Stephan, Dehon, Pintus). C’est une première indication : Anigo est le grand gagnant de cette intersaison marseillaise...
BAPTISTE CHAUMIER