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Laurent Blanc, sélectionneur de l'équipe de France, s'est présenté vendredi devant les médias dans un hôtel de Bordeaux pour réagir aux informations du site Mediapart, selon lequel la Fédération française de football (FFF) souhaite établir des quotas ethniques et discriminatoires dans les différentes équipes de France (lire l'article). Une accusation fermement réfutée par le sélectionneur. "Qu'on m'associe à une discrimination, ça me dérange, c'est contraire à mes valeurs", a déclaré le Cévenol, qui a tenu à rappeler les faits.
"Le 8 novembre, il y a eu effectivement une réunion [à la FFF]. Une constatation a été faite, non pas sur les centres de formation des clubs professionnels, mais sur les pôles espoirs", a-t-il expliqué. Mais pour l'ancien international, l'ordre du jour de cette réunion était clair : "c'est la seule réunion que j'ai eue avec la Direction technique nationale (DTN). Le but était de parler d'un projet de jeu, de ce que la formation doit mettre en place pour avoir les meilleurs résultats dans cinq ans. Ce que je dis là, c'est la vérité. Je n'ai jamais entendu parler de projet de quotas !", s'est-il défendu. Avant d'enfoncer le clou : "C'est un sujet sensible. Pour moi, il n'y a pas de projet de quotas, c'est faux. Et c'est un mensonge de dire que le sélectionneur y a participé. Je ne peux donc pas parler d'une chose qui n'existe pas".
Puis, Laurent Blanc s'est exprimé sur l'inutilité selon lui de l'instauration de tels quotas dans le football. "On ne peut pas faire de quotas dans le foot. Dire qu'il faut 30 % d'une race, 30 % d'une autre, c'est n'importe quoi", a-t-il prétendu. Et il a attribué "cette polémique" à ces propos sur le football espagnol, récent champion du monde : "En fait, cette polémique vient d'une question qu'on m'avait posée en Espagne il y a quelques mois. Xavi et Iniesta auraient-ils pu percer en France ? Sans doute qu'ils auraient eu du mal, vu les critères de sélections chez les jeunes en France, où les critères physiques et athlétiques sont souvent trop mises en avant".
"PROBLÈME DES JOUEURS À DOUBLE NATIONALITÉ"
Pour le technicien, si les critères de recrutement et de détection doivent bien évoluer en France, ce n'est nullement lié à une question ethnique. "Il faudrait peut-être davantage donner leurs chances aux joueurs même de petite tailles, mais ayant des qualités de dribbleurs ou ayant une vraie intelligence de jeu. Après, il ne faut pas faire des amalgames et ajouter des critères de couleurs. Cela me dérange beaucoup. Il nous faut des petits, qu'ils soient blancs ou de couleur", a-t-il expliqué.
Laurent Blanc a toutefois tenu à revenir sur "le problème des joueurs binationaux". Il a ainsi déclaré : "Moi je ne parle pas de critères ethniques, je ne parle que de critères techniques. Je ne suis qu'un entraîneur de football. Le seul problème qui existe dans le football concerne les joueurs à double nationalité". "Quand un joueur a porté les couleurs de l'équipe de France en jeunes, ça me dérange quand ils partent jouer pour une autre sélection une fois adultes. On a le droit d'en parler de ça non ? Ce n'est pas parce qu'on est à un an de la présidentielle qu'on ne doit plus parler pendant un an", a développé l'ancien entraîneur de Bordeaux.
"Je n'ai pas à me défendre, parce que je ne suis pas coupable" a insisté le sélectionneur. "Eliminer des joueurs parce qu'ils sont d'une certaine couleur, ça ne fait pas partie de mes choix. La seule chose dont je m'excuse, c'est quand j'utilise le mot "black" pour dire noir." "Si des gens, au sein de la Fédération on préconisé des quotas, il faut les punir !", a conclu Laurent Blanc.