30/07/11 - OM fémininesCette saison, l’OM se déclinera au féminin. Longtemps relégué en arrière-plan, le projet prend plus que forme. Reportage, trois mois après les premières détections lancées via OM.net.
« Cette création est une bonne chose, pour le foot féminin à Marseille. Elles vont reprendre le flambeau », déclare Jean-Charles de Bono qui a connu à son arrivé à l’OM (en 1974) une section féminine. « A l’Huveaune, elles s’entraînaient avant nous et avaient des vestiaires à part », se souvient avec nostalgie l’ancien Minot.
Il aura fallu 3 sessions de tests pour que la formation de l’OM version féminine voie le jour. En effet, ce sont 300 jeunes filles ou femmes qui sont passées lors des 2 premières journées de détection au printemps, sous l’œil avisé de José Anigo, (directeur sportif de l’OM), Henri Stambouli (directeur du centre de formation) et Christophe Parra (futur entraîneur) accompagnés de deux joueuses de l’OM des années 1970, Josiane Marcassoli (ancienne gardienne de but olympienne et Equipe de France A ) et Valérie Mannoni qui encadreront cette formation féminine.
« Nous avons eu énormément de jeunes femmes motivées qui se sont présentées pour ces détections, nous ne nous y attendions pas du tout. Elles sont venues de toute la France avec un gros engouement et une volonté de porter fièrement les couleurs phocéennes. J’ai été épatée par leur qualités techniques, mentales, et physiques », a analysé Josiane Marcassoli.
Les meilleures joueuses ont été ensuite conviées pour un troisième tour d’évaluation. Toujours scrutées minutieusement par les recruteurs maison en plus des dirigeants et de Guy Ferrier (DTN en charge du foot féminin en France).
De cette ultime journée ont émergé 19 joueuses au profil précis.« Nous avons recherché des joueuses avec des qualités techniques mais aussi avec un bon mental. Les filles recrutées devront représenter l’OM et il s’agit d’avoir des joueuses qui ont la culture de la gagne mais qui ne vont pas s’emporter pour un rien sur un terrain face des adversaires ou un arbitre. Elles seront attendues à chaque match et il faut qu’elles puissent supporter ce contexte », a ajouté l’ancienne gardienne de but tricolore.
Agées entre 16 et 33 ans, elles sont toutes issues ou presque de la région PACA. Seulement 3 d’entre-elles ne sont pas du cru provençal, mais sont venues s’installer à Marseille. Cette formation entraînée par Christophe Parra (ancien entraîneur à La Ciotat) évoluera dans le championnat sénior à 11 du district de Provence. A l’heure actuelle, aucune date de reprise n’a été fixée puisque le calendrier du championnat dans lequel elles vont évoluer n’est pas encore établi par les instances. Mais dès la fin du mois d’août elles se retrouveront pour leurs premiers entraînements.
L’impact de la Coupe du Monde:
L’engouement créé par le titre des Lyonnaises en Ligue des Champions et la fabuleuse épopée des Bleues au mondial allemand ont donné un coup de pouce médiatique à cette discipline encore confidentielle il y a quelques mois.
« La Coupe du Monde des féminines, c’était extraordinaire à regarder : ce sont des filles bien préparées physiquement et qui ont une adresse technique remarquable avec un sens tactique largement au-dessus de la moyenne. Elles ont montré des phases de jeu de même type que les grands matches professionnels. On s’aperçoit que cet événement a été suivi par des millions de téléspectateurs du monde entier et beaucoup de monde dans les stades ce qui a permis d’avoir un autre regard sur le foot féminin et bon nombre de préjugés sont tombés. Cela permettra à des gens de mettre leur fille dans les clubs de foot. Et à l’OM pourquoi pas ? », avance Jean-Charles De Bono qui a deux charmantes filles qui ne jouent pas au foot.
En Provence, ce sont en tout 3700 licenciées (55 000 en France). Alain Porcu, Président de la Ligue de Méditerranée, qui a suivi de près et avec intérêt l’évolution du projet OM au féminin, est ravi que cette équipe devienne le porte-drapeau de la discipline en Provence même si pour l’heure d’autres provençales sont mieux placées en terme de niveau sportif. « Depuis des années, je tance l’OM pour qu’il y ait de nouveau une équipe féminine, ce n’est pas facile à monter comme projet mais je me félicite que ces années de travail aboutissent à la concrétisation. Je souhaite que l’OM parvienne d’ici deux ans dans les hautes sphères de la Ligue de Méditerranée, au moins et en première division le plus rapidement possible comme c’était le cas il y a une trentaine d’années. Il faut savoir qu’il y a dans tous les clubs professionnels français des provençales qui mettent à l’honneur ce sport et si nous pouvions les rapatrier chez nous dans le haut niveau ce serait mieux. Notre bassin méditerranéen a les effectifs nécessaires pour constituer une très très grande équipe olympienne ».
Des passionnées:
De tous les clubs et de toute la France, des dossiers de candidature ont été remplis pour pouvoir passer les détections. Et cela bien avant que le foot féminin soit mis sur le devant de la scène. Preuve s’il le fallait d’un engouement et d’un désir de pratique très présent auprès des jeunes filles qui déjà affluent en masse en tant que spectatrices dans les stades du monde entier. Pour le futur entraîneur (notre photo), la passion de ces joueuses l’a un peu surpris : « J’ai vu un groupe de qualité, sur le plan technique, j’ai été agréablement surpris du niveau technique de l’ensemble. Le foot féminin a gardé l’esprit du jeu, on constate que les filles prennent énormément de plaisir à jouer ensemble même si elles ne se connaissent pas. Sans faire de comparaison, je trouve agréable l’aspect du jeu et du plaisir. C’est le dénominateur commun qui va nous permettre de poser des fondations solides et cohérentes. »
Pour ce qui est de la gestion d’un groupe féminin, bien qu’il ait une solide expérience en amateur masculin, avec des féminines ce sera la première fois.
« Je ne vais pas faire de différences, j’ai entraîné des garçons pendant de nombreuses années et dans l’approche purement footballistique je ne vais pas faire de différences, si ce n’est au niveau technique et axer mon travail là-dessus, sans pour autant délaisser le niveau tactique même si ce n’est pas la priorité. Au niveau psychologique la gestion sera peut-être différente. Mais c’est peut-être un préjugé puisque je n’ai pas d’expérience en foot féminin », nous a avoué Christophe Parra. Il peut se rassurer : il sera bien épaulé par ses 2 acolytes Josiane Marcassoli et Valérie Mannoni qui ont une expérience solide de joueuses de foot.
L’objectif de cette formation est clair : réussir cette première saison pour être pérenne et monter en puissance rapidement. C’est ce qu’ont en tête ces jeunes femmes qui comptent pour la plupart devenir professionnelles. « Je pense avant tout chose qu’il faut installer cette équipe au sein du club et montrer qu’une section féminine peut et doit trouver sa place dans une entité telle que l’Olympique de Marseille, comme cela l’a été dans les années 70 où elles ont été championnes de France », a ajouté Christophe Parra.
Et une idée s’est profilée : « Ce qui serait bien c’est qu’elles puissent faire des matches d’ouverture de la cfa2 par exemple pour mieux faire connaître cette discipline », a conclu Jean-Charles de Bono.