Mido : Je vais bientôt exploser
Distancé en Championnat, éliminé des Coupes nationales et de la Ligue des champions, Marseille se raccroche désormais à la Coupe de l'UEFA afin de sauver au moins les apparences. Avant le match retour, ce mercredi, à Dniepropetrvsk, l'attaquant égyptien de l'OM revient sur les soubresauts d'une saison agitée. Et confie aussi ses espoirs.
Jamais en retard d'une bonne cagade, l'OM a profité ces derniers jours d'une brève période d'accalmie de son actualité interne pour se lancer dans une épatante campagne destinée à remodeler et à moderniser son image. Où il est question notamment de modification de logo, sous l'appellation ronflante d'« Outrance Maîtrisée ». C'est marrant, mais vu de l'extérieur, dans le contexte actuel, on aurait plutôt songé à l'« Occasion Manquée », à « Oh Misère !» ou à l'« Ordre Malmené ». Loin de cette agitation futile, l'Offensif Mido, lui, n'en finit pas de foncer. Au volant d'abord de son imposant bolide, une Porsche Cayenne, lorsque l'Egyptien a fendu la grappe de supporters venus ce jour-là l'accueillir à la Commanderie. Puis lors de l'entretien, mené tour à tour en arabe, en anglais et en français, au gré des aspirations et des aises de l'interviewé. Spontané, lucide et franc, l'attaquant olympien porte des jugements assez tranchés sur les atermoiements marseillais. Ce qui s'appelle aller droit au but...
FF: Le mois dernier, vous n'avez pas pu dépasser le stade du premier tour avec l'Egypte lors de la CAN. Avec Marseille, vous êtes désormais largué pour la course au titre et plutôt mal embarqué pour une place qualificative en Ligue des champions. N'avez-vous pas finalement l'impression de vivre une saison noire ?
Mido: Pas du tout. Je savais de toute façon que cette saison serait une année d'adaptation pour moi. Je m'attendais donc à connaître quelques difficultés. Mais tout n'a pas été négatif non plus jusqu'à présent : je crois notamment avoir réalisé de bons matches en Ligue des champions et prouvé que j'avais le niveau pour ce genre de compétition. Bien sûr, j'attendais encore plus de moi et je n'évolue pas encore au niveau que je pouvais espérer, mais il faut se montrer patient à mon égard. Mon tour viendra.
FF: Vous étiez encore en Tunisie lors de la fin mouvementée du mercato de l'OM. Comment avez-vous vécu à distance toute cette agitation ?
Mido: Je n'ai pas été surpris par tous ces mouvements. Marseille a acheté des bons joueurs comme Batlles, Ferreira ou Sommeil. Je crois qu'ils vont nous faire du bien. Car sans doute l'OM avait-il un peu besoin de sang neuf. Cela permet aux autres joueurs de se réveiller un peu. J'espère juste qu'ils réussiront à s'adapter très vite et que nous ne perdrons pas de temps. Nous attendons tous beaucoup de cette transfusion pour qu'elle nous permette de repartir de l'avant.
FF: Etait-elle vraiment indispensable ? Marseille n'avait-il pas besoin, au contraire, de davantage de sérénité et de stabilité dans cette période d'agitation permanente ?
Mido: C'était en tout cas l'idée du club. Et puis, il faut bien reconnaître que le groupe tel qu'il était constitué éprouvait des difficultés à s'imposer. Ça n'allait pas trop, même. C'est pourquoi je pense qu'un changement était finalement assez utile. Nécessaire, même. Avec un tel renouveau, on va retrouver une autre motivation.
FF: Le départ d'Alain Perrin était-il inévitable et constituait-il l'unique solution pour retrouver l'élan perdu en cours de route un peu mystérieusement ?
Mido: Je pense que Perrin est un entraîneur de haut niveau. C'est en plus une personnalité intéressante. Mais ces derniers temps il y a eu trop de problèmes entre lui et les joueurs pour pouvoir continuer ensemble. C'était devenu impossible ! Sur la fin, les relations entre Perrin et certains des joueurs n'étaient plus vivables. Il y avait trop de problèmes. A un moment, son départ devenait donc la seule solution.
FF: Comment le groupe en est-il arrivé à un tel degré d'incompréhension avec son entraîneur ?
Mido: Perrin n'avait pas l'expérience suffisante pour maintenir le contact avec les joueurs, c'est ce que je pense, mais personnellement je n'ai eu aucun problème avec lui. En revanche, lorsqu'il y a cinq ou six joueurs qui se plaignent en même temps d'un coach, c'est qu'il existe forcément un malaise. Cinq ou six, ça fait tout de même beaucoup, non ?
FF: En quoi l'arrivée de José Anigo a-t-elle modifié la donne à l'Olympique de Marseille depuis le mois de janvier ?
Mido: Les dirigeants ont eu une bonne idée, je crois. " Rossé " (prononcé à l'espagnole) est vraiment l'homme qu'il nous fallait ! C'est d'un homme comme lui que nous avions besoin après tout ce qui s'était passé. Je suis sûr qu'il va réussir à rendre à l'équipe une certaine impulsion et surtout une âme. C'est dans ce sens qu'il travaille tous les jours, de manière à donner un nouvel esprit au groupe. C'est un pur Marseillais, qui sait comment ce club fonctionne, qui sait ce que tout le monde attend. J'ai le sentiment qu'il possède les capacités et les qualités pour faire remonter le groupe à la surface. Il va vite nous faire sortir de la catastrophe dans laquelle on se trouvait. Avec lui démarre une autre saison, une nouvelle étape vers le renouveau. Plein de succès, j'espère. En fait, il faudrait que l'on retrouve le dynamisme qui était le nôtre jusqu'au mois de septembre.
FF: Justement, comment expliquez-vous cette cassure qui semble séparer la bonne entame de saison de " l'après-Real Madrid " ?
Mido: Selon moi, notre descente aux enfers a sans doute commencé là- bas. Jusqu'à ce déplacement, tout allait plutôt bien pour nous. Et puis, c'est à Madrid que Perrin a rencontré ses premiers problèmes avec des joueurs, d'abord à la mi-temps, où il avait mal parlé à Habib (Beye). Et ensuite avec Vedran (Runje). Après, tout s'est enchaîné très vite et le vestiaire s'en est trouvé déstabilisé. On ne comprenait pas trop ce qui se passait.
FF: Quelle principale différence voyez-vous entre Perrin et Anigo?
Mido: C'est assez simple : la relation d'Anigo avec ses joueurs est nettement plus intéressante et constructive. Lui, il sait comment traiter les joueurs. Les footballeurs, ce sont des hommes spéciaux, pas toujours faciles à comprendre. Mais Anigo paraît avoir tout saisi. Avec Perrin, c'était différent et surtout de moins en moins supportable. Pas pour moi, car je répète que je n'avais pas de problèmes particuliers avec lui. En revanche, le souci, c'est qu'il avait accumulé les erreurs avec les joueurs. D'abord, parce qu'il lui arrivait de mal parler à certains. Notamment après le match perdu à Madrid. Il lui arrivait aussi de mal parler de nous, de nous faire porter la responsabilité des défaites. Le groupe n'avait pas trop compris non plus pourquoi il s'était emporté contre Vedran Runje. Il y avait eu aussi ce grand clash face à Nice lorsqu'il nous avait laissés nous débrouiller tout seuls. Petit à petit, il y a eu un mur qui s'est installé entre les joueurs et l'entraîneur.
FF: En quoi l'arrivée d'Anigo a-t-elle modifié la donne au sein du groupe ? Les effets se sont-ils rapidement fait ressentir ?
Mido: Anigo a une mission assez simple : celle d'amener l'équipe d'une situation assez catastrophique à une position nettement plus avantageuse. S'il est encore trop tôt pour dire que nous sommes guéris, je crois cependant que nous sommes sur la bonne voie, il suffit de voir l'ambiance du vestiaire : depuis peu, l'atmosphère est beaucoup moins tendue. On a retrouvé du plaisir, des rires qui n'existaient pratiquement pas avec Perrin.
FF: N'est-ce pas toutefois un peu facile d'adopter la position exactement opposée à celle de votre ancien entraîneur, à savoir reporter l'entière responsabilité des torts sur lui exclusivement ? Les joueurs n'en ont-ils pas eux aussi leur large part ?
Mido: Si nous en sommes là aujourd'hui, c'est évidemment à nous les joueurs que nous le devons en priorité. On nous a parfois reproché notre manque de hargne. Je pense toutefois que les leaders de ce groupe ont bien assumé leur tâche et leur mission. Que ce soit Fabien Barthez, Brahim Hemdani, Philippe Christanval ou encore Didier Drogba, tous ont permis de tirer l'équipe vers le haut. Mais nous avons dû affronter des circonstances difficiles qui n'ont pas toujours permis aux joueurs d'évoluer à 100 % de leurs moyens.
FF: Depuis votre arrivée sur la Canebière, on vous sent assagi, vous le turbulent Vous n'avez d'ailleurs pas pris part aux différentes querelles. Vous êtes-vous surpris à afficher une telle retenue ?
Mido: Dès le départ, j'ai décidé d'essayer de ne pas me mêler de toutes ces choses-là. J'avais déjà connu ça à l'Ajax et j'avais alors rencontré de graves problèmes avec mon entraîneur, Koeman. Je n'avais vraiment pas envie de revivre ça. C'est pourquoi je me suis tenu à l'écart des différentes disputes. J'ai appris la retenue et cela m'a bien servi cette saison. Je crois tout simplement que j'ai grandi et que je réfléchis davantage avant d'agir. A dix-huit ans, on réagit différemment...
FF: Voilà maintenant plus de six mois que vous êtes marseillais. N'êtes-vous pas déçu des piètres performances de votre nouveau club ?
Mido: Toutes les équipes, même les plus grandes, traversent des périodes difficiles. C'est le cas pour nous actuellement. Mais j'espère bien que cela ne va pas durer. Le président Bouchet m'avait dit au début qu'il voulait monter une équipe pour retrouver le niveau qui était le sien auparavant. Et être au top européen d'ici trois ans. C'est vrai que nous en sommes encore assez loin. Nous avons vite besoin de retrouver la victoire afin d'installer un nouveau climat de confiance au sein de l'équipe. Mais je ne suis pas inquiet. Si l'on fait attention, depuis le début de la saison, on remarque que pratiquement tous les joueurs évoluent en dessous de leurs possibilités et de leur niveau. Tout ça à cause, peut-être, d'un manque de hargne. Il faut que tout le monde se remotive pour que tout reparte très vite.
FF: De quoi l'OM a-t-il le plus besoin aujourd'hui pour repartir de l'avant ?
Mido: D'une meilleure organisation à tous les niveaux. Marseille ne brille pas dans ce domaine. S'il veut redevenir un grand club, il va falloir qu'il apprenne à mieux se structurer, à mieux gérer les joueurs dans les déplacements. Je sais que c'est déjà mieux que les années précédentes, mais je pense que c'est encore un peu insuffisant pour viser très haut. Marseille mérite encore plus.
FF: Vous avez rejoint l'OM l'été dernier pour participer aux luttes au sommet. Seulement, l'OM est déjà éliminé des Coupes nationales, de la Ligue des champions et distancé en Championnat Etes-vous toujours sûr d'avoir fait le bon choix en venant ici ?
Mido: Bien sûr ! Forcément, je suis triste et un peu fâché de cette situation. Mais nous travaillons tous ensemble pour faire remonter le club à la surface. Moi, je crois d'ailleurs toujours à une qualification pour la Ligue des champions la saison prochaine. Car j'ai envie de connaître à nouveau ces ambiances-là avec l'OM. Ici, j'ai mis du temps avant de m'adapter. Pour s'imposer à Marseille, il faut réussir auparavant un gros travail psychique. Je suis désormais heureux dans cette ville de Marseille, le climat est agréable, les gens sont accueillants. Seulement, même si on m'avait un peu prévenu avant ma signature, je croyais qu'il y avait ici davantage de stabilité. Parfois, ça bouge tout de même un peu trop. Mais j'essaie de faire de mon mieux avec mes partenaires pour apporter un petit peu plus de stabilité au club en accumulant des bons résultats. C'est le seul moyen. Jamais je n'ai regretté ma venue ici. Ma relation avec le public est très forte. Je n'avais jamais connu ça avant. Je me sens vraiment bien ici.
FF: A titre personnel, avec huit buts inscrits en vingt-cinq rencontres, toutes compétitions confondues, quel bilan dressez-vous de votre première moitié de saison ?
Mido: C'est vrai que j'aurais pu faire mieux J'en suis tout à fait conscient. Mais j'ai connu une période difficile, entre le match face au Mans et celui face à Lille (de la mi-septembre à la mi-novembre), durant laquelle je ne marquais pas. Ça arrive à tous les attaquants du monde sans trop avoir d'explication à donner. Dans ces cas-là, il faut juste accepter sa situation et attendre que la réussite revienne. Et j'espère que d'ici la fin de la saison j'inscrirai beaucoup de buts.
FF: Pour expliquer votre rendement en berne, il a été de temps à autre fait allusion à des difficultés de maîtrise de votre poids. Qu'en est-il exactement ?
Mido: Mon poids actuel est mon poids de forme, c'est celui que j'affiche depuis le début de la saison. Je n'ai pas de kilos de trop.
FF: Si vous avez éprouvé des difficultés à vous imposer d'entrée, en revanche votre compère en attaque, Didier Drogba, a connu, lui, une adaptation épatante. Comment avez-vous vécu ce décalage de rendement ?
Mido: Je suis sincèrement content pour Didier, qui est un joueur doué, avec beaucoup de talent et de puissance. Il existe de nombreux joueurs africains doués, mais lui dégage en plus une sacrée impression car il est très costaud. Je pense toutefois que c'était un petit peu plus facile pour lui d'exploser ici car il connaissait déjà le Championnat de France. Il avait déjà ses repères, alors que moi je découvre encore pas mal de trucs. Et puis, j'ai été quelquefois blessé alors que lui est resté tout le temps en pleine forme. Mais je ne cherche pas là d'excuse.
FF: Les attaquants sont généralement assez individualistes et soucieux de leur rendement personnel facile à comptabiliser. Comment éviter de transformer cette quête personnelle en rivalité ?
Mido: Il n'y a aucune jalousie entre nous deux. La preuve : Didier est souvent impliqué dans mes buts et moi je lui ai délivré aussi plusieurs passes décisives. Tout se fait naturellement, sans essayer de tout compter ou calculer. C'est ça, le foot moderne : cela ne sert à rien de ne penser qu'à soi. Ça finit toujours par te retomber dessus. Avec Didier, on s'est tout de suite compris à ce niveau-là, on sait que l'on sera plus fort à deux.
FF: Drogba passe pour le véritable sauveur de l'OM cette saison après s'être montré décisif à de nombreuses reprises. Trouvez-vous ce statut justifié ?
Mido: Evidemment. Il a marqué tellement de buts, dans des moments parfois si importants. Pour toutes ces raisons, lui, il peut déjà se dire qu'il a réussi à tracer son chemin à Marseille. Moi, je sais que je dois faire encore davantage. Actuellement, j'estime que je me trouve à 70 % de mes capacités. Mais je sens que très vite tout va se mettre en place pour moi. J'ai hâte en tout cas. J'aimerais tellement rassurer les supporters marseillais et leur montrer qui est le vrai Mido. Mais un moment va arriver où ils vont tous le voir. Je sais que les gens attendent plus et mieux. Mais moi aussi j'attends mieux de moi! Maintenant, ma période d'adaptation est terminée. Je connais l'équipe, la ville, les supporters. Je n'ai donc plus aucune excuse. Je suis certain que ça va venir, je vais bientôt exploser. Il n'y a pas de raison. C'est une question de temps. J'attends ce moment avec impatience, mais je sais qu'il viendra. J'en suis convaincu.
FF: Le manque d'allant et d'organisation offensive de votre équipe vous nuit-il ?
Mido: C'est vrai que les attaquants auraient besoin d'un petit peu plus d'aide, de soutien. Il faudrait sans doute aussi que l'OM soit davantage animé d'un esprit d'attaque. Mais je crois qu'Anigo travaille justement à ça. Il laisse plus de liberté à ceux qui sont censés attaquer dans le camp adverse. A l'Ajax, je jouais seul devant et je devais me débrouiller. Là, nous sommes généralement à deux en attaque, mais ce n'est pas pour autant plus facile.
FF: Quand on a fréquenté pendant un temps la Ligue des champions, n'est-ce pas difficile de se remotiver pour un tour d'UEFA?
Mido: Pas du tout ! C'est une grande opportunité qui s'offre à nous de poursuivre une aventure européenne. Il ne faut surtout pas la gâcher. C'est l'occasion de continuer à exister au plus haut niveau et de prouver aussi que les joueurs de Marseille ont toujours de l'ambition. C'est aussi un moyen de sauver un peu notre saison et l'équipe. Il n'est pas trop tard pour y arriver.
FF: Croyez-vous Marseille capable d'un sursaut d'ici à la fin de la saison ?
Mido: J'aimerais y croire. Mais je ne sais vraiment pas ce qui va se produire... Le mois qui se présente va être très important pour nous. Les joueurs marseillais ont beaucoup appris des mois qui se sont écoulés. Mais nous sommes conscients d'avoir un peu déçu. A nous de nous racheter avec cette Coupe de l'UEFA Anigo essaie de transformer l'équipe qu'il a trouvée mal en point en une équipe ambitieuse. On espère tous que ça marchera
qu'un truc a dire ce type est génial, moi je l'aime vrmt bcp ce joueur, il est fait pour marseille, superbe interview