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Foot, Justice
Un supporter marseillais condamné après les incidents d'OM-OL
Un supporter de l'OM a été condamné, jeudi, par le tribunal correctionnel de Marseille, à quatre mois de prison avec sursis pour avoir envoyé une pierre en direction d'un car de supporters de l'OL, le 29 octobre.
Stéfan L'Hermitte
mis à jour le 23 novembre 2023 à 12h44
L'image nocturne de la télésurveillance, noir et blanc, plan large, le montre encagoulé, bras droit armé, s'apprêtant à lancer un projectile vers la rue où passent les cars de supporters de l'OL, dimanche 29 octobre, une heure et demie avant le choc des Olympiques, au niveau de l'esplanade arrière du stade Vélodrome.
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Thomas S. est apparu visage découvert jeudi matin, devant les trois juges du tribunal correctionnel de Marseille. Il vient d'être extrait de la prison des Baumettes. « 24 jours d'enfer », glisse-t-il. Il reconnaît le geste, s'excuse, se trompe un peu de mots, car comparaître peut être déstabilisant : « J'ai eu un moment d'euphorie. » Son avocat Fabrice Giletta précise : « De folie. »
Thomas S. a couru, une pierre dans une main, « plutôt un caillou qui tenait entre ses deux doigts » affine encore l'ancien bâtonnier, une ceinture dans l'autre, vers le grillage qui le séparait des dix cars de supporters arrivés de Lyon, avant de lancer son projectile. Il est l'un des neuf interpellés des incidents OM-OL, malgré l'opposition virile d'autres supporters. Thomas S., 22 ans, magasinier, est encarté depuis dix ans au groupe MTP, suit son club préféré dans toute la France et même au-delà.
« On parle d'incident, on devrait dire désastre, tellement cette soirée a été émaillée d'incidents affligeants »
Isabelle Fort, la procureure du procès
Il était 19 h 19. « Nous ne pouvons déterminer où le projectile a terminé sa course », notifie un policier. À 18 h 54, au même endroit, le car des joueurs de l'OL avait été caillassé. Une vitre avait explosé. Fabio Grosso, l'entraîneur, avait été sévèrement touché, pas si loin de perdre son oeil. « On parle d'incident, on devrait dire désastre, tellement cette soirée a été émaillée d'incidents affligeants », entonne la procureur Isabelle Fort.
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« Il n'y a pas de responsabilité collective en matière pénale », démine adroitement Fabrice Giletta, obtenant une condamnation a minima de Thomas S., à quatre mois avec sursis et trois ans d'interdiction de stade.
En retraçant la soirée, le président du tribunal Thierry Bonifay tente de saisir les ressorts de cet acte : « Comment on peut être emporté par la passion et se battre ? Je n'arrive pas à comprendre. » Thomas S., plutôt penaud : « Moi non plus, c'est très bête. » Le prévenu ne nie pas les évidences de la vidéo. Tout juste esquisse-t-il une excuse, pas corroboré : « Quand les supporters lyonnais sont descendus du bus, ils avaient des pierres qu'ils nous ont envoyées (...) J'ai riposté. »
Le prévenu a du mal à comprendre son geste
Le président s'étonne qu'on patiente sur un parvis, cagoulé, un jour « de grande chaleur ».« C'est à cause des gaz, tente de convaincre Thomas S. Ça filtre un peu. Beaucoup d'enfants et personnes âgées se font gazer par accident par les forces de l'ordre à cause des mouvements de foule. J'étais au mauvais endroit, au mauvais moment. »
Le président, encore, veut comprendre pourquoi Thomas S. tenait une ceinture à la main gauche qui « normalement sert pour tenir un jean ». Réponse : « Je l'ai enlevée au cas où. (...) J'ai voulu me protéger (des supporters opposés). »
La procureur, Isabelle Fort, essaie également de percer le mystère de ce passage à l'acte : « Monsieur n'aime pas le foot. Sinon, il n'aurait pas été de ce côté-là », réclamant douze mois de prison, dont la moitié avec sursis et cinq ans d'interdiction de tous les stades, y compris pendant « les Jeux Olympiques ».
« Mon client ne peut être résumé à un agité du bocal »
Fabrice Giletta, l'avocat de la défense
« Madame la procureur a un peu rapidement affirmé que trois infractions étaient caractérisées », plaide Fabrice Giletta, l'avocat de la défense. Violence avec usage d'une arme, dégradation d'un bien d'autrui et jet de projectile présentant un danger pour la sécurité des personnes. La cour délibérera un quart d'heure et ne retiendra que la dernière infraction.
« Mon client ne peut être résumé à un agité du bocal », a résumé Fabrice Giletta. Depuis cet incident, Thomas S. a déjà manqué plusieurs matches de l'OM à domicile, à Lens, à Athènes. Il en ratera donc beaucoup d'autres. Il devra pointer au commissariat. Son employeur lui a conservé sa confiance. Il l'attend au boulot dès que possible.