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Agression de supporters marseillais à Nantes : le service de sécurité de la Beaujoire a-t-il fauté ?
Après l'agression d'une famille de supporters de l'OM, vendredi soir à Nantes, la commission de discipline de la LFP va se saisir du dossier. Le FCN a également annoncé son intention de porter plainte.
Victime de deux malaises cardiaques - le premier juste avant la mi-temps de Nantes-Marseille vendredi soir (1-1), le second dans l'ambulance qui le conduisait à l'hôpital Laennec de Saint-Herblain - le père de famille qui avait défendu son fils de 6 ans devant la bêtise de quelques supporters nantais était tiré d'affaire, dimanche. Trois mois pile après l'agression du jeune Kenzo, 8 ans, par des supporters ajacciens lors d'un autre déplacement de l'OM sur l'île de Beauté, ce nouvel incident a rappelé qu'il était toujours possible, en 2023, de se faire agresser au prétexte de ne pas arborer la bonne couleur de maillot.
L'affaire est remontée jusqu'à la ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques Amélie Oudéa-Castéra qui a affiché sa « solidarité » en dénonçant des « violences indignes » sur son compte X (anciennement Twitter). Elle se prolongera devant la commission de discipline de la LFP qui va se saisir du dossier en attendant d'éventuelles suites judiciaires.
Si la victime et sa famille se donnaient encore le temps de la réflexion dimanche, le FC Nantes a annoncé qu'une plainte serait déposée dès lundi après l'analyse des images de vidéosurveillance. Elles permettront peut-être d'établir si le service de sécurité du club nantais a fauté, comme le suggère le beau-frère de la victime et d'autres témoins présents à la Beaujoire vendredi soir.
Placé un peu plus bas, « quatre ou cinq rangées en dessous », Lucas, 21 ans, n'en revenait toujours pas dimanche de l'inertie des stadiers postés près du poteau de corner, entre la tribune Océane et la tribune Loire où se sont déroulés les faits. Supporter nantais, il témoigne : « Au début, l'ambiance était bon enfant. Quand l'OM a marqué, deux ados qui célébraient le but ont été pris à partie par une dizaine d'imbéciles côté Loire. Ils ont sauté contre le grillage et là j'ai vu le monsieur (la victime) s'énerver. Il a eu peur pour son fils, ça a commencé à se chauffer, à s'insulter et à s'échanger des crachats. C'était tendu, on a dit aux stadiers de faire quelque chose parce qu'en général, quand il commence à y avoir des échauffourées, ils font barrière. Là, ils n'ont pas bougé. Ce sont des supporters de Nantes qui ont essayé de calmer les choses mais ça continuait à menacer de l'autre côté avec des ''on va se retrouver dehors". En haut de la tribune, il y avait bien d'autres stadiers mais ils étaient plus loin et ils géraient les entrées. Quand le monsieur a fait son malaise, ceux d'en bas sont restés passifs. Heureusement, il y avait un pompier en tribune qui est vite intervenu avant l'arrivée des secours ».
Sur BFM, l'avocat de l'Association nationale des supporters (ANS) Pierre Barthélemy a évoqué dimanche « une double carence grave de la part du FC Nantes : dans l'accès au stade et dans l'incapacité voire le refus de faire cesser les incidents ».
Conflit entre la Brigade Loire et le nouveau DSS
Ce nouvel incident est également à mettre en perspective avec le bras de fer qui oppose actuellement la Brigade Loire au nouveau directeur de la sûreté et sécurité du FCN David Amaré (DSS). Quelques heures avant la rencontre, la société Evan Safety, qui assure la présence de 20 agents de sécurité en tribune Loire, avait annoncé renoncer à mobiliser son personnel de sécurité en justifiant sa décision « par les consignes dangereuses » du nouveau DSS : « Nous ne pouvons accepter d'être le bras d'une politique dangereuse pour notre personnel sans concertation avec tous les acteurs ».
Durant la semaine précédant la venue de Marseille, M. Amaré avait envoyé au groupe d'ultras un courrier annonçant qu'il demandait « à faire retirer le matériel suivant en bas de la tribune Loire : les poteaux et enceintes, la nacelle servant à votre capo, la structure métallique servant à accrocher la bâche au nom de votre groupe ». Vendredi soir, il y avait manifestement d'autres priorités à gérer.