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Les supporters se crispent
Les incidents contre Francfort ayant mené au huis clos du Vélodrome, mardi prochain, ont ému jusqu’au sein des associations. Ils ont été largement évoqués hier soir lors d’une réunion avec la direction. DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL PERMANENT
MATHIEU GRÉGOIRE MARSEILLE – Le huis clos de trop ? Le Vélodrome sonnera creux, mardi prochain, contre le Sporting, en Ligue des champions, et les secousses de cette décision de l’UEFA ébranlent les différentes strates du club. L’OM n’a pas attendu les vagues de Covid-19 pour vivre des matches avec des tribunes fermées ou vides. En 2018-2019, il avait reçu Francfort, en Ligue Europa, ou Bordeaux, en L1, dans une enceinte dépeuplée. La saison dernière, le huis clos fut total pour accueillir Troyes en Championnat. Pour le retour en C1, et alors que le Vélodrome avait l’habitude d’être rempli à ras bord depuis l’été, la pilule est encore plus dure à avaler.
Composé de Javier Ribalta, Pedro Iriondo, Stéphane Tessier et Pablo Longoria, l’état-major du club a reçu hier soir les principaux groupes de supporters à la Commanderie pour un rendez-vous qui se veut mensuel. Les relations entre les parties sont correctes, grâce au travail, notamment, du référent supporters. Elles l’étaient aussi après dix-huit mois de mandature de Jacques-Henri Eyraud.
Même les groupes sont lassés
Les groupes reconnaissent à Longoria sa modération sur la marotte des fumigènes, là où son prédécesseur voulait les bannir. Mais à propos des incidents d’OM-Francfort (0-1, le 13 septembre) – jets de projectiles entre le parcage visiteurs et le virage nord, dégâts estimés à près de 100 000 euros –, le discours de certains responsables d’association a été salé. Le Vélodrome a été qualifié hier de « gruyère, où ça rentre de tous les côtés ». Aussi bien le matériel pyrotechnique (pétards, mortiers) que de nombreuses personnes sans abonnement, ce qui rend la situation plus instable. Au nord comme au sud, les leaders expliquent avoir fait remonter les problèmes à la responsable sécurité, à maintes reprises, et dénoncent son apathie. Les débordements ont été des copier-coller des dérapages d’OM-Galatasaray (0-0, le 30 septembre 2021) et d’OM-PAOK (2-1, le 7 avril), en Ligue Europa. Comment le club a-t-il pu ne pas en tirer de leçons ?
Plexiglas, parcage en Jean-Bouin et pingrerie
Dès l’après-match du PAOK, l’OM a travaillé sur la possibilité d’une « cage » en plexiglas pour sécuriser le parcage visiteurs, dont les filets avaient déjà été élevés et renforcés après Galatasaray. Une étude a été commandée à un cabinet, la faisabilité et le chiffrage établis en fin de saison dernière. Cet été, d’autres solutions ont été proposées, comme le placement des supporters du club adverse tout en haut de Jean-Bouin ou de Ganay, dans des travées centrales, ce qui permettrait de sanctuariser les virages. Les délais avant la C1 ont été perçus comme très courts, mais le facteur économique s’est aussi invité dans les débats internes. L’OM attendait une enveloppe de la Ville pour les travaux, dans le cadre des négociations pour le loyer du Vélodrome, et certains dirigeants ont préféré patienter. L’accord et l’enveloppe sont arrivés… huit jours après Francfort.
La fermeté envers les auteurs
En marge de cette rencontre, dix-sept supporters de l’OM ont été interpellés pour jets de projectiles, fumigènes ou caillassage des bus de fans allemands. Leur abonnement a été suspendu immédiatement pour les deux prochaines saisons, une interdiction « commerciale » de stade en vogue en L1 : l’OL, Lille, Lens ou Nice ont sanctionné de cette manière leurs éléments hostiles la saison dernière. À Marseille, il y en a entre une et cinq à chaque rencontre à domicile.
Sur le volet pénal, l’OM se constitue partie civile sur chaque dossier, et demande une interdiction de stade ferme, avec pointage au commissariat le soir du match. Une jurisprudence qui date de l’époque Eyraud. Le club a aussi plusieurs fois demandé aux autorités de se positionner sur le sujet du « FC Parvis ». Le surnom de quelques dizaines d’individus, qui se pointent très tôt l’après-midi des matches devant l’entrée principale boulevard Michelet. S’immortalisant sur Snapchat, ils mettent l’ambiance d’abord en chantant, puis en balançant des gros pétards et des feux d’artifice dans tous les sens, semant la panique chez les supporters et provoquant parfois les forces de l’ordre environnantes. Les groupes ont aussi un avis sévère sur cette frange qui arrive au stade dans un état déplorable.
L'Equipe