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MARSEILLE; Le procès d'un escroc aux faux abonnements à l'OM
Le monde est ainsi fait. L'escroquerie et l'escroc avec elle vont se nicher partout, même dans les recoins les plus insondables de l'humaine et ludique condition. C'est peut-être pour cette raison d'ailleurs que l'escroc a prospéré. On a donc découvert hier le très enjôleur Kodjo Elo-Agbokse, 46 ans, particulièrement libéré à la barre du tribunal en dépit de la rigueur habituelle de la chose judiciaire. Il a inventé le faux abonnement à l'OM ! L'astucieux personnage s'en est pourtant défendu avec force, mais il a été condamné hier par le tribunal correctionnel à 8 mois de prison assortis d'un sursis probatoire pendant deux ans avec l'obligation de rembourser l'OM.
Il aura ainsi participé, entre juin 2018 et septembre 2019, à l'achat irrégulier d'abonnements de l'OM qu'il revendait ensuite au "match par match". Au total, sur deux saisons, il aurait commandé 178 cartes d'abonnements avec des identités empruntées. Les personnes usurpées n'en surent rien, jusqu'au coup de téléphone de la police qui les avisait de la fraude en marche. Les abonnements étaient ensuite loués, selon le match, entre 15 et 50 euros.
Le prévenu a renvoyé la balle au chef d'entreprise qui l'employait, un homme sage, qui a reconnu les faits, le 15 mars dernier, lors d'un plaider coupable, et s'en est sorti avec 8 mois de prison avec un sursis simple. "Vous dites avoir agi sur ordre, mais vous semblez vouloir agir avec une certaine autonomie ?" a demandé hier, un rien caustique, le président du tribunal, Pierre Reynaud, au prévenu du jour. "Je ne suis pas le seul à travailler et je ne comprends pas pourquoi je suis le seul qu'on convoque ici", s'est défendu Kodjo Elo-Agbokse.
Car l'autre face du personnage, celle qui aurait déclenché les poursuites de l'OM, sera l'entêtement qu'il aurait mis à s'en prendre aux services de la billetterie du club, avec une rare agressivité. Sans cette fougue coupable, peut-être, la machine judiciaire ne se serait jamais mise en route. Le diable se niche souvent dans les détails, les plaintes pénales aussi...
Car pour la partie civile, dans ce dossier, "une bonne affaire a rencontré une mauvaise foi", a martelé Me Thomas Callen, l'avocat de l'OM, qui a dénoncé "une escroquerie à l'échelle industrielle". Il a considéré que le mis en cause avait fait plus de 260 000 euros de bénéfices. Le mis en cause devra verser au club marseillais 19 890 euros en réparation de son préjudice économique, soit le montant des abonnements détournés, et 10 000 euros en réparation de son préjudice moral. Le procureur Jean Moineville avait réclamé 12 mois assortis du même sursis probatoire, non sans avoir décrit "le degré de sophistication" de l'escroquerie.
Me Aurélien Leroux, en défense, a plaidé hier la relaxe, en contestant l'élément intentionnel du délit reproché. Il a aussi expliqué qu'une place d'OM-PSG se revend sous le manteau 200 euros. D'autres escrocs auront, à coup sûr, flairé le bon coup avec la même gourmandise...
La Provence