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FOOTBALL; Nuit de folie; La victoire de l'OM et la qualification en Ligue des champions ont fait basculer les amoureux du club dans une hystérie collective. Plongée au coeur d'une soirée improbable
Une véritable hystérie collective qui, pour les plus courageux, s'est prolongée jusqu'au petit matin sur les dancefloors de la région. Comme si personne ne voulait que cette nuit de folie écrite à l'encre indélébile ne se termine ; comme si l'OM et tous les amoureux de ce club complètement fada voulaient rester sur leur petit nuage le plus longtemps possible après cet incroyable shoot d'adrénaline.
La 2e place arrachée au terme d'une soirée frappadingue, synonyme de qualification pour la phase de poules de Ligue des champions, restera longtemps dans les mémoires collectives comme l'un des moments forts de ces dernières années, bien placée aux côtés du quart de finale de Ligue Europa contre Leipzig (5-2), en 2018.
Samedi soir, la folie s'est propagée tellement rapidement sur la pelouse du Vélodrome lorsque le nul entre Lens et Monaco (2-2) a été entériné que Stéphanie Frappart, avertie par l'assistance vidéo, n'a même pas pu accorder le penalty pour une faute de main du Strasbourgeois Habib Diallo dans sa surface. À cet instant-là, l'OM et le peuple marseillais ont basculé dans la quatrième dimension et cette sentence oubliée apparaît bien anecdotique.
En tribune de presse, des confrères sont debout, les bras levés vers le ciel, sautent sur leur siège, hurlent à se casser la voix. Ailleurs, des supporters, gagnés par l'allégresse, balancent leur téléphone portable sur lequel ils ont suivi le dénouement à Bollaert pendant que d'autres pleurent. De joie, évidemment. Les larmes coulent aussi sur les joues de Pablo Longoria et Dimitri Payet, spectateur impuissant, qui se fait chambrer par William Saliba. "Arrête de chialer !", taquine, rigolard, le colosse de Bondy qui rêve de prolonger l'aventure de passion sur cette terre où il se sent chez lui.
Les tribunes du Vel' vibrionnent, s'époumonent, chantent à l'unisson à la gloire des hommes de Jorge Sampaoli, et d'aucuns immortalisent le moment, y compris chez les forces de l'ordre postées au bord du terrain. Du technicien argentin au président espagnol, Mattéo Guendouzi soulève tous ceux qu'il croise sur son chemin. Frank McCourt saute dans ses bras.
Le milieu échevelé et ses partenaires ne tiennent pas en place. Leurs enfants les ont rejoints sur la pelouse, leurs proches aussi. Venu du Brésil, Marcao, le père de Gerson, craque. Il pleure, prie, remercie les supporters qu'il croise sur son passage, tout comme Payet qui a beaucoup aidé son fils quand il rencontrait des difficultés. Pendant ce temps, les premières réactions tombent, dans les entrailles surchauffées du Vélodrome.
"L'ambiance était incroyable, l'émotion dingue, lâche Saliba. C'est n'importe quoi, on crie, on n'a plus de voix, tout le monde se fait des câlins. Magnifique ! C'est l'OM. Il faut le vivre." "C'est le plus beau souvenir pour beaucoup de joueurs depuis le début de leur carrière, imagine Guendouzi. On a cru en nous depuis le début malgré les moments difficiles. (Samedi) soir, on a vécu un moment extraordinaire. Difficile à décrire. C'est un moment magique."
L'OM espère en vivre d'autres, la saison prochaine. Celle-ci apparaît bien lointaine. Mais les dirigeants, remis de leurs émotions, vont pouvoir l'aborder plus concrètement dès ce matin, avec le soulagement né de cette qualification et la manne financière qui l'accompagne. Des "Merci Pablo" ont longtemps résonné dans le Virage Sud pour rendre grâce à l'homme du renouveau. À lui de s'affairer désormais, pendant que plusieurs joueurs, à l'instar de Luan Peres rentré au Brésil dès hier matin, goûtent à des vacances bienvenues après une saison harassante, longue de 58 matches. Un repos bien mérité avant, peut-être, de nouvelles nuits de folie.
La Provence