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Robin Leproux « Rien de comparable »
L’ancien président du PSG s’agace de voir le plan qui porte son nom remonter à la surface, dans la foulée du conflit entre la direction de l’OM et ses supporters. Vincent Duluc
Depuis quelques jours, son nom revient dans la plupart des débats consacrés au problème des supporters de l’Olympique de Marseille, via la référence au « plan Leproux » (1), par lequel Robin Leproux, président du Paris-SG de 2009 à 2011, avait sanctionné l’escalade de violences qui avait atteint les tribunes du Parc des Princes, en 2010. Elles avaient entraîné la mort de Yann Lorence, lynché aux abords du stade, le 28 février 2010, après un PSG-OM. Robin Leproux estime, cependant, que les deux affaires sont incomparables.
« On a beaucoup parlé du plan Leproux, ces derniers temps… Je me sens obligé de prendre la parole, parce qu’on oublie vite, on simplifie vite, alors qu’on ne peut pas tomber dans la caricature sur un dossier pareil. Ce que j’ai fait au PSG n’est pas un fardeau, parce que le Qatar n’aurait sans doute pas racheté le club (à l’été 2011) si nous n’avions pas pacifié les tribunes, mais, je le sais, je devrai toujours m’en expliquer.
“Je ne voulais même pas reprendre la gestion des tribunes, je voulais pacifier
En quoi l’actuel dossier marseillais est-il différent ? Mais il n’y a rien de comparable ! J’ai été confronté à une haine funeste et létale entre les virages Boulogne et Auteuil, et j’avais la responsabilité d’un club dans lequel il y a eu deux morts en trois ans (2). On était devenus un club raciste et violent, on ne pouvait même plus déplacer de supporters à l’extérieur, et je me souviens même qu’Antoine Kombouaré (l’entraîneur parisien entre l’été 2009 et décembre 2011) avait du mal à trouver des matches de préparation parce que tous les clubs avaient peur de nous. Je devais trouver une solution pour pacifier le Parc des Princes, qui a été le placement aléatoire des supporters à Boulogne et Auteuil. Et je n’ai pas viré les ultras, j’ai juste suspendu leur abonnement pendant quatre mois.
Ce qui est comparable avec l’OM, c’est la remise en cause de la gestion des tribunes par les groupes de supporters, même si dans votre cas, ce n’était pas une gestion économique… Je ne voulais même pas reprendre la gestion des tribunes, je voulais pacifier. Et je l’ai fait pour que le PSG survive. On l’a oublié, mais on lisait qu’il fallait dissoudre le PSG, et on avait failli disparaître. Et personne d’autre ne m’a donné la moindre idée qui aurait pu nous aider.
Ce qui est comparable, aussi, c’est la volonté de contraindre les supporters à une solution dont ils n’ont pas envie ? Je ne veux pas commenter ce qui se passe à Marseille. Cela me gêne de voir mon nom accolé à cette nouvelle affaire de supporters.
Un président peut-il tenir contre ses propres supporters quand il prend une mesure impopulaire ? À Paris, j’avais rencontré régulièrement les groupes ultras, de manière fluide, mais ce n’est pas pour cela que j’allais faire ce qu’ils disaient. C’est ce qu’on appelle la responsabilité. »
(1) Il consistait essentiellement à dissoudre les associations de supporters, à instaurer un placement aléatoire des spectateurs, à créer une tribune réservée aux familles et une billetterie nominative et à séparer les tribunes haute et basse des virages. (2) Avant Lorence, Julien Quemener, un autre supporter du club de la capitale, avait été tué par balle en novembre 2006 en marge d’un match de Coupe de l’UEFA perdu face à l’Hapoël Tel-Aviv (2-4).
L'Equipe