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INCIDENTS À LA COMMANDERIE; Les Ultras et les Winners perquisitionnés à l'aube
Après l'explosion, l'heure des prolongations... Selon nos informations, confirmées de source policière, l'enquête sur les incidents de La Commanderie du 30 janvier dernier a connu un spectaculaire rebondissement, hier matin, avec des perquisitions menées dans les locaux de deux groupes de supporters olympiens. Et pas n'importe lesquels : le plus ancien, le Commando Ultra 84, et celui qui est souvent présenté comme le plus influent, au stade Vélodrome comme en coulisses, les South Winners. "Sur le papier, l'un des deux était plus particulièrement ciblé", glisse un proche du dossier, sans préciser lequel.
Chargés des investigations, sous l'égide du parquet de Marseille, les fonctionnaires de la sûreté départementale cherchent à savoir si le coup de force organisé contre la direction de l'OM, et plus particulièrement contre son président honni, Jacques-Henri Eyraud, a été planifié en amont par des "meneurs" appartenant au noyau dur des associations.
Pour mémoire, lundi dernier, 14 supporters de l'OM ayant participé au pugilat ont déjà été traduits devant le tribunal correctionnel. En attendant un procès sur le fond, programmé pour le 24 février, huit des prévenus ont été placés en détention provisoire et dorment aujourd'hui aux Baumettes. Une issue d'une grande sévérité concernant des jeunes hommes pour la plupart sans antécédent, hormis la possession de fumigènes, et pour certains n'ayant même pas pénétré dans le centre d'entraînement où de la casse a été constatée, et où, selon le club, des vols auraient eu lieu. En revanche, aucune blessure n'a été à déplorer...
Cette fermeté de l'institution judiciaire, "un acharnement répressif", grince une figure du supporterisme, peut être interprété comme un message d'avertissements en prévision d'autres mobilisations de ce type... "Quant aux groupes, je ne m'interdis rien, toutes les options sont sur la table, même la dissolution suivant les responsabilités des uns et des autres", avait haussé le ton peu après les faits la nouvelle préfète de police, Frédérique Camilleri, en prévenant, dans la foulée, "qu'on ne pourra pas se permettre d'avoir de nouveaux épisodes de ce genre qui font du mal à l'image du club et de la ville".
"Punition collective"
Lors de l'audience en correctionnelle, le procureur adjoint André Ribes avait révélé qu'une deuxième enquête était ouverte visant à identifier d'autres responsables de l'intrusion de La Commanderie passés entre les gouttes. Selon nos informations, les policiers se sont particulièrement intéressés, hier, au matériel informatique appartenant aux Winners et aux Ultras, recherchant d'éventuels appels à des violences précédant la manifestation. Des traces ADN relevées sur des projectiles lancés à La Commanderie pourraient également permettre d'identifier d'éventuels participants... Quoi qu'il en soit, ce nouvel épisode n'est pas de nature à faire redescendre la tension ni à entamer la détermination des tifosi olympiens. Dans un communiqué commun, chose rare, les six associations reconnues par le club (CU, SW, MTP, Fanatics, Amis de l'OM, Dodgers) ont lancé un appel sec à la démission de Jacques-Henri Eyraud. "Ce combat, engagé par les groupes de supporters, se poursuivra tant que nous n'avons pas obtenu (son départ)", promettent-ils. Et de s'adresser directement à l'actionnaire principal : "Mr McCourt la balle est dans votre camp : à vous de choisir entre passion et incompétence".
Dans le rond central, la vice-maire de Marseille, Samia Ghali, qui a reçu plusieurs représentants de groupes en mairie, en appelle à "l'apaisement" tout en assurant fermement qu'elle s'"opposerait à toute dissolution". "Si des gens ont fauté, la justice fera son travail, mais la justice, ce n'est pas faire des punitions collectives. Les supporters de l'OM ne sont pas des parias !", gronde la sénatrice en écho à la colère des virages.
La Provence