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LIGUE 1: COMMENT L’OM VIT L’ANNONCE DU HUIS CLOS AU VÉLODROME
L’OM a été sanctionné par un huis clos total du stade Vélodrome à titre conservatoire, suite à l’explosion d’un pétard sur la pelouse lors du match de Ligue 1 face à Lille (1-2) vendredi soir. Une punition qui a suscité de vives réactions en interne.
Il y aura les prises de position officielles, face aux micros ou via quelques communiqués, où l’OM regrettera forcément ce huis clos total, prononcé à titre conservatoire. Logique, et politiquement correct. Mais il y a aussi les états d’âme actuels du vestiaire marseillais qui cachent une autre réalité. Et surtout une véritable fracture entre le groupe olympien et le Vélodrome. A vrai dire, l’annonce d’un huis-clos était pressentie.
"Au moins, on aura la paix!"
Samedi, un membre du staff, remonté comme une pendule et très agacé par les insultes récurrentes envers Rudi Garcia, confiait autour de lui, sans filtre: "Plutôt que de jouer un match en subissant insultes et sifflets, autant jouer à huis-clos! Comme ça on aura la paix! Ça se dit meilleur public de France? Ils n’encouragent que quand on gagne, c’est facile !" Déclaration cash, mais sincère. C’était donc au lendemain du sulfureux OM-Lille (1-2), dans un cadre privé, mais les nerfs encore un peu à vif.
Un sentiment pas forcément partagé par tout le groupe olympien, mais au moins par une partie du vestiaire, notamment les nombreux adjoints de Rudi Garcia, qui vivent très mal les chants et banderoles hostiles dont le coach est la cible depuis plusieurs semaines. "On ne voulait pas le huis clos. Mais il y a en ce moment trop d’incidents et le climat est trop hostile il faut le reconnaître, confie un dirigeant marseillais. De là à dire qu’il vaut mieux jouer sans nos supporters, n’exagérons pas!"
Ironie du sort: le pétard a pourtant été lancé d’une tribune latérale, la grande tribune Ganay. Les virages, où les groupes de supporters sont les plus virulents, ne sont donc pas directement responsables de cette sanction.
La fracture est grande avec les groupes de supporters
Mais ce huis clos total, prononcé à titre conservatoire, met en évidence le divorce bien consommé entre les fans marseillais et quelques olympiens. L’opération réconciliation semblait avoir été amorcée après le coup de sifflet final entre l’OM et Monaco (1-1), quand joueurs et leaders de groupes de supporters avaient vidé leur sac sur la pelouse. L’OM souhaitait alors organiser une nouvelle discussion, au calme cette fois, pour repartir sur des bases plus sereines. Réponse négative des associations de supporters, qui ont voulu faire payer à l’OM les nombreux refus essuyés, quand eux aussi demandaient audience aux joueurs et à Garcia.
La situation est aujourd’hui complexe: la plupart des groupes de supporters affirment ne pas vouloir voir Garcia, mais accepteraient l’idée de s’entretenir avec les joueurs. L’entraîneur olympien ne veut pas tomber dans le panneau: s’il y a réunion, ce sera joueurs et staff, l’unité doit primer.
Au sein du club, beaucoup d’anciens de la maison sont pourtant persuadés qu’une explication en famille - supporters/club - serait la bienvenue pour apaiser certaines rancœurs. Mais la situation est aujourd’hui tendue, comme dans une impasse. Le principe d'une union sacrée a du plomb dans l’aile.
Joueurs, coach et dirigeants "traumatisés" par le huis clos contre Francfort
La perspective de devoir jouer OM-Bordeaux, voire d’autres matchs, à huis clos, ne ravit pas du côté des joueurs. Loin de là. Même ceux qui trouvent les supporters trop durs dans cette période de crise, et qui pour certains confient qu'ils sont persuadés que l'OM aurait été capable de battre Monaco voire Lille avec l'appui du public, n’acceptent pas l’idée de jouer dans un stade vide. Le souvenir du match à huis clos total contre Francfort (1-2) en Ligue Europa a marqué les joueurs et a souvent fait dire à Garcia que cela avait plombé, d'emblée, la saison européenne de l'OM. Dur de se motiver. Impossible de se transcender. "La pire expérience depuis que je suis Président de l’OM", avait même confié Jacques-Henri Eyraud.
Le président de l’OM a lui aussi vécu une sale soirée, vendredi. Gêné vis à vis de Frank McCourt. Vexé par ce climat hostile. Et sans solution immédiate pour renouer le contact avec les groupes.
Il y a deux saisons, OM-Bordeaux avait été le premier match au Vélodrome du trio Garcia-Eyraud-McCourt après l’annonce du rachat du club. Les supporters marseillais s’étaient mobilisés spontanément pour faire la fête, après une période de désamour. Deux saisons plus tard, cette affiche chère aux nostalgiques de la grande époque va sonner creux, le 5 février prochain. Autant de huis-clos et de tensions, ce n'était pas prévu sur le PowerPoint de la fan expérience.