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En moins d'une année, c'est déjà le jour et la nuit. La saison dernière, après un exercice catastrophique et un niveau de défiance rarement atteint, l'état-major olympien avait lancé sa campagne d'abonnements dès le 17 mai. Un mois et demi plus tard, le 5 juillet, seulement 5 908 fidèles avaient osé s'abonner.
Avec l'OM de Frank McCourt, la période a débuté le 22 mai dernier par les réabonnements en tribunes latérales, et elle se poursuit depuis lundi (jusqu'au 1e juillet inclus) pour les abonnés en virages. La troisième phase, réservée aux futurs "nouveaux abonnés" en Ganay et Jean-Bouin, débutera mardi. Mais hier, soit douze petits jours après le coup d'envoi, le service billetterie du club olympien dénombrait déjà plus de 5000 abonnés.
Les bases et le contexte ne sont plus les mêmes, le désespoir ayant laissé place à l'enthousiasme. Le fonctionnement aussi puisque l'OM a mis en place un site internet dédié (omalafolie.fr) pour que tous les supporters puissent s'abonner de manière plus simple, tout en prévoyant quelques changements (période raccourcie au mois de juin, plus de place au match en virages, ...).
Si les Ultras ont exprimé leur désaccord (voir encadré), les groupes de supporters ont vu la différence dans l'approche de la nouvelle direction, plus professionnelle et consciensieuse selon leurs dires. Soulagés d'un côté, ils n'en resteront pas moins prudents de l'autre, comme sur la question de l'augmentation des tarifs. En attendant, les abonnés répondent présent.
"Plus de 5000 abonnés, c'est le meilleure démarrage depuis dix ans"
Jean-François Richard, directeur général adjoint de l'OM chargé du marketing et des ventes, revient sur la campagne.
Comment se passe la campagne d'abonnements ?
Jean-François Richard : Jusqu'à présent, ç'a très bien démarré. On a des bases fiables sur une dizaine d'années et, aujourd'hui, je "touche du bois" car on est sur le meilleur démarrage depuis dix ans. Au moment où je vous parle, on a déjà plus de 5 000 abonnés. C'est beaucoup par rapport aux précédentes campagnes, mais la route est encore longue.
Moins longue que les années précédentes puisque vous revenez à l'ancienne formule en raccourcissant la période au seul mois de juin...
Jean-François Richard : On n'a rien inventé, on revient simplement à un système qui marchait mieux. C'est aussi bête que ça. En ayant beaucoup discuté avec les responsables des groupes de supporters et en ayant tenu compte de leurs remarques, on s'est dit qu'il fallait revenir à ce système. C'est mieux pour eux, car rester ouvert pendant trois mois n'est pas simple, et pour nous aussi, car cela mobilise beaucoup de ressources et de gens. Être sur une période fermée est plus efficace.
Quels sont les autres changements pour le supporter de l'OM ?
Jean-François Richard : Pour l'instant, et ça a l'air de fonctionner, on a voulu écouter les groupes de supporters. L'abonné devait se déplacer deux fois, une fois au local, puis à la billetterie du stade, pour avoir son abonnement. On a voulu simplifier le système pour l'abonné, afin de lui faciliter la vie et qu'il puisse faire les démarches plus simplement, de chez lui ou de son bureau, sur internet. On a aussi réduit le nombre de tarifs différents : on était sur une base de 27 prix alors qu'il reste 8 ou 9 tarifs aujourd'hui. Il y a aussi une volonté de notre part de se mettre en conformité avec la réglementation (l'interdiction de flux financiers entre le club et les associations de supporters, ndlr). C'est la raison pour laquelle on a fait appel à Digitick, un "tiers de confiance". Ce système a pour objet d'être transparent et plus simple pour le supporter. Son rôle est d'être une plateforme qui permet d'adhérer au groupe tout en s'abonnant au club en un seul paiement. Ensuite, Digitick reverse les montants dus aux groupes (correspodant au montant de l'adhésion) de façon hebdomadaire. À l'heure où je vous parle, hormis quelques bugs lors du lancement, le site omalafolie.fr fonctionne très bien.
Pourquoi avoir mis en place des tarifs préférentiels pour les "courageux" en tribunes Ganay et Jean-Bouin qui ont pris leur abonnement l'été dernier ?
Jean-François Richard : Il y a deux choses : d'abord, c'est un salut aux "courageux", comme vous les appelez, même s'il y avait aussi beaucoup de courageux dans les virages ; ensuite, l'idée est d'être pragmatique et efficace. Quand on a une zone de siège où on est à moins de 20 % de remplissage, il faut en tirer des conclusions. Ça veut dire qu'il y a un sentiment de prix trop élevé, et on le révise. L'an dernier, la fourchette allait de 155€ à 1 090€ ; cette année, elle va de 160€ à 1 250€. Des prix ont légèrement augmenté, donc. En fait, on a voulu "favoriser" l'abonnement en virages en augmentant les premiers prix en Ganay et en Jean-Bouin. L'autre point, comme on l'a fait en fin de saison sur des matches un peu moins attractifs, avec un remplissage de l'ordre de 45 000, est de fermer les parties hautes de Ganay et Jean-Bouin. C'est plus convivial pour tout le monde. Mais on n'a pas fait que baisser les prix en Ganay et Jean-Bouin, on a volontairement augmenté l'écart entre les deux tribunes et les virages.
Des virages dont l'abonnement a augmenté de 5€. Une hausse "anecdotique mais symbolique", disent les responsables de groupes... Y aura-t-il des augmentations chaque année ?
Jean-François Richard : Ça fait parler, mais ce n'est que 26 centimes de plus par match (8,42€ au match). Pour les années suivantes, j'aurais tendance à dire probablement. Mais il est encore trop tôt pour en parler. Je dirais plutôt qu'aujourd'hui, on est un des derniers clubs où l'abonnement ne comprend pas les matches de coupes. C'est très lourd ensuite pour les supporters et les abonnés. On a déjà beaucoup échangé avec les groupes, mais on aura davantage de temps pour préparer la saison suivante et on commencera les discussions beaucoup plus tôt dans l'année. On essaiera probablement d'insérer des matches de coupes, y compris de coupes d'Europe, dans un abonnement. On n'a pas voulu le faire cette année car on aurait donné l'impression d'augmenter énormément le tarif. Donc oui, pour revenir à la question, c'est quand même symbolique, mais à 160€, on reste dans une moyenne volontairement faible par rapport à d'autres clubs du standing de l'OM. Le caractère populaire des virages, on ne le perdra jamais de vue.
L'étonnement est dû à la somme marginale que cela rapporte au club...
Jean-François Richard : Vous disiez "anecdotique mais symbolique" ? J'aurais tendance à reprendre la formule pour nous aussi !
Toujours en virages, il n'y aura plus de place au match ?
Jean-François Richard : Non. On veut s'inspirer des bonnes vieilles recettes : avant, tout le monde était abonné en virages et il n'y avait pas de place au match. Il faut réinstaller l'idée que la formule la plus sûre pour voir un match est de s'abonner. Étant donné le démarrage sur les chapeaux de roues, je dirais même qu'il y a une certaine urgence à le faire...
Avez-vous vu le mécontentement du Commando Ultra 84 ?
Jean-François Richard : Oui, dire le contraire serait mentir ! On n'est pas d'accord sur tout, mais on a beaucoup échangé, avec eux comme les autres. La complexité de l'OM, c'est aussi de faire l'unanimité. Avec sept groupes différents en virages, qui n'ont pas la même approche ni la même philosophie, tout le monde ne partage pas le même avis. Le système mis en place ne remporte pas l'adhésion de tous, soit, mais l'objectif dès la saison suivante sera de l'adapter à l'organisation de chaque association.
Y a-t-il un objectif chiffré ?
Jean-François Richard : On espère faire bien mieux que l'an dernier et un peu moins bien que l'an prochain ! Après, pour les chiffres, je ne suis pas certain qu'on aille au-dessus des 40 000 abonnés cette saison.
Ça dépendra du mercato...
Jean-François Richard : Tout ce dont on parle dépend du mercato ! (sourire) Tout le monde attend un bon mercato, on est tous d'accord sur ce point. Et je ne fais que relayer le discours de Jacques-Henri Eyraud qui, il faut le dire, a été extraordinairement présent dans la relation générale avec les groupes de supporters. C'est lui qui a lancé les discussions sur les abonnements et il a été présent tout au long du processus.