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Cherchez la flamme L’OM annonce avoir dépassé la barre des dix mille abonnés, mais la route est encore longue. Du moral des supporters au système d’abonnement précédent, tout a été brisé en même temps et est à rebâtir. De notre envoyé spécial permanent
MATHIEU GRÉGOIRE MARSEILLE – Le plus sulfureux pour commencer ! Hier midi, Giovanni Ciccolunghi, le tout neuf président de l’OM, a commencé sa tournée des responsables de groupes de supporters en recevant Rachid Zeroual, le fondateur des South Winners, un garçon connu pour sa rouerie politique et ses injures au mégaphone. Une entrevue à la hauteur des meilleurs épisodes de « Rendez-vous en terre inconnue » pour Cicco. Christian Cataldo, leader des Dodger’s du virage nord, n’espère rien de ce type de rencontre : « On n’a rien à lui dire. C’est à lui de parler. De nous expliquer son projet, l’avenir de l’OM. Mais bon, on parle de quelqu’un qui ne sera plus là dans six mois. Économiser, économiser, économiser, ils n’ont que ce mot à la bouche.» Il y a quand même Bafé, la bouffée d’oxygène. «On a senti un petit frémissement de la campagne d’abonnements depuis l’arrivée de Gomis», explique Cataldo. Il revendique aujourd’hui plus de 700 adhérents, à trente euros le ticket d’entrée dans l’association. Sur ce contingent, seule une centaine a pris son abonnement à un tarif préférentiel (155 euros) auprès du club.
Une usine à gaz”
Le trésorier des Yankee
À Marseille, la transition aura-t-elle raison de la passion ? Ça n’émeut guère Margarita Louis-Dreyfus. « C’est comme si elle possédait une Ferrari mais qu’elle était trop radine pour mettre de l’essence dedans », illustre Dany Kebaili, le président des South Winners. Joint hier matin, il ne chôme pas dans son local de la Belle-de-Mai. « À ce jour, on doit être entre 20 % et 30 % de notre quota d’abonnés (près de 5 000 places en virage sud). Le départ de Labrune, la venue de Gomis, la perspective de quelques recrues, ça relance la machine, ajoute Kebaili. Mais que MLD ne s’y trompe pas : la fin de Labrune ne masque pas sa politique. »
L’OM annonce un léger regain du côté de sa billetterie. Au 1er août, le club recense 10 974 abonnés, dont les 2 950 VIP inscrits dans un plan triennal (2014-2017), contre 5 908 au 6 juillet. Gomis va devoir inscrire quelques triplés lors des trois premières journées de L 1 pour que l’OM remplisse son objectif initial : 33 000 abonnements, dont 25 704 en virages, à la clôture le 31 août. Corinne Gensollen, la directrice marketing, s’apprête à rejoindre son mari dans leur vignoble des hauteurs d’Aix-en-Provence. Elle quitte la Commanderie dans quelques jours et laisse le dossier billetterie à Marjorie Sineya, fille d’un ancien dirigeant de l’OM et au club depuis vingt ans.
Guillaume Barthélémy, le trésorier des Yankee (virage nord), est circonspect : « Le club se vantait la saison dernière d’avoir repris la commercialisation des abonnements et tous les protagonistes de cette convention ne sont plus là. Labrune, qui en faisait un argument stratégique auprès de la LFP et des autorités après les incidents d’OM-Lyon (le 20 septembre 2015). Et Gensollen, qui a négocié l’annexe technique du document, voulait rayer de la carte nos sections dans toute la France et ne souhaitait qu’une chose in fine : nos listings. Tout en vendant l’ambiance des virages aux potentiels VIP et sponsors, elle n’avait qu’une vision : un stade de clients-consommateurs, à l’image des touristes qui bénéficieront de 65 % de réduction en août sur les matches au Vel’.»
Après avoir estimé le taux d’abonnés de son groupe à 15 % de sa jauge (4 829 places), Barthélémy glisse tristement : « Cette convention, qui va durer vingt ans, nous l’appelions de nos vœux. Finalement, ils ont cassé un système où les groupes, missionnés par l’OM, choyaient l’abonné et assuraient un taux de remplissage du Vélodrome de 90 % encore la saison dernière, malgré la conjoncture, pour le remplacer par une usine à gaz. » Ironie des négociations : si tous les abonnements ne sont pas écoulés au 31 août, les groupes pourront réallouer les places match par match. Comme au bon vieux temps...