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Paris, Saint-Étienne, Rennes, Bordeaux, Nice, Ajaccio, Bastia, Monaco... Et maintenant, Angers ? Avant Troyes ? Rien n'est pour l'heure officiel, mais on se dirige bien vers une interdiction de déplacement des supporters de l'OM dans la cité angevine, dimanche, pour la 36e journée de L1.
Hier, les deux clubs étaient toujours dans l'attente d'un signe des pouvoirs publics. Le ministère de l'Intérieur, qui a jusqu'à la veille de la rencontre pour prendre une telle décision, devrait selon toute vraisemblance se prononcer aujourd'hui. Mais plusieurs groupes de supporters ont été informés, dès mardi soir par divers canaux, que ce n'était pas la peine de prévoir un périple au bord de la Maine. Info ou intox ?
Hier soir, les services de Bernard Cazeneuve faisaient savoir qu'aucune décision n'avait été prise. Si l'interdiction se confirmait, cela serait le neuvième déplacement interdit de la saison. Loin, très loin du grand chelem réalisé l'an passé, où les groupes ont effectué les dix-neuf déplacements sans le moindre accroc. Certes, la promulgation de l'état d'urgence à la suite du 13 novembre et des attentats de Paris et Saint-Denis n'ont pas joué en leur faveur. Mais tout de même...
Pour amorcer le virage, la préfecture du Maine-et-Loire a pris, mardi, un arrêté interdisant la circulation autour du stade Jean-Bouin aux fans des deux formations démunis de billet. Avec plusieurs motifs avancés, comme "le caractère récent et répété d'événements graves (sic) de nature à troubler l'ordre public, à l'occasion des déplacements du club de l'OM" ; des "troubles" qui, selon les autorités, se manifestent "tant par des rixes entre supporters que par des violences contre les forces de l'ordre ou des jets de pétard, fumigènes ou bombes agricoles qui peuvent causer de nombreuses blessures ou de départs d'incendie".
Autre mobile ubuesque brandi au nom du principe de précaution : les supporters nantais ayant été interdits de déplacement à Marseille, dimanche, la préfète, Béatrice Abollivier, estime qu'il est "fort à craindre que ceux-ci se déplacent sur Angers pour venir en découdre avec les supporters marseillais, en lien avec les ultras angevins". Enfin, dernier élément pris en compte par les services de l'État : la date du match, soit le 1er mai, synonyme de jour férié. "Il sera difficile de mobiliser les forces de l'ordre localement, en nombre suffisant, pour assurer un maintien de l'ordre efficient, ces dernières étant mobilisées dès le matin dans le cadre des manifestations du 1er mai", est-il écrit, précisant "que la mobilisation des forces de sécurité, même en nombre très important, n'est pas suffisante pour assurer la sécurité des personnes, et notamment celle des supporters eux-mêmes".
Une logorrhée administrative à mille lieux des réalités du terrain (et de nos observations sur place toute l'année) qui s'apparente, au vrai, à une solution de facilité. Et qui se résume ainsi : punir une majorité pour les agissements marginaux d'une extrême minorité.
Dans la perspective de l'Euro-2016, cette politique répressive interpelle. Car si les autorités peinent à canaliser entre 500 et 1 000 supporters adverses, on se demande comment elles vont réagir face au flot de fans européens qui va déferler sur la France du 10 juin au 10 juillet. Et notamment à Marseille avec les bouillants Angleterre-Russie et Ukraine-Pologne... "Devoir supporter l'OM, ça ne veut plus rien dire. On est suspects de tout !", tonne Michel Tonini, responsable des Yankee. Un avis largement partagé par ses pairs.
En attendant, Vincent Labrune, principale cible des revendications olympiennes, devrait donc avoir droit à un peu de répit. Au sein des groupes marseillais, on estime d'ailleurs que les huis clos partiels prononcés contre Nantes et Reims, ainsi que les interdictions de déplacement, sont uniquement décidés pour limiter la contestation.
À quelques semaines de la coupe de France, le 21 mai contre le PSG, il n'est pas trop tard pour priver les fans marseillais de Stade de France...