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OM : pourquoi les abonnés sont dégoûtés
Le stade Vélodrome sonnera encore creux ce dimanche contre Lille (21h). A cause des mauvais résultats de l’OM, une majorité d’abonnés déserte les tribunes et le mouvement de contestation, qui vise principalement les dirigeants, s’intensifie.
30 000 abonnés, mais moins de 20 000 spectateurs dans les tribunes lors des derniers matchs. Cherchez l’erreur… Depuis plusieurs semaines, quelques milliers de supporters marseillais laissent leur carte d’abonnement dans le tiroir du salon et ne vont plus au stade Vélodrome. Déçus du niveau de jeu et du classement de l’OM (6e), dépités par le manque d’ambition et de compétence des dirigeants, dégoûtés aussi par le laxisme des leaders de groupes de supporters (jugés trop proches de dirigeants), de nombreux fidèles de l’Olympique de Marseille éprouvent un véritable désamour au point de ne plus « aller à l’OM », selon l’expression marseillaise.
Pour Marseille-Lille ce dimanche (21h), le stade ne sera toujours pas plein. Et quelques mouvements de contestation (insultes, banderoles, chants contre la direction), pourraient naître, comme ce fut le cas il y a deux semaines lors d’OM-Ajaccio (3-1). « La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est la défaite 5-4 contre Nice en Coupe de France (16es de finale), explique "Flo", abonné Virage Nord depuis 1991, qui déserte le Vélodrome depuis quelques semaines. L’humiliation suprême. Ça faisait longtemps que ça me titillait mais, là, quand le lendemain mon fils de cinq ans m’a dit : "Papa, je vais prendre Nice à la PlayStation parce qu’eux au moins, ils courent", je me suis dit que ce n’était plus possible ». « Flo » ne se retrouve plus dans « ces joueurs qui te prennent pour un con et ne se battent plus pour tes couleurs ». « Ne plus aller à l’OM, c’est comme si je me privais de mon jouet, poursuit ce Marseillais de 37 ans. J’ai l’OM dans le sang, mais je suis tellement dégoûté que je préfèrerais qu’ils perdent tous leurs matchs jusqu’à la fin de saison ».
Un nouveau coach pour changer la donne ?
René Malleville, abonné depuis… 45 ans ! Pour la première fois de sa vie, il a décidé de boycotter le Vélodrome jusqu’à la fin de saison. Michel Tonini, leader des Yankees, estime quant à lui que l’on est à un tournant de l’histoire du club : « J’ai l’impression que les supporters marseillais sont dans l’expectative. Soit un entraîneur de haut niveau arrive, comme Bielsa, avec les recrues qui vont avec, et l’espoir renaît. Soit ça sent la révolution et ça va leur péter à la gueule ! Si rien ne se passe, on aura à peine 5 000 abonnés la saison prochaine, ce serait une chute dramatique des abonnements. »
Le service marketing de l’Olympique de Marseille, qui tablait il y a encore quelques mois sur plus de 45 000 abonnés pour la saison prochaine, avec un « effet nouveau stade Vélodrome » (rénovation finie pour le début de la saison), garde désormais le silence à ce sujet. Un signe d’inquiétude ou une volonté d’attendre un déclic lié à l’arrivée d’un nouveau coach et au recrutement de cet été ? Quoi qu’il en soit, en plus de l’indifférence, la contestation se fait aussi grandissante, notamment chez les plus jeunes. Cette contestation est en train de s’organiser, notamment sur les réseaux sociaux, où un compte Facebook intitulé « OM, la révolution commence » a réuni près de 20 000 membres en à peine plus d’un mois.
« Quand la majorité complote, c'est une révolution »
Théo et Hadrien, étudiants et supporters de l’OM depuis le plus jeune âge, ont créé ce mouvement de protestation qui vise les dirigeants et principalement José Anigo. « Les gens en ont marre de ne pas être écoutés, en ont en marre de réclamer des choses qui n’arrivent jamais, c’est-à-dire la compétence à tous les niveaux du club, lance Théo. Du coup, ils sont oubliés et énervés. » « Messieurs Labrune et Anigo savent très bien que ce n’est pas un complot, ils savent très bien d’où ça vient, renchérit Hadrien, qui ne veut toutefois pas s'approprier ce mouvement pour rassembler le plus de supporters possible. En disant que c’est un complot, on détourne l’attention. Quand la majorité complote, c’est une révolution, plus un complot. »
José Anigo, principale cible de ces critiques, ne comprend pas vraiment cette attitude alors qu’au contraire, le club aurait besoin d’une union sacrée dans cette période difficile. « C’est simple, une équipe ça se supporte, mais pas toujours quand ça va bien, lance le coach marseillais. Ça se supporte surtout quand ça va mal et qu’on est moins bien. Je comprends tout. On peut être en colère, on peut être dépité par la saison que l’OM a fourni et que les objectifs n’aient pas été atteints. Je l’entends et je le comprends. Maintenant, je ferais partie des supporters, même quand ça va mal, qui continueraient à supporter et à aimer l’OM. Je ne veux pas lancer de message, mais c’est ma vision de supporter. » Mais depuis quelques temps, la vision des dirigeants et des fans marseillais est loin d’être la même.