Si l'OM avait voulu se couper de son public, il n'aurait pas pu élaborer meilleure stratégie que celle actuellement en vigueur. Sa popularité est sa principale richesse et le club, en tentant de la monnayer, est en train de l'ébrécher sérieusement. Officiellement, les supporters sont toujours les bienvenus trois fois par semaine aux entraînements. L'été, quand tous les rêves restent permis, il y a foule. Certaines familles parcourent parfois des centaines de kilomètres pour venir voir les joueurs... qui s'entraînent souvent à l'opposé de la zone dédiée au public. Les plaintes sont alors fréquentes auprès des employés de l'entreprise de sécurité qui les encadrent, alors que ces derniers ne peuvent strictement rien faire, si ce n'est constater leur désarroi. Pour voir leurs stars préférées, le meilleur moyen, pour les gamins fans de Gignac ou de Mandanda, consiste désormais à devenir adhérent du club des Minots de l'OM. Coût : 40 euros par an. Un tarif difficilement accessible dans une ville qui s'appauvrit.
L'OM a également trouvé le moyen de se fâcher avec ceux qui sont chargés de raconter, à leurs supporters, l'actualité du club. Les journalistes qui suivent le club au quotidien doivent désormais montrer patte blanche pour accéder au centre d'entraînement, les rares fois où la forteresse, désormais propriété du club, leur est ouverte. A tous les étages, la communication est devenue désastreuse. Mais ce problème serait accessoire si l'OM avait tenu ses promesses sur le terrain.
Roi de la com', Vincent Labrune avait voulu séduire l'environnement du club tout en se donnant du temps en érigeant Dortmund ou Arsenal en modèle. Le président traîne cette comparaison comme un boulet. "Vis-à-vis des supporters, l'OM ne représente plus rien, juge froidement Bernard Bosquier, ancien grand défenseur international des années 1970, qui ne se rend même plus au stade, après avoir été viré d'OMTV, où sa liberté de ton déplaisait en haut lieu. Les dirigeants montent une équipe qui sera prête, paraît-il, dans deux ou trois ans mais qui joue en même temps la Ligue des champions. Les jeunes, c'est bien beau, mais s'ils ne sont pas encadrés..."
Les départs annoncés des forces vives, les Mandanda, Valbuena, Ayew ou N'Koulu, si l'OM n'atteint pas le podium cet été, renforcent l'idée d'un club sur le déclin, incapable, en tout cas d'être bientôt armé pour être à la hauteur de sa riche histoire en rivalisant avec le PSG ou Monaco.