par boodream » 02 Nov 2010, 13:58
Ce topic est très intéressant. En ce qui me concerne, je parlerais davantage de dépit que de lassitude. Quasiment un dépit amoureux. Pour ainsi dire, et de manière assez paradoxale, je pense que c’est la passion elle-même qui engendre une forme de fatigue, lorsqu’elle commence à tourner en rond et qu’elle ne se nourrit plus. Je m’explique : personnellement, j’estime qu’il existe une certaine ambivalence entre l’amour du jeu et l’amour pour un club, et je pense que ces deux aspects sont nuisibles l’un à l’autre.
J’adore l’OM, bien au-delà du jeu produit, pour ce que sa représente, à la fois globalement et à titre personnel et sentimental, parce que j’ai grandi avec, parce que j’arrive à insérer le club dabs mes souvenirs propres d’un point de vue humain, qui parfois sont très éloignés du football. Il y’a un attachement affectif qui dépasse le cadre du jeu, qui fait qu’on s’intéresse à SON équipe en se l’appropriant, en s’intéressant au contexte, à l’historique, à l’environnement quasiment « socioculturel », au financier aussi, et je le revendique très fortement. Tout cela fait que l’enjeu et l’intérêt seront toujours plus forts devant un OM/Zlina dont la qualité du spectacle a confiné à l’abjection footballistique pure et simple que devant un Chelsea/Arsenal très rythmé (je ne parle pas de qualité mais de spectacle, en faisant bien la distinction). J’irai même plus loin, récemment lors du match de Stach Cup contre Guingamp, je me fichais littéralement du match dans sa globalité parce que tout ce qui m’intéressait c’était la gestion de l’effectif et sa viabilité concrète, les performances individuelles des remplaçants alignés etc.
Le gros problème, c’est que le carburant du moteur c’est le plaisir éprouvé. Et qu’on ne le retrouve que dans le jeu ou peu s’en faut. L’attachement viscéral comme cérébral à un club n’est pas tenable au-delà d’un certain seuil d’ennui. Je suis donc pris entre le marteau et l’enclume : un match « bandant » n’emportera pas mon adhésion s’il ne concerne pas mon club, mais les matchs de mon club finiront par susciter une sorte de dégoût s’ils ne sont pas bandants.
D’où mon extrême frustration devant un titre tant attendu et obtenu de manière parfois peu glorieuse. Pas statistiquement, pas dans la « force » déployée, mais dans son coefficient de spectacularité franchement décevant. Ici, l’attachement à l’OM s’assimile clairement à une drogue ne procurant pas l’effet escompté. Les gens vont au stade ou suivent l’OM assidument parce que c’est une respiration par rapport à leur quotidien, une forme de domaine réservé d’expression de sa liberté individuelle, comme peuvent l’être toutes les passions, y compris, les –malsaines- relations affectives dites de « dépendance », construites sur le même modèle de substitution à une carence de son équilibre personnel. Concrètement, je pense que j’attends de l’OM de la magie, du show (concrétement, je veux ressnetir quelque chose), du plaisir en barre, que c’est utopique, que du coup je me raccroche aux résultats obtenus, mais que ceux si sont drastiquement dévalués par la faiblesse de l’enthousiasme suscité par la production footballistique en France.
Et on en revient toujours au même point : j’aime trop l’OM pour me sentir concerné par un match du Barça, et j’ai trop faim de plaisir pour pouvoir supporter les prestations de l’OM ou même le championnat de France à titre global. Ce qui signifie que quand bien même on serait à nouveau champions, ce qui n’est pas acquis du tout, on le serait dans un environnement amorphe et morose, et c’est en cela qu’on peut parler de champion au rabais : le championnat est lui-même au rabais, avec Brest leader et 0.34 points entre la première et la dernière place, alors comment pourrait-il être envisageable que le gagner soit valorisant ? D’autant que parallèlement on aligne les prestations déprimantes en C1 contre des équipes pas forcément meilleures que nous.
Alors est-ce que c’est parce que mes attentes ont évolué ? Est-ce que mes centres d’intérêt ont évolué ? Est-ce que les responsabilités nouvelles que nous endossons tous au fil de la vie nous décentrent de l’idée même d’une passion par nature impulsive et fantasmée ? Ou bien est ce que j’ai tout simplement fait le tour de la question, est ce que j’ai besoin d’air frais, d’un autre sport, de nouveaux enjeux, de nouveaux codes, d’avoir un œil neuf ? Je pense que c’est peut-être un peu des deux, et j’ajouterais que c’est vachement conjoncturel quand même, parce que je me rends compte que mon enthousiasme pour le foot est véritablement indexé sur mon enthousiasme tout court, qui n’est pas massif du tout ces dernières semaines.
«On a fait une erreur dans ce mercato, c'est d'avoir eu des discussions avec un joueurs qui ont trop duré. Et ça, c'est une erreur qu'on essaiera de ne pas reproduire»