Vous êtes directeur sportif depuis six ans maintenant. Combien de temps vous donnez-vous encore ?
José Anigo : Je ne me projette jamais plus loin qu'une année. Si j'étais carriériste, je vous dirais que d'ici cinq ans, ayant fait le tour de la question, il sera temps pour moi de tourner la page, de changer de vie.
Vous quitteriez le foot ?
J.A. : C'est une hypothèse. Dans ma vie, il y a le foot, mais aussi des projets familiaux. Ils sont très importants à mes yeux. Aujourd'hui, pour naviguer dans les sphères du foot, il convient d'appartenir à un clan pour naviguer convenablement. Je ne m'y fais pas. Donc, la meilleure solution est de chercher une nouvelle voie, peut-être à l'étranger. Telle est ma réflexion à l'heure où l'on se parle. Mais, je ne sais pas où j'en serai dans cinq ans.
L'OM vous use-t-il ?
J.A. : On m'a testé sur la compétence. Je crois avoir prouvé la mienne, même si il y a encore beaucoup de gens sceptiques. On m'a attaqué sur ma bonne foi, mon honnêteté: ça ne m'a pas vraiment gêné, même si la famille déguste dans ces moments-là. J'ai un poste convoité. J'ai mis du temps pour le comprendre, mais j'ai localisé le ou les personnes qui ont intérêt à me faire partir.
Lesquels ?
J.A. : S'il vous plaît, je préfère garder cela pour moi. Je peux avancer la chose suivante: avec Pape Diouf et Julien Fournier, nous avions mis un système en place et il est toujours en vigueur: le club est ouvert à tous les agents de France et pas seulement aux agents marseillais.
On vous a prêté un temps des fonctions d'agent ?
J.A. : On m'a prêté tant de choses. C'est la réputation de tous les directeurs sportifs de France. Le qu'en-dira-t-on est terrible, il peut se révéler destructeur. Je suis zen, car je suis un privilégié et je n'ai pas besoin de plus. Le monde du football génère beaucoup de fantasmes, mais nous sommes surveillés à la loupe. À l'OM, il y a un système imparable. Ma compétence s'arrête aux frontières du sportif. Tous les paramètres financiers sont du ressort de Jean-Claude Dassier et Antoine Veyrat.
Votre connaissance du club vous permet-elle de comprendre l'été pourri de l'OM après un titre attendu depuis 17 ans ?
J.A. : J'ai la réponse, mais il est encore trop tôt pour en parler. Nous avons vécu au ralenti. Pour moi, tout était clair, j'ai juste attendu le bon moment, celui où l'on est venu me demander ce que je pensais.
Avez-vous le sentiment d'avoir été placardisé cet été ?
J.A. : Si ce n'était pas le cas, ça y ressemblait fortement. Pour être poli, je dirai que j'ai été oublié. Moi, comme Antoine Veyrat d'ailleurs. Nous sommes ressortis du placard durant les quinze derniers jours.
Avez-vous une explication ?
J.A. : Je pense en connaître une.
Laquelle ?
J.A. : Je n'ai pas envie d'avoir mal à la tête. Il n'est pas nécessaire d'y revenir aujourd'hui alors que la saison est lancée. Vous savez, je n'ai pas oublié, mais cela ne m'empêche pas de vivre.
Avez-vous eu l'impression que l'on a voulu vous faire partir du club ?
J.A. : Le club obéit à une organisation, une structure bien en place. Il y a l'actionnaire Margarita Louis-Dreyfus; le président du conseil de surveillance, Vincent Labrune; le président du directoire, Jean-Claude Dassier. Tant que ces personnes auront confiance en moi, je ne me poserai pas la question de partir et je ne prendrai pas non plus la rumeur pour argent comptant. Beaucoup de choses me sont revenues aux oreilles, par des gens qui ont pignon sur rue dans ce métier et qui les ont ébruitées. Cela a eu un avantage: de poser des questions claires aux personnes intéressées.
Vos relations avec Didier Deschamps ne sont pas au beau fixe...
J.A. : Elles ne se sont ni améliorées, ni dégradées. Cela nous permet de travailler correctement. Je n'interfère en rien dans son quotidien, je ne suis pas un élément bloquant. Nous sommes dans deux mondes différents. Didier est dans le résultat immédiat. Je me mets dans une réflexion plus lointaine pour le club. Ces rapports nous conviennent parfaitement.
Deschamps est arrivé à éviter les peaux de bananes et autres poignards dans le dos en Janvier et Février derniers.
Il est arrivé à dégager Spinosi et Conesa ( au moins de l'équipe une) en mai dernier.
Mais bizarrement, il n'a pas été suivi dans le recrutement ( influence de Veyrat ?) et a afailli partir en Aout.
Il semble aujourd'hui y avoir deux pôles opposés: Dassier, le staff technique et DD contre Anigo +/- Veyrat.
Quelles conséquences selon vous pour l'OM à court terme ( mois d'octobre et novembre décisifs) et à moyen terme ( départ d'Anigo ou de Deschamps, car il est évident que les deux ne pourront jamais travailler ensemble ...) ?