par FabMars » 09 Déc 2011, 18:46
L'interview complète de l'Equipe que j'ai trouvée intéressante et que je voulais partager... Pardon s'il y a des fautes de frappe.
-En termes d'émotions, comment jugez-vous cette qualification?
-Je n'ai pas la faculté de mesurer l'échelle des émotions. Mais le scénario a amené des émotions fortes. Ca reste aussi un exploit, car c'est le champion d'Allemagne.
-Pour le mercato, cette qualification change-t-elle beaucoup de choses?
- Ca a une incidence économique, mais pas démesurée (4.5 millions d'euros). Ca ne change pas la vie du club. Je sais que je vais perdre des joueurs avec la CAN, que Gignac sera blessé jusqu'à fin janvier. On verra.
- Lundi, vous avez dit que Dortmund serait "peut-être [votre] dernier match européen avec l'OM". Y avait-il un message?
- J'aurais mieux fait de fermer ma bouche. Si j'avais un message à faire passer, j'aurais été stupide de choisir ce moment-là. Il n'y avait aucun sous-entendu.
- Si le climat était serein autour du club, personne n'aurait relevé.
- Je ne me projette pas sur mai, sur juin. Libre à vous...
- Vous voilà qualifiés, et maintenant sort le malaise Valbuena.
- Le malaise Valbuena... Ce qui m'intéresse, c'est le projet collectif. Je me comporte mal à chaque match avec les joueurs car je ne peux pas les faire débuter tous. Ca en touche certains. Mais je fais en sorte de ne perdre personne.
- On sent que Valbuenant ne le vit pas bien...
- Il rentre, il qualifie le club, il marque un super but: il a tout pour être heureux et fier de lui.
- Et tout pour retrouver une place de titulaire?
- Comme tout le monde. Il y a la forme du moment, la concurrence, à moi d'analyser. Je sais que Mathieu a l'Euro en tête, mais si je dois tenir compte de chaque objectif individuel...
- Le rendement de Lucho ne vous interpelle-t-il pas?
- Lucho, c'est toujours pareil. S'il joue, on me demande pourquoi il joue, s'il ne joue pas, on me demande pourquoi je ne le fais pas jouer, vu ce qu'il me coûte (350 000 euros de salaire brut mensuel).
- Au début de la saison, vous disiez : "ça respire mieux." C'est toujours le cas?
- Ca va, je respire... Le métier d'entraîneur est très complexe, surtout en France. Regardez Antoine au PSG. Aujourd'hui, même les résultats ne garantissent plus rien...
- Vous pensiez que ce serait plus simple cette année?
- Pourquoi? Ce n'est jamais simple.
- Avez-vous la sensation d'être plus soutenu cette année par votre président, Vincent Labrune?
- Je le suis, je l'ai été avant. Les présidents n'ont jamais eu à se plaindre des résultats. Et à aucun moment, je n'ai eu de raison de penser que je n'étais pas soutenu.
- Récemment, avez-vous songé, avant certains matches, que la fin approchait?
-C'était une possibilité, mais je n'ai jamais préparé un match en fonction de ça. C'est la loi du foot, ça aurait pu m'arriver. Aujourd'hui, je suis là, j'aurais pu partir de l'OM la première ou la deuxième année. Après, on verra, je ne sais pas de quoi demain sera fait. J'ai un projet, des objectifs. Je pense que beaucoup ont été remplis. Je fais une analyse de la situation. J'aime savoir comment on y va, quelle est la feuille de route.
- Vous ferez un point en fin de saison?
- Je le fais toujours.
- Pourtant, vous évoquiez l'idée de découvrir le stade rénové en 2014 sur le banc de l'OM...
- Si le président m'a fait signer jusqu'en 2014, et que les discussions n'ont duré que 5 minutes, ce n'est pas pour rien. Après, c'est impossible de me projeter en 2014. C'est comme dire aux supporters: "soyezs patients, on va gagner dans deux ou trois saisons." L'entraîneur, c'est l'immédiat. Le court terme est notre vie. Ca dépend de la fin de saison, de la situation économique... Je me projette sur cette saison seulement.
- Seriez-vous capable de partir, comme à Monaco en Septembre 2005 ou la Juve en mai 2007?
- Avant, j'étais jeune, impulsif, je manquais de recul. Je suis plus âgé, moins rigide et je prends du recul. Et puis, je l'ai payé cher...
- En termes d'image?
- Disons que l'étiquette n'est pas bonne ensuite pour les dirigeants. Je comprends qu'ils puissent se dire: "avec lui, on n'a pas de prise, car il peut partir du jour au lendemain." et je ne crois pas que j'aie rendu service à mes collègues, même si j'ai toujours dit que ma liberté n'avait pas de prix. Mais j'étais jeune...
- Quels sont vos rapports de travail avec José Anigo?
- Je n'ai pas de relation avec lui.
- Il est pourtant le directeur sportif, et le mercato approche...
- J'ai deux supérieurs hiérarchiques: le président et l'actionnaire. Et c'est le président qui prend la décision. J'ai toujours été respectueux de la hiérarchie. Et la fonction de président, c'est de dire oui ou non, même si je ne suis pas d'accord.
- Ces rapports compliqués ne vous pèsent pas?
- Un entraîneur doit s'adapter. Je suis un salarié du club. Mon domaine, ce sont les joueurs.
- La situation avec Anigo est-elle irréversible?
- Je n'ai pas dit ça. J'ai dit que nous n'avions pas de rapport.
- Vous voyez-vous repartir comme ça, l'an prochain?
- Je ne vais pas parler de ça aujourd'hui alors qu'il y a dix jours ma situation était fragilisée, pour ne pas dire plus...
- Vous sembliez pourtant avoir plus de pouvoir, cette année...
- J'ai la même responsabilité, ni plus ni moins. Entraîneur général, ça ne change rien.
- Vous n'avez pas de prérogatives supplémentaires?
- Non. Aucune.
- Cette saison est épuisante quand même?
- Oui, car il y a le groupe, les impondérables... Et comme les résultats n'étaient pas là, la caisse de résonance était importante. Je suis le responsable de l'équipe, j'en ai pris pour mon grade. (Rires.) Ce n'est pas un jeu très agréable d'être au milieu du buzz quotidien. Et quand les résultats ne sont pas là, tout est remis en cause. Dans ces moments là, il faut faire le dos rond.
- Aviez-vous déjà connu une situation comme celle que vous avez vécue avec Gignac?
- (Il réfléchit.) C'est ma huitième saison comme entraîneur, j'avais déjà connu ça, mais à mes débuts. Ces situations avec Gignac et Anigo? Elles m'ont marqué... Mais ce sont deux cas différents. "Dédé" est un joueur et j'ai une autorité d'entraîneur. Je ne peux pas être flexible vis-à-vis du groupe.
- Vous êtes l'entraîneur qui a disputé le plus de matches européens avec l'OM (24). Vous avez posé votre empreinte sur le club.
- Comme tout entraîneur, tout joueur, on laisse une trace. Évidemment, avec les deux premières saisons et les cinq titres gagnés, ça laissera une trace. 24 matches de coupe d'Europe, c'est une fierté, surtout que pour 20 d'entre eux, c'était en Ligue des Champions.
- En huitièmes de finale, avez-vous une préférence.
- Ils ne vont pas nous mettre six boules avec Nicosie dedans! Avec tout le respect que j'ai pour eux... En étant deuxièmes, il y a presque tous les cadors.
- Vous avez suivi le tirage de l'Euro. L'EDF est-elle bien tombée?
- Ca aurait pu être pire. Je pense que la France a sa chance, évidemment.
- Pensez-vous que cette équipe est au début d'une aventure comme la vôtre en 1996?
- Je ne sais pas. Il y a des joueurs de qualité, il faut faire en sorte qu'ils soient performants collectivement. Ce n'est ps suffisant d'avoir du talent à chaque pose. Et ce n'est pas facile pour l'entraîneur, parce qu'il y a des intérêts personnels.
- Comment expliquez-vous que certains n'aient pas le même rendement en club et en EDF?
- Ce n'est pas valable seulement pour les joueurs français. Messi, on le critique sur ce qu'il fait avec l'Argentine, et on peut dire la même chose avec Cristiano Ronaldo.
- En 1996, on avait senti quelque chose.
- On était tous dans des grands clubs, et beaucoup dans des clubs italiens, avec une culture de la gagne au quotidien. On baignait là-dedans et quand on se retrouvait ensemble, on était des compétiteurs.
- Ca veut dire quoi, la culture de la gagne?
- C'est tout, tu le respires au quotidien. (Il mime.) Dans les grands clubs étrangers, le joueur n'a pas d'excuses. Tout est fait pour qu'il n'ait pas le moindre souci. S'il en a un, c'est réglé dans la minute. S'il n'est pas bon sur le terrain, c'est parce qu'il n'est pas bon. Ce n'est pas la faute de X, Y ou Z.
- C'est ce que vous rêviez de faire à l'OM?
- Je ne rêvais pas. Je pense que l'exigence au quotidien est indispensable. La rigueur est indispensable.
- Ca se matérialise comment?
- Dans les comportements individuels, dans le cadre, dans l'autorité.
- Et ça, à l'OM, c'est difficile à appliquer?
- C'est difficile dans tous les clubs français. A l'étranger, il y a aussi une place pour les anciens. C'est indispensable pour un club d'avoir une identité, une histoire. Quand Desailly revient avec Chelsea à Milan, il faut voir l'hommage qu'ils lui font! Regardez le Bayern. Peu importe leur rôle, les anciens sont là dans les grands clubs étrangers. Moi,quand je vois Josip Skoblar (qui travaille dur sur le recrutement de l'OM), ça me fait quelque chose, même si je ne l'ai jamais vu jouer. Zizou au Réal, Figo à l'Inter... En France, c'est plus dur.
- Dans le vestiaire à Dortmund, vous avez tout de suite basculé sur Bordeaux, samedi.
- (Sourire.) C'est mon boulot d'entraîneur. On essaie de faire retomber l'euphorie. Il faut faire en sorte qu'on y soit, dans la tête.
- Si vous finissez avec plus de 30 buts à la trêve, ce serait un petit miracle, non?
- Je ne sais pas si ce serait un miracle. L'année dernière, on finit à 29, l'année d'avant à 32, avec un match en moins. Pour se qualifier en LDC, c'est 65 points minimum. Mais cette année, ça va vite, Montpellier a beaucoup de points (36). Après tout se jouera sur la deuxième partie.
上を向いて歩こう、涙が零れないように。