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Didier Deschamps : "Aujourd'hui, tout se discute"
Pour "La Provence", Didier Deschamps évoque le premier stage, mais aussi la situation du mercato.
Didier Deschamps a vécu une semaine un peu compliquée. Pas au niveau de la gestion de son groupe, mais en raison d'une infection oculaire importante qui l'a contraint à porter des lunettes en permanence.
Les yeux rougis, dans l'attente de savoir si cette infection est virale ou la conséquence d'une allergie, il a respecté tous ses engagements. Avant de quitter Port-du-Crouesty, l'entraîneur olympien s'est installé dans le club house de l'hôtel Miramar pour évoquer avec "La Provence des Sports", ce début de saison.
- Quelle a été l'implication des joueurs pendant la durée de ce premier stage ?
Globalement bonne, voire très bonne, avec des charges de travail importantes. Après, il y a des degrés divers selon les individus, comme dans tous les groupes. (Long silence...) Je regarde, avec mon staff. Je prends des notes, cela me donne une idée sur chacun d'entre eux. Mais, globalement, il y a une envie de travailler, même si ce n'est pas la partie la plus agréable. Elle reste obligatoire et indispensable.
- La préparation semble sensiblement différente de la saison passée. Est-elle en partie calquée sur le Trophée des champions, pour être compétitif le 28 juillet ?
Non. Sans ce rendez-vous, nous aurions suivi la même. Je ne prépare pas la saison par rapport à ce match-là. On est dans l'inconnu sur le retour des internationaux. Je ne peux pas me permettre d'alléger le programme pour être mieux contre le PSG au risque qu'il y ait des manques par la suite.
- Resserrerez-vous le groupe dès lundi, dans l'attente du retour des internationaux ?
Non. Toute la semaine, nous travaillerons avec les joueurs présents à Port-du-Crouesty. Pour le deuxième stage, nous resterons quantitativement avec 20-21 joueurs de champ et trois gardiens, mais les mondialistes seront avec nous.
- Au soir de la dernière journée, vous avez déclaré vouloir prendre votre temps pour recruter. Quels délais vous donnez-vous ?
Jusqu'au 31 aout. C'est la réalité.
- On peut supposer que vous aimeriez travailler avec un groupe complet assez rapidement ?
C'est le voeu de tout entraineur. Mais je dois tenir compte des sélectionnés au Mondial, avec des retours différés, notamment pour Heinze et Ayew. Ils s'entraîneront en décalage et n'auront pas à faire cette première partie. Leur préparation sera plus courte, même si le mois d'août nous permet de retravailler, car nous aurons une seule rencontre hebdomadaire, à l'exception des internationaux, de nouveau retenus pour des rencontres amicales. Le marché est très calme. Il faut prendre le temps pour réaliser les meilleurs choix.
- Que le club soit obligé de vendre avant de recruter contrarie-t-il vos plans ?
L'obligation de diminuer la masse salariale et la volonté de renforcer l'équipe ne sont pas compatibles. Améliorer le collectif est un objectif à court terme.
Pour la masse salariale, l'échéance court jusqu'au 30 juin 2011.
De nombreux paramètres évolueront, avec ce mercato d'été, celui d'hiver et le bilan de fin de saison où il y aura la possibilité de procéder à un rééquilibrage. L'un ne doit pas empecher l'autre. Il y a une ossature en place et les arrivées seront moindres que la saison dernière. C'est une réalité économique née de la suppression du DIC (ndlr : droit à l'image collective) et des impératifs du conseil de surveillance.
- Craignez-vous de perdre quelques cadres, comme Niang ou Cheyrou ?
Non. Vous savez, tout est une question de marché, d'offres et des demandes.
On est jamais à l'abri d'une proposition importante, mais les joueurs sont bien à Marseille et ont envie de poursuivre l'aventure.
Alors, oui, certains ont plus de concurrence que d'autres en fonction des postes. Mais je ne nourris pas d'inquiètude de ce coté-là.
- Ceux avec lesquels nous avons discuté disent avoir oublié le doublé de la saison passée. Est-ce une bonne résolution pour éviter de papillonner lors du prochain exercice ?
Je ne pense pas qu'ils l'ont completement oublié, il ne faut qu'il en soit ainsi. Ces instants doivent restés ancrés au fond d'eux, pour avoir plus de conviction. Il y a une obligation : l'humilité. Les compteurs sont remis à zéro. Il faudra autant, si ce n'est plus, de détermination, d'implication.
Gagner est difficile, se maintenir l'est encore plus.
Il en découlera une exigeance accrue, moi envers eux, eux envers eux-mêmes.
- Ce niveau d'exigeance est-il déjà appliqué depuis la reprise ?
Je n'ai pas encore tout le monde sous la main. Je parle, mais j'attends de disposer d'un groupe quasi au complet.
Les joueurs se connaissent bien et si je n'ai pas à intervenir, c'est un souci en moins.
Gagner deux titres offre un certain statut, cela donne surtout beaucoup d'obligations. Ils doivent le comprendre.
- Le mondial tire à sa fin, le marché des transferts s'apprete-t-il à se reveiller, selon vous ?
Ce sera très calme, à l'exception de quelques clubs disposants de moyens économiques importants, qui ne sont pas à 5 ou 10M€ près.
Aujourd'hui, tout se discute. Nous sommes dans une conjoncture où est revu à la baisse.
Beaucoup de joueurs en fin de contrat ne retrouvent pas de club. Si les ressources restent importantes, la crise touche aussi le foot, il y a un manque à gagner évident.
Il y a encore la réalité du marché franco-français, avec des prix hors marché. Nous sommes quasiment obligés de nous tourner vers l'étranger pour payer la valeur réelle d'un joueur.
- Les clubs français n'aurait-il pas pris conscience de la crise ?
Ils cherchent à compenser.
Tous les clubs ont un patrimoine joueur. Vous imaginez, Lorient a vendu Koscielny 12 ou 13M€ à Arsenal après une seule saison de Ligue 1.
C'est un investissement impossible à assumer pour un club français, le risque est trop important. C'est dommage. Si les clubs français n'ont pas de relations économiques entre eux, l'argent fuit vers l'étranger et la machine interne ne fonctionne plus.
- Avez-vous arreté la liste des joueurs que vous souhaitez recruter ?
Oui, j'ai une idée assez précise. Azpi nous a déjà rejoints. Il faudrait encore deux joueurs.
- Alou Diarra, par exemple ?
(Sourire...) Il fait partie des joueurs qui nous interessent.
- Esperez-vous le voir arriver bientot ?
Le plus tot possible (rires...).
Avec lui, l'avantage est qu'il n'y a pas de discussions, on sait combien ça coute (ndlr : la clause est de 7.75M€).
Pour l'attaquant, on vera. Je connais la qualité des élements à ma disposition. Si c'est pour prendre quelqu'un de même valeur, il n'y a aucun interet.
Il y aura une arrivée dans ce secteur si on trouve une individualité capable de nous apporter un véritable plus, de renforcer l'existant. Mais, cela a un cout.
On prendra un peu plus de temps, on regardera aussi vers les clubs où il y a un sureffectif important.
- Cette arrivée est-elle conditionnée au départ de l'un des attaquants déjà sous contrat à l'OM ?
Non, pas forcement . Il y aura un rééquilibrage à trouver, les dirigeants le savent par rapport à la masse salariale.
Mais une éventuelle arrivée n'est pas liée à un départ.