TD
L’ABSENCE DES SUPPORTERS de l’OM n’aura donc pas diminué les risques de violences. Elle n’aura eu pour conséquence que de déplacer cette menace à un niveau très local, vers les groupes rivaux du Parc des Princes. D’un côté, la frange dure du kop de Boulogne ; de l’autre, un Virage Auteuil en voie de radicalisation, notamment autour des Supras et des Authentiks. Entre ces deux blocs de fans du PSG, la moindre étincelle provoque aujourd’hui des affrontements, à l’image des incidents observés à Lille, le 16 janvier. Ces groupes étaient prêts à mettre leurs antagonismes en veilleuse, le temps d’un dimanche passé à « chasser » des supporters de l’OM jusque dans des zones très éloignées du Parc des Princes. Mais le boycott du déplacement décidé samedi soir par les ultras olympiens a rendu cette « trêve » caduque.
Hier, de nouvelles bagarres ont éclaté derrière la tribune Auteuil, environ une heure et demie avant le coup d’envoi du clasico. Les forces de l’ordre sont parvenues à mettre un terme à ces échauffourées, utilisant des bombes lacrymogènes. Mais ce « fight » entre supporters parisiens avait déjà fait couler du sang : un homme retrouvé inanimé a été évacué vers un hôpital. Mais, hier soir, à 23 h 30, son état n’inspirait pas d’inquiétude particulière. Peu avant la porte de Saint-Cloud avait été le théâtre d’affrontements entre CRS et supporters. Les forces de l’ordre avaient dû charger et lancer des gaz lacrymogènes pour disperser la foule. Des voitures, scooters et du mobilier urbain ont, en outre, été dégradés tout autour du Parc des Princes.
Les rumeurs les plus alarmantes ont parcouru le Parc pendant le match. L’une faisait état d’un supporter de Boulogne blessé par un coup de couteau. Un autre évoquait carrément... un mort. Autant de bruits démentis rapidement par les responsables de la sécurité. Il n’empêche : ce dimanche entre Parisiens est parti pour exacerber un peu plus le conflit qui a resurgi ces derniers mois entre Auteuil et Boulogne, conflit qui semblait en veilleuse depuis l’autodissolution en 2006 des « Tigris Mystic », un ancien groupe d’Auteuil, qui contestait la volonté d’hégémonie de Boulogne dans le milieu des supporters du PSG.
Un climat de guerre
À Paris, chaque déplacement du PSG est désormais considéré comme une situation à hauts risques de violence. Déjà pressenti brûlant, le voyage des fans parisiens à Lens, samedi prochain, pose désormais un énorme problème de sécurité tant l’animosité ne fait qu’enfler entre les sections rivales du Parc des Princes, qui se sont à nouveau insultées avec force, hier soir, pendant le match. Des habitués des virages parisiens décrivaient même un climat de « guerre ».
Paris ressort de ce clasico avec le sentiment d’une violence à deux étages. Aux bagarres entre supporters s’ajoute la fracture de plus en plus ouverte entre le Parc et le PSG. Fracture avec les joueurs, raillés par les « merci Paris ! » et les « une équipe de merde » qui jaillirent, hier soir, après le troisième but de l’OM. Fracture, aussi, avec Colony Capital, un actionnaire avec qui le point de non-retour semble atteint.