Fernando, je suppose que vous n’êtes vraiment pas satisfait de ces six premiers mois sous le maillot de l’OM…
Je ne peux pas être satisfait, c’est évident. J’avais d’abord signé à l’OM pour me prouver à moi-même que je pouvais encore jouer au haut niveau et pour le moment, c’est un échec. Je pensais pouvoir être prêt en deux mois. Un mois pour me préparer physiquement. Un autre mois pour retrouver le rythme de la compétition et prendre mes marques dans l’équipe. Rien de tout cela n’est arrivé. C’est dur d’être sur le banc, mais il faut savoir être humble et constater qu’il y a, au sein du groupe, des joueurs beaucoup plus forts que moi.
Peut-on dire que vous souffrez physiquement ?
Je souffre mentalement. J’ai été habitué à évoluer dans de grandes équipes, à me battre avec la concurrence et à jouer beaucoup de matchs. J’avoue que c’est très compliqué pour moi. L’an passé, je n’ai quasiment pas joué avec Valence, et je crois que j’en paye aujourd’hui les conséquences. Je savais que ça pouvait arriver, je dois l’accepter. Mais sur le plan mental, je souffre beaucoup, c’est vrai…
La carrière que vous avez eue et tous les titres obtenus doivent pourtant vous aider à relativiser cette période difficile, non ?
Non. Ça ne m’aide pas. Je ne fais pas partie de ceux qui se contentent de ce qu’ils ont fait par le passé. J’aime vivre à fond le présent, et le présent me fait souffrir. Je comprends que j’arrive à un âge un peu critique, cela fait 16 ans que je suis footballeur professionnel et je n’ai évidemment pas les mêmes sensations qu’à 20 ans. Mais je ne baisse pas les bras. Je ne dois rien prouver à personne. Je n’ai rien coûté à l’OM en indemnités de transferts et je suis simplement ici pour donner le maximum pour les deux dernières années de ma vie de footballeur.
Espérez-vous retrouver le rythme ou vous avouez-vous vaincu ?
Sincèrement, je réfléchis à beaucoup de choses (soupir)… Retrouver 100% de mes capacités, ce sera quasiment impossible. Je peux aider l’équipe d’une autre façon, notamment en entrant en jeu en 2e mi-temps. Je veux aussi que les gens aient une autre vision de moi. J’imagine que personne n’est content de mon rendement, et c’est un jugement que j’accepte totalement.
Quand vous dites « Je réfléchis à beaucoup de choses », cela veut-il dire que vous pensez aussi à arrêter le football ?
Je pense à tout. Quand un homme vit des moments difficiles comme c’est le cas pour moi, on pense à tout, mais bon… J’aime ma profession, j’aime honorer jusqu’au bout mes engagements et j’espère toujours aller au bout de mon contrat de 2 ans avec Marseille. Je continue à être heureux quand je vais m’entrainer, mais bon, quand il faudra que j’arrête ma carrière, je l’arrêterai, ce n’est pas un problème (sourire ému)…
Peut-on résumer en disant que vous êtes en plein doute ?
Oui, et je suis très déçu de moi-même. Je ne suis pas arrivé à Marseille en me disant que je n’allais pas jouer, que je n’allais pas me sentir bien… Au contraire, j’avais l’espoir de me rétablir et que l’équipe profite de mes qualités. Donc oui, cela crée un sentiment de doute et de grande déception…
Les critiques des supporters ou de la presse vous blessent-elles ?
Non. Premièrement parce que je ne lis, ni ne regarde, ni n’écoute tout ce qui est en rapport avec le football, à l’exception de ce qui se dit dans le vestiaire de l’OM. Et deuxièmement parce que le plus critique de tous envers mon niveau de jeu, c’est moi-même. Je vois parfaitement ce que je fais sur le terrain et je n’ai pas besoin d’autres analyses.
Et quelle est votre réaction quand vous entendez que l’OM cherche un attaquant ?
Je trouve cela normal. Ils doivent recruter un grand buteur qui nous apportera ce qu’il nous manque sur le plan offensif. C’est logique, surtout en cette période de mercato, et cela ne me dérange pas. Je vous répète que l’OM n’a rien déboursé pour me faire venir, je suis donc tranquille à ce niveau là. Ce que j’apporte au club, ce ne sera que du bonus.
Quel message aimeriez-vous faire passer aux supporters de l’OM ?
Qu’ils sachent simplement que je continue à donner le meilleur de moi-même. Pour le moment, j’ai la chance de ne pas m’être blessé et je croise les doigts pour continuer à pouvoir m’entrainer dans de bonnes conditions. J’ai encore l’espoir de faire apparaitre les ressources physiques que j’ai en moi. Et si elles n’apparaissent pas, alors… « Ciao, hasta luego !... »
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