Président, Didier Deschamps semble fataliste devant le mercato très calme de l'OM. Arrivez-vous à le rassurer ?
On en parle presque tous les jours avec Didier. On ne peut pas faire Torres à 80M€. Les attaquants de ce niveau sont inaccessibles. Ils évoluent dans des pays où la DNCG n'existe pas. On pratique le même sport mais pas avec les même règles. Il faut attendre. Il peut y avoir des opportunités de pret. On a encore quatre semaines devant nous. Si vous voulez que je réponde à ce que je lis dans les journaux, sur des transferts à 15,20,25 millions la réponse est non. De toute façon, ce ne serait pas une bonne affaire.
Les finances de l'OM vont mal ?
Tout le monde fait attention à son argent. Quand on est responsable des finances d'un club, il faut être vigilant. Les années qui viennent vont être compliquées. Je ne suis pas un aventurier de la finance. Alors, on va faire attention. On va voir ce qu'on est capable de faire dans les semaines à venir. S'il y a une opportunité, on la saisira.
Finalement, heureusement que l'équipe a obtenu une qualification pour la Ligue des champions !
Evidemment ! Mais vous le savez aussi bien que moi. Ne pas être en Ligue des champions, c'est une catastrophe financière. C'est entre 18 et 25M€ de perte. On ne parle même plus d'acheter mais de vendre. Et dans un marché aussi calme que celui-là, cela aurait été très compliqué. Notre ambition est d'y rester année après année. Je ne vous apprends rien : il faut impérativement être qualifié en Ligue des champions.
Margarita Louis-Dreyfus peut-elle faire un geste ?
L'actionnaire est prête à faire un effort. Mais un effort raisonnable et compatible avec ce que nous sommes capables de rembourser. Ce n'est pas un pret perdu. Si Margarita sur ses fonds propres, ou Vincent Labrune, sur ceux d'Eric Soccer, nous pretent, il faudra rembourser. C'est bien gentil ça mais il faut être prudent. Margarita et Vincent ont dit OK. Mais il y a aussi la vente de joueurs qui peut nous permettre de financer le recrutement.
Vous privilégiez donc la vente de certains éléments comme Ben Arfa ?
Si on pouvait épaissir nos fonds propres, ce serait bien. Je préfererais financer cette opération tout seul, sans faire appel à mon actionnaire. On a besoin de temps pour ça. Le marché est plutot mou...
Est-ce frustrant de ne pas pouvoir renforcer l'équipe alors que l'OM vient d'être sacré champion pour la première fois depuis 17 ans ?
On a tous envie de faire rêver le public. Si on a l'occasion de prendre un joueur, on le fera. Mais la meilleure manière de faire rêver les marseillais, c'est de gagner. J'ai été très satisfait de ce que j'ai vu lors du Trophée des champions. On a une équipe talentueuse. Il y a une culture de la gagne et un excellent climat. Les joueurs s'entendent comme larrons en foire. Ilms ont vraiment envie d'arracher des résultats.
Mais ce n'est pas avec cette équipe que vous franchirez un palier en Ligue des champions...
Non, c'est exact. Mais il n'y avait pas Brandao, M'Bia, Niang, etc, contre le PSG. Il y a de quoi faire. On a eu un tirage au sort difficile l'an dernier. Il n'est pas dit que ce sera encore le cas cette fois. Mais attendez, on n'a pas renoncé à bouger. On n'a pas dit notre dernier mot. Les bons mercatos se font dans la discretion. Ca ne sert à rien de faire le malin aujourd'hui. On n'est pas mal ! Je parlerai quand on sera en situation de le faire.
Où en est le dossier Diarra ?
Nous auront les moyens de le faire si nous voulons le faire. Mais il y a une volonté de le garder à Bordeaux. C'est compliqué mais, en réalité, ça dépend de ce que souhaite faire le joueur. On peut faire l'opération. Mais dans ce genre de transfert, la règle commune veut qu'on règle sur deux ans. Triaud a le droit de réclamer du cash. Il le fait car il veut garder son joueur. Je n'ai aucune critique à emettre à ce sujet. Dès lors, c'est plus compliqué. Ca mérite réflexion. Nous avons encore un mois. Nous n'avons pas la volonté de faire trainer les choses pour enquiquiner les bordelais. Avec le joueur, ça devrait pouvoir se mettre en place. Avec les girondins c'est plus compliqué.
Malgré tout, les objectifs de l'OM restent les mêmes : une place dans les deux premiers du championnat et franchir le tour de poules en Ligue des champions ?
Evidemment. On va avoir une très bonne équipe, vous verrez !
Pour cela, il faut recruter...
L'an dernier, on nous avait reproché de bouleverser un groupe qui avait fini deuxième. Aujourd'hui, on a une base, un socle. Alors, on va écouter les conseils ! On va faire pour le mieux. Je ne suis pas inquiet. Nous ferons ce que nous pouvons faire en préservant les finances du club tout en ayant l'obsession de progresser. On a envie de faire plaisir aux marseillais mais j'ai des comptes à rendre. Je préfere rester à l'équilibre. En plus, on doit baisser la masse salariale. Nous sommes dans les clous.
Une question plus personnelle : il y a un an, vous preniez le train en marche...
Oui! J'ai même failli tomber du train !
Aujourd'hui, c'est plus simple ?
Je me sens plus à l'aise. Ca se passe pas mal. Quand on commence à avoir des certitudes, on fait des erreurs. Alors, je reste prudent et modeste. Ce n'est pas facile de diriger l'OM. Mais le climat est bon. Le club est bien géré. Didier tient ses troupes. On a une belle équipe. Il n'y a aucune raison de se faire du mouron. Ne vous faites pas de souci, on va disputer la timbale jusqu'au bout !
Quel a été votre position sur le retard de M'Bia ?
Je l'ai reçu. Nous avons eu une discussion amicale. Il m'a expliqué pourquoi il avait repris en retard. Il sera sanctionné d'une amende. Il s'est excusé, la page est tournée. C'est un type sympa ! On ne va pas faire la saison là-dessus. On n'est pas à la caserne. Il a déconné. Je lui ai demandé de rendre sur le terrain son retard de trois jours.
Vous avez un discours ferme sur le port des casques. Pourquoi ?
Je ne suis pas le premier. Le président de Brest l'avait demandé. Laurent Blanc à fait la même chose en équipe de France. J'ai juste fait un bilan aux joueurs de l'état du foot français. Je leurs ai demandé une prise de conscience. Le football français a besoin de redresser son image. C'est une decision mineure et anecdotique. Ils arrivent avec ces gros casques comme s'ils étaient dans un autre monde, sans savoir ce que reclament les enfants et les supporters. Quand tu descend de ton bus et que tu n'entends même pas les gamins... Il faut faire un signe ou signer un papier. Il ne faut pas me faire croire qu'une heure avant un match , ça va perturber la préparation. Ce sont des histoires, ça ! Quand ils sont en contact avec le public, ils laissent désormais leurs appareils de côté. Mais ça ne suffira pas à redresser la situation délabrée.
Vous êtes pessimiste ?
Ce qu'a dit Laurent Blanc va dans le bon sens. Il faut retrouver un contact et une tenue avec le public. Et on doit sentir l'amour du maillot. Il fauit que les footballeurs se rendent compte qu'il n'y a pas qu'eux dans la vie. Ce sont des privilégiés, tant mieux. Ils offrent du rêve mais ils ont des devoirs. Ils doivent se préoccuper un peu des autres. Il y a une vraie volonté commune entre les présidents de club. On doit faire en sorte que ça marche mieux. On doit sortir de l'ornière car on a cassé beaucoup de vaisselle. Ca participe peut-être à la dégradation de l'état économique du football. J'espère qu'on ne va pas perdre des sponsors. Le spectacle offert n'est pas favorable au développement des affaires et à la séduction des sponsors. Arretons les sottises car la cabane va tomber sur le chien.