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RLD-Diouf : les raisons d'une séparation
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Publié le jeudi 18 juin 2009 à 07H05
L'actionnaire majoritaire et le président de l'OM se sont rencontrés hier en Suisse. À l'issue de leur entretien,
Avec le départ de Pape Diouf, les hautes sphères de l'OM ont enclenché une révolution. Elles auraient déjà en tête le nom de son remplaçant.
Photo Florian Launette
Pape Diouf n'est plus le président de l'OM. La réunion tenue hier à Zurich entre Robert Louis-Dreyfus, Xavier Boucobza et Pape Diouf, dans les bureaux de l'actionnaire majoritaire du club, a confirmé la tendance de ces derniers jours, où tout a été entrepris pour pousser Diouf vers la sortie. Les différences de points de vue, les divergences concernant les hommes, mais aussi les stratégies politiques et sportives étaient trop grandes pour poursuivre une collaboration entreprise voilà cinq ans.
Il est faux de croire que Pape Diouf paie son absence du conseil de surveillance du 10 juin. Cela est un leurre derrière lequel trop de protagonistes se cachent pour en expliquer les vraies raisons. Elles sont de plusieurs ordres. Elles sont liées par exemple au développement économique du club, à de nouvelles stratégies de communication avec, entre autres, la légalisation prochaine des paris en ligne, avec des sociétés dans lesquelles des proches de RLD sont actionnaires.
Ce n'est pas tout. Sur un plan plus humain, Pape Diouf tombe pour avoir soutenu bec et ongles son plus proche collaborateur, Julien Fournier, secrétaire général du club et homme à tout faire dans la rédaction des contrats, mais aussi sur le plan juridique. En arrivant à la présidence du club, Diouf ne le connaissait pas. Il s'est progressivement attaché à lui en raison de sa disponibilité, de son savoir-faire en matière administrative, mais aussi pour son implication jour et nuit dans la vie du club.
Ce véritable bras droit, muet comme une tombe, n'était pas apprécié en haut lieu, du moins au sein de la frange parisienne du conseil de surveillance. Sa nomination au poste de directeur général avait été écartée au profit d'Antoine Veyrat, frère de Jacques, principal conseiller de Robert Louis-Dreyfus, pressenti pour être son successeur au sein de ses sociétés (dont il détient 20% des actions) et surtout de l'OM. Paris voulait un oeil permanent à La Commanderie.
Hier, il semblerait que RLD et Xavier Boucobza, son conseiller juridique, aient proposé à Pape Diouf de se débarrasser de Julien Fournier, à tout le moins de lui ôter les signatures du club dont il était titulaire et, qu'à ces conditions, il serait maintenu à la présidence. Diouf y a vu comme une défiance, une mise sous tutelle et a refusé de se plier à ces directives, ressemblant à du chantage. Les proches conseillers de RLD, Xavier Boucobza, Jacques Veyrat et Vincent Labrune ne supportaient plus de ne pas être informés des décisions, même mineures, prises à Marseille.
De manière radicale, ils ont pesé lourdement dans la décision d'hier. Ils privilégient une gestion plus centralisée avec une cellule nerveuse basée à Paris et quelques faire-valoir à Marseille. D'autres reproches ont été formulés à Pape Diouf : sa proximité avec les supporters, sa "marseillitude" en somme, ses difficultés à supporter la hiérarchie, son interventionnisme fréquent. D'une certaine manière, Paris reproche à Diouf de se mettre en avant. Nous pensons simplement que Diouf a toujours parlé en son nom. Il a systématiquement refusé de se cacher derrière un quelconque qualificatif pour s'exprimer, comme cela est monnaie courante dans l'entourage de RLD, pour ne pas dire au sein même du conseil de surveillance, qui sait si bien utiliser les médias parisiens.
Bref, Diouf assumait, tout le monde peut-il en dire autant ? Les trois qualifications consécutives en Ligue des champions, l'oxygène indispensable à la survie du club, n'ont pas pesé bien lourd, tout comme les situations orageuses que le président a gérées de front pendant que d'autres se cachaient. Rentré hier en avion privé de Zurich, Pape Diouf s'est rendu directement à La Commanderie. Il s'est enfermé dans son bureau avec Julien Fournier, José Anigo et Nathalie Paoli, jusqu'à 23h15. Sur le site du club, RLD s'est fendu d'un communiqué, trop consensuel pour sonner vrai.
Les hautes sphères de l'OM ont enclenché une révolution. À elles d'en assumer les conséquences. Elles auraient, dit-on, déjà une solution de rechange et l'intérim d'Antoine Veyrat serait très furtif. On ne connaît pas non plus la façon dont certains joueurs réagiront. À Didier Deschamps, nouveau patron du secteur sportif, comme l'a souligné RLD dans son communiqué, de trouver les mots pour mobiliser tout un chacun. À moins que RLD et sa garde rapprochée préparent de grosses surprises. C'est peut-être la raison pour laquelle RLD a dit à Pape Diouf au moment de se quitter : "Pour l'avenir de l'OM, il faut que vous quittiez le club".