Information
La Provence papier
Anigo : "Nous restons zen"
Pas d'affolement, pas question d'amputer l'OM de certains joueurs, et toujours deux recrues souhaitées.
José Anigo a multiplié les rendez-vous au retour de Tunisie, notamment pour Hatem Ben Arfa, demandé en Allemagne, en Italie et en Angleterre. Mais rien ne s'est encore décanté, pas plus rayon départs que rayon arrivées où Bordeaux s'efforce d'empecher le transfert d'Alou Diarra.
Vous avez eu l'air particulièrement heureux du succès au Trophée des champions...
Je suis heureux pour le club. Trois titres en si peu de temps après dix-sept ans sans rien, c'est exceptionnel. Démarrer la saison par un trophé, c'est le plus important.
Il n'y avait pas de pression, même si c'était le PSG, avec une récompense au bout. En revanche, j'ai lu beaucoup de tristesse dans le regard des parisiens, ce qui confirme qu'il y avait un enjeu.
Mais ça n'a rien de comparable avec une finale de coupe. Nous sommes toujours en phase de préparation pour emmener l'équipe vers le championnat. Il y avait beaucoup de sérénité, de décontraction. L'équipe a gardé son envie de gagner, sa rage, sur le registre de l'an dernier, très saine et très sereine.
Commencer avec un nouveau titre, ça ne va pas vous mettre une pression supplémentaire ?
Non, parce que chez nous, elle est permanente. Il n'y a pas un entraineur, pas un dirigeant, pas un joueur qui échappe à la pression. Ni avant, ni maintenant, ni après. L'OM est médiatiquement puissant, scruté sous tous les angles ; ceux qui arrivent doivent apprendre à vivre avec ça, ceux qui sont là depuis quelque temps, savent gérer ce genre d'émotions.
La saison continue de se préparer en coulisses et ça prend beaucoup de temps cette année...
Comme à chaque intersaison. Au début de mon expérience de directeur sportif, j'appréhendais ça parce qu'il y avait des pressions, pour acheter et vendre. Aujourd'hui, je me dis qu'avec des joueurs de qualité, s'ils doivent arriver ou partir, quand ça doit se faire, ça se fait. Il est inutile de bousculer les choses. En coulisses, on travaille en restant zen...
Vous n'avez recruté qu'un joueur. Avoir gagné sans Niang, Brandao, M'Bia et Heinze, ça doit contribuer à la sérénité...
Dans le passé, on nous a souvent reproché les grands chamboulements ; il fallait du temps pour que l'équipe trouve des automatismes. L'an dernier, c'est ce qui s'est produit, avec un nouvel entraineur et une arrivée massive de nouveaux joueurs. Nous avons été champions, gagné la coupe de la Ligue : aujourd'hui, cette équipe peut rester la même à 95%. Je ne vois pas pourquoi, on devrait tout changer. Nous avons remplacé Laurent Bonnart après trois excellentes saisons à l'OM, par un jeune joueur, Cesar Azpilicueta, qui est bon et va encore s'améliorer. Une recrue doit être un plus. Si nous prenons encore un ou deux joueurs, il faut que ce soit une valeur ajoutée.
Si on a reproché à l'OM ses chamboulements, il faut bien avouer qu'il y a de la gourmandise pour la nouveauté...
L'OM fait fantasmer. Mais parfois, on a des prénoms avant d'avoir des noms. Nous avons un petit Dédé qui deviendra un grand Ayew, un petit Charly qui deviendra un grand Kaboré...
Nous avons misé sur des jeunes ; Leyti N'diaye montre le bout de son nez. Mais c'est vrai que nous aurons besoin d'un ou deux renforts, des vrai...
Adebayor, ce serait un vrai renfort ? Mais est-ce faisable ?
Il a le profil type pour jouer chez nous, mais ce qu'on entend à droite et à gauche, n'ai pas forcement vrai ; ce n'est pas la peine de faire rever les gens pour rien. Nous préférons travailler dans l'ombre et nous dévoiler quand c'est fait. Rien n'est irrealisable, dans la mesure où le recrutement n'est pas massif, mais nous sommes dans une logique économique où le marché ne bouge pas. Il y a une ou deux sorties à réaliser pour garder un budget équilibré. La crise touche tout le monde ; même les clubs qui achetaient sans compter, font désormais attention.
Quand on vient d'être champions c'est paradoxal...
Un titre, ça induit des primes, des paiemants de bonus pour des transferts passés...
Le titre a rendu Lucho encore plus cher...
Pas que lui... Etre premier, ça a un cout et il faut l'assumer. Mais on ne regrette surtout pas d'avoir acheté Lucho...
Vous avez été sollicité pour pas mal de joueurs...
Oui, mais chez nous, il y a beaucoup de joueurs qui n'ont pas de bon de sortie. Je suis d'accord avec Didier (Deschamps) : quand on a une bonne équipe, il est impensable de s'amputer de bons joueurs si on veut gagner encore des titres. Après, il y a un arbitrage économique, qui se joue au dessus de nous, par le président, l'actionnaire...
Les pays du Golfe ont l'argent, eux...
Oui, mais pas un championnat attractif. Les joueurs qui ne sont pas en fin de carrière restent en Europe ; comme pour Ben Arfa, pour qui nous avons reçu une offre, mais il préfere les ambitions sportives au pont d'or. Il fait partie des joueurs qui songent d'abord à leur métier, avant de songer à l'argent.
C'est la bonne année pour franchir un cap en Ligue des champions ?
Oui. Nous avons encore besoin d'un ou deux joueurs pour cela, mais j'espère que nous aurons un tirage moins sévere. Et nous bénéficierons de l'expérience acquise ces dernières années.
La progression qu'a connue Lyon, c'est l'exemple ?
Tout à fait, même si le contexte n'est pas le même. Chacun a son histoire, la pression n'est pas la même. Mais quand ils ont eu l'équipe, ils n'ont fait que des retouches de qualité autour d'une base très forte. Ils se sont construit au fil des ans. Pour nous, l'arrivée de Lucho, joueur de haut niveau international, a été déterminante et je ne comprends toujours pas comment Maradonna a pu s'en passer. C'est le type de joueur que l'OM n'avait pas eu depuis très longtemps.