J'ai trouvé intéressant L' article paru dans L' Equipe ce matin
On lui parle de gâchis, d’échec. Lui, au contraire, y puise le sens de sa progression. Décalage. Il assure : « Cette période m’a fait du bien : jeme suis remis en question, j’ai vu ce qui se passait dans le foot comme à l’extérieur. Je n’étais peut-être pas totalement dans mon métier. En fait, je suis arrivé à l’OM avec un autre statut qu’à Lyon et avec plus de responsabilités. » Pas toujours évidentes à assumer à vingt-deux ans. « Parler d’échec peut être une impression si on juge par rapport à mon arrivée médiatisée, mais c’est une erreur. Moi, je vois ma construction personnelle, mes progrès. Et la saison n’est pas finie. » Il semble sincère. « Bien sûr qu’on veut toujours jouer. Mais j’écoute. Lorik Cana me dit d’avoir plus d’implication à l’entraînement et en match. Il faut de la régularité et je n’ai pas été très bon sur ce plan. L’entraîneur préfère mettre un gars régulier, ça rassure. » Mais lui ne doute pas. « Je savais que je connaîtrais des momentsdifficiles. Ces
derniers mois ontmême été des étapes clés dans ma progression. Cette année comptera dans ma carrière. » Puis une
promesse, comme une évidence : « L’an prochain, je vais tout péter ! »
Comment parler avec Ben Arfa sans s’arrêter sur l’image qu’il renvoie ? Tout le monde garde en mémoire l’épisode du match contre le PSG (1), ce refus de s’échauffer au Stade-Vélodrome, puis cette altercation avec Ziani durant un entraînement (2). Un incident qui prend une autre dimension quand il implique Ben Arfa. « J’ai une étiquette collée sur le dos. Attention, à
un moment, j’ai fait des choses… Je suis un réactif, mais on doit vivre avec le présent. J’ai grandi. Parfois, ça m’énerve quand les gens pensent deschoses comme ça sur moi, mais que puis-je y faire ? Combien y a-t-il d’accrochages de ce type en clubs ? Quand j’ai vu la presse ce jour-là àl’entraînement, je me suis dit : c’est parti. L’après-midi, j’ai reçu des coups
de téléphone : “Alors, qu’est-ce qui t’arrive ?” Mon entourage s’est inquiété, moi, beaucoup moins… » Et, comme preuve de son état d’esprit, il évoque le retour au Parc des Princes (3). Il s’est s’échauffé mais n’est jamais entré. Ben Arfa rigole : « Je n’aurais pas refusé ! Pourtant, au Parc, j’avais acheté plein d’invitations pour la famille. Je ne referai plus ce que j’ai fait
au Stade-Vélodrome. Mon cas individuel passe au second plan. » La déception s’était enfouie sous la victoire. « C’est vrai, il y a toujours des gens pour dire : “Il fallait que tu rentres !” Bon, j’aurais eu plus de mal à réagir commeça il y a quelques mois. J’aurais peut-être explosé. Là, j’ai essayé d’analyser, de trouver la solution. » Il livre un espoir, presque un rêve.« Une
victoire de Paris en quarts de finale de l’UEFA. Ce serait beau, non, un nouvel OM-Paris ? »
Il a perdu sa « carte Bleu ». La blessure de Briand et l’incertitude Gignac ont entraîné le rappel de Luyindula et de Rémy. Pas de Ben Arfa. Alors, coup dur ? « Il n’y a rien à dire. Je ne suis pas déçu. Je ne m’attendais pas à être appelé. Ça ne ’empêche pas d’avoir vibré devant cette équipe comme si je portais le maillot. On rêve tous de 2010. Les sélections en bleu viendront en fonction de mes performances. » Il n’est pas le seul à connaître des difficultés. On évoque Benzema, il répond : « Jeune ou pas jeune, on ne peut pas avoir une carrière linéaire. Avec l’expérience, on trouve quand même une certaine régularité. C’est ce que je recherche, la régularité et la constance. Pour espérer aller le plus haut possible, je dois être dans la performance. Si je finis bien la saison, je serai vraiment satisfait de mon année. »
Éric Gerets a évoqué Hatem Ben Arfa sur France Bleu Provence lundi soir. L’international n’a pas écouté l’émission, mais s’enquiert des mots de son entraîneur. On lui rappelle deux ou trois phrases, dont celle-ci : « Il doit comprendre que le talent ne suffit pas pour faire une grande carrière. » « C’est totalement vrai, glisse Ben Arfa. On me l’avait dit en jeunes, mais
on ne comprend qu’avec le temps, avec l’expérience. Cette phrase de Gerets résume finalement tout. Avec lui, il n’y a pas de surprise : il prend des décisions incontestables. Mon objectif, cette année, c’était le titre de champion, pas des attentes personnelles. Et on reste toujours en course. » Peut-il quitter l’OM ? Il s’étonne qu’on puisse se poser la question. « Pas du tout. Vous allez voir la fin de saison et l’année prochaine ! J’ai signé quatre ans et je ne regrette vraiment pas. Je
partirai d’ici en réussite.j’ai été impressionné par le niveau du club, je sentais qu’il y avait un socle entre Diouf, Gerets, Anigo. »Anigo, ce presque confident. « Il croit beaucoup en moi. Il m’encourage tout le temps car il sait que ça va venir. Cette confiance, je veux la rendre. » Comme à Twente (4) grâce àun but magnifique sur coup franc. Comme en deuxième
mi-temps contre Nantes (2-0). Son entrée fut intéressante après tant d’autres neutres, voire carrément faiblardes.
Et que lui a soufflé Gerets après ce succès ? « Bien joué, gamin. » Sourire. On sent un énorme contentement derrière ces mots du Belge…