Information
A moins de 48 heures du match, le duel entre l’Egypte et l’Algérie a déjà commencé à faire des victimes, au sens propre comme au figuré. En arrivant à Caire, la délégation des Fennecs a été prise d’assaut par des « pseudo-supporters » des Pharaons, et des joueurs ont même été blessés. Un incident condamnable, qui ravive malheureusement l’énorme rivalité entre ces deux nations. Une rivalité qui commence à dater.
Le match de 1989, l’exemple parfait
Ce n’est, en effet, pas la première fois qu’un match de foot, opposant les équipes de ces deux pays, dégénère en une véritable guerre, et que la passion se transforme en une haine obsessionnelle. Le précédent le plus marquant remonte à 1989 et le contexte y était quasiment similaire. L’Egypte accueillait l’Algérie à l’occasion du dernier tour qualificatif pour le Mondiale Italien. Les Pharaons l’avaient emporté 1 à 0, mais le match fut assombri par de violentes bagarres entre les différents acteurs. Un médecin de la sélection égyptienne y a même perdu un œil dans l’affaire. Lakhdar Belloumi, la légende du football algérien, est jusqu’à aujourd’hui suspecté comme étant son principal agresseur.
Ce fut un drame de tout premier ordre, mais ce ne fut malheureusement qu’un épisode parmi tant d’autres des indénombrables dérapages qui se sont produits entre les Pharaons et les Fennecs. En 1983, pour un simple match préliminaire des Jeux Olympiques, la provocation fut déjà le maître mot à l’occasion d’une confrontation entre les deux sélections, sans oublier les oppositions à l’échelle des clubs. En effet, les matches entre le MC Alger et El Ahly ou MC Oran et El Ahly, dans le cadre de la Coupe d’Afrique, ont régulièrement été marqués par des coups bas et autres obscénités. L’année dernière, il y a aussi ce match entre la JSM Béjaia et El Masry, pour le compte de la Coupe Nord-Africaine, qui a totalement dégénéré. Ibrahim Hassan, l’entraîneur des visiteurs, avait alors agressé le quatrième arbitre.
Les fédérations ne montrent pas l’exemple
Le fair-Play et l’esprit sportif sont donc rarement invités à l’occasion des matches entre ces deux pays, qui se veulent frères. C’est regrettable d’autant plus que le mauvais exemple qu’ils ont donné s’est répercuté sur l’attitude de leurs supporters. On en a eu la preuve ce jeudi avec ce bus qui a été attaqué, mais ce n’est pas une première. En 2001, à Annaba (Ouest d’Algérie), pour un match préliminaire du Mondial 2002, celui des Egyptiens avait aussi été la cible de bombardements de tout genre et le plus surprenant c’est que l’Algérie n’avait rien à gagner de ce match là puisqu’elle était déjà hors course. « Nous leur avons demandé de nous laisser passer. Ils nous ont dit « tout sauf l’Egypte » » a confirmé Ahmed Hossam Mido (ex international égyptien) il y a quelques jours.
Les Egypte – Algérie ou Algérie – Egypte qui se sont déroulés sans la moindre tension se comptent sur les doigts d’une main, comme par exemple le match de la CAN 2004. Une exception qui n’est certainement pas prête de se reproduire du moment que les responsables des deux fédérations ne font rien, de leur côté, pour arranger les choses. Avant la rencontre de ce samedi, Samir Zaher, le président de la FEF, avait d’ailleurs appelé ses compatriotes à la guerre en lançant ce message : « Le jour du match, nous avons besoin de 80000 guerriers dans le stade. On ne veut pas de femmes ». En ces circonstances, il serait donc presque difficile de s’étonner que cette rencontre, qui n’est en fin de compte qu’un simple match de foot, incite deux nations à se détester. Un fait qui porte aussi atteinte à la grandeur de ce sport. Malheureusement.
Naïm Beneddra