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Boulleau : «Tout ça pour avoir donné un avis sur un joueur ?»
Laure Boulleau, qui vient de sortir « 24h de Boulleau » tourné au Maroc, raconte aussi son nouveau combat contre le harcèlement en ligne.
L'ancienne joueuse du PSG a subi de nombreuses attaques après s'être interrogée sur l'arrivée d'Alexis Sanchez à l'OM.« Jusqu'ici, 24h de Boulleau racontait une journée dans un club de Ligue 1. Cette fois, on découvre le foot de tout un pays. Pourquoi ce changement ?
La dernière Coupe du monde m'a donné des idées internationales pour cette saison. Mais le Maroc, je l'avais déjà en tête depuis un moment, j'adore ce pays. Globalement, je ne veux pas donner de tournure au programme, mais juste m'intéresser à un sujet qui m'interpelle. Je pourrais le faire prochainement avec Fabio Quartararo ou dans un club de rugby. Il ne faut pas rester dans une case où on peut vite être coincé...
Montrer les coulisses du foot féminin, c'est un sujet trop évident pour vous ?Non, j'ai le projet de suivre l'équipe de France féminine.
J'ai fait la demande il y a très longtemps. Je l'avais déjà formulée à l'époque de Corinne Diacre, j'espère avoir un peu plus de réussite cette fois (elle sourit). Je demande beaucoup d'accès, je peux comprendre que ce n'est pas évident. L'ancienne sélectionneuse n'était pas trop ouverte à ce genre de concept... Hervé Renard, lui, maîtrise énormément la com, il est plus réactif. Mais avec sa venue, il y a aussi beaucoup de demandes. Je l'ai rencontré et j'ai donné beaucoup d'éléments pour avoir le maximum de chances d'aboutir. Plus j'ai d'accès, plus je suis heureuse. Si j'ai la possibilité de faire un toro à l'entraînement...
Vous engager ainsi facilite le contact avec vos interlocuteurs ?
C'est aussi pour marquer un peu ma différence. J'ai été joueuse, c'est une façon de le rappeler. Sur le terrain, je me sens légitime, cela me donne plus de force quand j'arrive dans un club, notamment masculin. Après avoir tapé dans le ballon, on me parle plus librement, il n'y a plus de barrières, plus d'histoire homme-femme.Il y a aussi beaucoup de légèreté, de blagues...La déconne fait partie de mon ADN, déjà quand j'étais dans le vestiaire. J'aime bien apporter cette petite touche, j'ai l'impression qu'on vit mieux ensemble quand on rigole. Je ne surjoue pas la bonne humeur mais elle me met en confiance. Je me sens plus à l'aise, encore plus dans un milieu que je ne connais pas encore.Quand Azzedine Ounahi se dit prêt à vous faire un bisou pour vous dédicacer un éventuel but face au Brésil, la réponse peut paraître lourde. Vous ne l'avez pas coupée...Aujourd'hui, tout peut être mal interprété. Mais il faut aussi comprendre qu'il y a des vannes simples, sans sous-entendus, sans problème. Celle-ci ne portera préjudice ni à lui ni à moi dans ma vie personnelle. Il n'aurait certainement pas dit cela à une journaliste. Je ne suis pas là pour couper des choses, je garde un maximum les moments rigolos. On parle de foot tous les jours dans un tas d'émissions, on débriefe douze fois les matches, et c'est bien d'avoir parfois des moments plus légers.
Vos doutes émis à l'arrivée d'Alexis Sanchez à l'OM en début de saison dans le CFC ( « Je ne suis pas ultra-convaincue par cette idée. J'ai l'impression qu'il est l'ombre de lui-même depuis quatre ans ») ont suscité toute l'année de multiples insultes sexistes et menaces sur les réseaux sociaux. Comment les avez-vous vécues ?
Pas bien. C'est la première fois que je suis attaquée de manière gratuite sur une analyse. Je n'ai pas l'impression d'avoir été injurieuse. J'aime bien ce joueur, un battant, qui ressemble à la joueuse que j'étais. On a très mal interprété mes propos. J'avais simplement émis des doutes, avec le style qu'il a, sur ses capacités à enchaîner les matches à très haut niveau, dont la Ligue des champions. J'ai sous-entendu que cela pouvait être une mauvaise idée si, physiquement, il était cramé. Ce qui m'a agacée, c'est qu'à ce moment-là, beaucoup avaient les mêmes interrogations. Mais comme je parlais d'un joueur marseillais, on m'a ramené à mon statut d'ancienne joueuse du PSG. J'ai reçu des messages d'une violence ! C'était horrible et cela m'a vraiment fait du mal...
Ils étaient de quel genre ?
On m'a menacée de mort. J'ai mis un modérateur sur mes réseaux sociaux pour supprimer les insultes en direct et j'ai appelé mon avocat pour pouvoir porter plainte. Je me suis sentie obligée d'aller au bout des démarches pour faire comprendre qu'on n'a pas le droit de faire cela. Légalement, c'est interdit ! Il faut mettre les gens face à leurs responsabilités quand ils m'envoient "pute", "grosse chienne, retourne chez toi" ou "Alexis Sanchez te crache dessus". Avant, je ne faisais jamais trop attention aux insultes mais là, elles avaient pris de telles proportions... En plus, de l'autre côté, le pan ultra-féministe voulait prendre ma défense avec un #soutienLaureBoulleau. Tout le monde a voulu s'en mêler. Tout ça pour avoir donné un avis sur un joueur de football ?
L'Equipe