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Canal+ réclame 46 millions d'euros à la Ligue
La chaîne estime avoir subi un grave préjudice en raison des nombreux reports de matches en L1. (Étienne Garnier/L'Équipe)
Les gilets jaunes n'occupent presque plus les ronds-points, mais leur mouvement a mis le feu entre la Ligue et son diffuseur « historique ». Selon nos informations, Canal+ vient en effet d'assigner la LFP devant le tribunal de commerce de Paris pour obtenir réparation à la suite de la série de matches reportés la saison dernière et reprogrammés à des dates et des horaires nettement moins favorables. La chaîne cryptée réclame 46 millions d'euros à l'organisateur du Championnat qui a, selon elle, ignoré ses intérêts et fait preuve de légèreté dans ce dossier.
« Depuis le 7 décembre 2018, la LFP a déprogrammé de nombreux matches qui devaient être diffusés par Canal+ et a unilatéralement organisé leur report, détaille le texte de l'assignation. Dans ce contexte, la LFP a, sans aucun égard pour les intérêts de Canal+, laquelle avait contracté à un prix très élevé (549 millions d'euros par an) précisément pour diffuser ses matches aux cases horaires récurrentes de grande écoute de son choix, choisi d'accommoder purement et simplement les souhaits de programmation des préfectures concernées, organisant l'annulation de la tenue des matches sur leurs cases initiales et le report de douze matches du Championnat de Ligue 1 et d'une demi-finale de la Coupe de la Ligue. Avec la plus grande désinvolture au regard des sommes en jeu pour Canal+, la LFP a déprogrammé des matches sans, sauf dans un seul cas, que cela lui soit imposé par une décision préfectorale, mais aussi sans tenter de mettre en oeuvre des solutions alternatives à la déprogrammation, ou d'impliquer Canal+ dans la recherche de telles solutions [...] Le report des matches a été organisé par la LFP à des dates particulièrement défavorables à Canal +. Ainsi, sur treize reports, huit ont été réalisés du week-end à la semaine, et, dans six cas, Canal+ a aussi perdu son prime time. De plus, certains nouveaux horaires de diffusion se sont trouvés en concurrence avec d'autres matches. »
Canal+ déplore un manque de coordination
À l'arrivée, les dirigeants de la chaîne cryptée assurent avoir observé une baisse d'audience moyenne de 37 % sur les rencontres de L1 concernées et de 51 % sur la demi-finale de la Coupe de la Ligue entre Bordeaux et Strasbourg, avancée à 18h45 au lieu de 21 heures, le 30 janvier. Ils fustigent au passage l'attitude de la Ligue, qui les aurait ignorés tout au long de ce conflit social, en dépit de leurs demandes. Ils expliquent notamment que le 26 février 2019, « Canal+ a mis en demeure la LFP de se conformer à ses obligations. Elle dénonçait une fois de plus les reports mis en place par la LFP en violation des règles prévues par l'appel à candidatures Ligue 1 et la communication au surplus par la LFP ''des informations au compte-gouttes, sans coordination aucune'' ».
À l'arrivée, selon les responsables de la chaîne cryptée (qui a perdu les droits de la L1, à partir de 2020, au profit de Médiapro et beIN Sports), « la LFP a causé un préjudice grave à Canal+ qui doit être réparé ». Ils présentent la facture, qui s'élève donc à 46 millions d'euros, après avoir été chiffrée par un cabinet spécialisé (Sorgem). « Celui-ci a observé que tant les volumes totaux des résiliations que les taux de résiliation des contrats des abonnés de Canal+ arrivant à échéance ont augmenté durant la période des reports par rapport à la même période l'année précédente, dans un contexte où, à l'inverse, les volumes comme les taux de résiliation des abonnés Canal+ étaient en diminution préalablement aux reports », précise le document de 23 pages remis à la LFP par un huissier de justice. La Ligue, à qui « un procès est intenté devant le tribunal de commerce de Paris [...] est convoquée à comparaître à l'audience du 5 septembre à 11 heures devant la 18e chambre ».